L’habitation Desbassayns

La famille Desbassayns

Le séjour de Joseph de Villèle aux Mascareignes (1791-1807)
Auteur
Myriam DORIATH

Historienne


Le séjour de Joseph de Villèle aux Mascareignes (1791-1807)

Homme politique majeur de la Restauration (1815-1830) , Joseph de Villèle (Toulouse, 1773-Toulouse, 1854) est le premier chef de gouvernement français dont l’expérience s’est forgée dans l’espace colonial tout au long de ses seize années passées aux Mascareignes. Avant d’avoir été un acteur politique à l’échelle nationale et impériale, il fut en effet un acteur colonial à l’île Bourbon/La Réunion et à l’Île de France/île Maurice.

 

Il a ainsi passé les années 1790 et une partie des années 1800 hors du territoire métropolitain mais en terre française, ce qui le distingue des émigrés qui quittèrent la France pour l’étranger afin de fuir les troubles révolutionnaires. Car s’il arrive dans l’océan Indien en 1791, c’est bien en raison de la Révolution. Ce Languedocien d’origine noble abandonne la carrière d’officier de marine et s’installe comme habitant à La Réunion.

Joseph de Villèle. Jean-Sébastien Rouillard. Avant 1852. Huile sur toile
Coll. privée

Dès lors, il fonde ses intérêts sur la préservation du mode de production servile, notamment comme député à l’Assemblée coloniale (1799-1803), un engagement antiabolitionniste auquel il demeure fidèle jusqu’en 1848 . Théâtre de son entrée en politique, les Mascareignes le voient aussi s’insérer dans l’élite créole  suite à son mariage (1799) avec Barbe Ombline Mélanie Panon Desbassayns, une des quatre filles d’Henri Paulin et d’Ombline. Cette alliance matrimoniale est consolidée quatre ans plus tard par l’union de son frère cadet, Jean-Baptiste (1780-1848) – venu à La Réunion pour fuir la conscription – avec sa belle-soeur Gertrude Panon Desbassayns.

Jean-Baptiste Louis Appolonie Séraphin Clair Joseph de Villèle (1780-1848). Détail de Arbre généalogique de la famille Desbassayns. Jéhan de Villèle. 1989. Aquarelle, Crayon noir.
Coll. Musée de Villèle
Gertrude Thérèse Panon Desbassayns (1787-1878). Détail de Arbre généalogique de la famille Desbassayns. Jéhan de Villèle. Aquarelle, Crayon noir. 1989.
Coll. Musée de Villèle

Le retour de Joseph de Villèle dans son Languedoc natal (1807) ne brisa pas les liens avec La Réunion, puisqu’il resta toujours en contact avec Jean-Baptiste qui y fit souche et s’occupa des intérêts matériels qu’il lui avait confiés. Et tandis que Charles et Joseph, ses beaux-frères, amorçaient la révolution sucrière qui rendait nécessaire pour eux la défense auprès du gouvernement des intérêts coloniaux, J. de Villèle commença à se faire connaître dans la France post-impériale par son hostilité au régime parlementaire et à la Charte constitutionnelle  . Maire de Toulouse (1815-1818), puis député de la Haute−Garonne (1815-1830), il devint chef de file du camp ultraroyaliste, c’est-à-dire opposé à l’héritage révolutionnaire. Son ascension fulgurante le porta à la tête du gouvernement : nommé ministre des Finances (décembre 1821), puis président du Conseil (septembre 1822) par Louis XVIII, il fut confirmé dans ses fonctions par Charles X. C’est alors que s’exprima au plus haut l’influence de Philippe Panon Desbassayns de Richemont, un autre de ses beaux-frères, député de la Meuse (1824-1827) et membre du Conseil d’Amirauté, une instance consultative rattachée au Ministère de la Marine et des Colonies. Faisant face à l’opposition conjointe des libéraux et d’une partie de son propre camp, Villèle échoua aux élections de novembre 1827, ce qui provoqua sa démission le 4 janvier 1828. Élevé à la pairie par Charles X, il n’exerça plus de responsabilité publique après la Révolution de Juillet, mais garda une certaine influence chez les légitimistes. Il mourut le 13 mars 1854 à Toulouse après avoir écrit des Mémoires  publiés au début de la Troisième République.

Pourquoi et comment Joseph de Villèle est-il venu aux Mascareignes ?

Le rôle du milieu d’origine

Fils aîné de Louis de Villèle (1749-1822) et de Anne-Louise de Blanc de la Guizardie (1752-1829), Joseph se rattache à une famille d’ancienne noblesse languedocienne qui partage son temps entre la ville (Toulouse) et son domaine de Mourvilles−Basses (Haute-Garonne) dans le Lauragais. Comme une grande partie de la noblesse française de la fin de l’Ancien régime, les Villèle cherchent à consolider leur identité nobiliaire.

Château de Mourvilles, Mourvilles Basses (Haute-Garonne), propriété familiale des Villèle.
Coll. privée

En effet, si leur filiation remonte au XIIIe siècle, leur anoblissement est plus récent, puisqu’il date de l’achat d’une charge de Conseiller du Roi par Jean de Villèle en 1633. Cet acte leur permit de se relever de l’état de dérogeance dans lequel ils étaient tombés, après qu’un bisaïeul se fut installé comme commerçant à Toulouse . Ce « réenracinement » dans la noblesse fut poursuivi par les descendants de la branche aînée -les Caraman- et de la branche cadette -les Campauliac- à laquelle se rattache Joseph de Villèle.
Pour ce faire, en 1777, son père racheta la terre de Mourvilles-Basses, afin, d’une part, de reconstituer le domaine seigneurial originel qui avait été divisé aux générations précédentes, et, d’autre part, de récupérer les droits seigneuriaux y afférant. Par ce processus de concentration, il se trouvait à la tête d’un des plus gros patrimoines fonciers (près de 400 ha) du Midi toulousain. Afin d’augmenter ses revenus et sa réputation d’agriculteur éclairé, il s’illustra au plan local comme acteur de la modernisation agricole par son utilisation des prairies artificielles .
Pour donner encore plus de lustre à sa famille, Louis de Villèle voulut aussi faire entrer son fils au service du roi, en cherchant à lui obtenir une place à Sorèze , la prestigieuse École royale militaire toute proche du domicile familial. Mais sa tentative échoua en raison de son manque de service et de fortune. Joseph de Villèle voyait donc se fermer pour lui les portes d’un cursus d’excellence, au moment même où il s’ouvrait à la bourgeoisie fortunée de province ou des colonies, à l’exemple de trois de ses futurs beaux-frères . Il étudia donc au Collège royal de Toulouse, avant de se présenter en mars 1788 au concours d’entrée de l’École de la marine d’Alès  sur les conseils du marquis de Saint-Félix de Maurémont (1737-1819), capitaine de vaisseau, ami et parent de la famille. Villèle reconnaît son manque de vocation pour la carrière de marin, mais sa réussite au concours lui permet d’intégrer la marine moderne que Louis XVI cherchait à bâtir. En fils obéissant, il satisfait surtout aux désirs d’un père soucieux d’accroître la renommée familiale.

Cour du Collège Royal. Dessin. Avant 1877. In Toulouse monumentale et pittoresque, par MM. J.-M. Cayla et Cléobule Paul. Impr. de Lagarrigue, [s. d.]
L’impact de la Révolution sur un jeune officier de marine : les Mascareignes, une alternative à l’émigration
Après une courte période d’apprentissage entre juin 1788 et juillet 1789, J. de Villèle embarque le 18 juillet 1789 pour Saint−Domingue comme élève de la marine de 2ème classe. Il y arrive au temps des premiers troubles et en repart quinze mois plus tard, profondément marqué par le désordre généralisé . De retour à Brest fin 1790, il cherche très vite un port de refuge et pense le trouver en suivant Saint-Félix, nommé commandant de la station de l’Inde. Celui-ci connaît bien les lieux pour avoir effectué deux précédentes campagnes, et s’être marié à l’Île de France avec une riche héritière . Tandis que près de 60 % des officiers de vaisseaux partaient en émigration  et que trois de ses cousins faisaient de même , Joseph de Villèle opta pour une alternative coloniale :

C’est grâce encore à cette détermination que j’ai pu moi-même éviter la cruelle alternative de m’expatrier, comme presque tous les membres du corps dans lequel je servais, ou de me soumettre à des principes et des folies que mon cœur et ma raison ont toujours également éprouvées. 

Embarqué sur La Cybèle commandée par l’amiral Saint-Félix, Villèle quitte Brest le 26 avril 1791 et parvient à l’Ile de France au bout de quatre mois de traversée. Cette mission qui devait durer trois ans se prolongea en un séjour beaucoup plus long que prévu.

Comment expliquer la durée du séjour aux Mascareignes ?

1791-1793 : les Mascareignes, un espace-refuge
De 1791 à 1793, Joseph de Villèle effectue plusieurs missions sur la frégate La Cybèle envoyée sur les côtes indiennes. Un ensemble de facteurs provoquent son départ de la marine le 15 décembre 1793 : ses convictions personnelles (proclamation de la République), l’insubordination des équipages (contestation des officiers d’origine noble), la fidélité envers le vice-amiral de Saint-Félix destitué par l’Assemblée coloniale de l’Île de France sous la pression des sociétés populaires, et son peu d’inclination pour la carrière d’officier de vaisseau.

1794-1796 : l’incertitude du lendemain
Peu après son débarquement, Villèle vient rejoindre le vice-amiral réfugié à La Réunion. Cette fidélité et son engagement dans la très royaliste Société des Amis de l’Ordre lui valent d’être brièvement inquiété par les autorités jacobines de la colonie. Pendant que Saint-Félix est emprisonné à l’Île de France, Villèle demeure dans l’incertitude du lendemain à La Réunion auprès de Dupérier et Martin, deux négociants originaires du Midi toulousain. Il espère rentrer dès la paix venue, mais celle-ci ne vient pas et aucune nouvelle de ses parents ne vient le rassurer sur son avenir. Après la libération de Saint−Félix, le jeune homme repart à l’Île de France (1795-1796), où il devient régisseur de l’habitation du vice-amiral, lequel projette de lui faire épouser sa fille . Mais le jeune homme a d’autres projets qui le ramènent à La Réunion.

Portrait d’Armand de Saint-Félix (1737-1819), vice-amiral. Peinture.

1796-1799 : un premier projet d’ancrage à La Réunion
Villèle décide de se fixer dans la colonie. Après avoir fait ses preuves dans l’apprentissage du « métier » d’habitant, il accède à ce statut en devenant propriétaire de la moitié d’une habitation située à Bras-Panon, dont il gère l’autre moitié pour le compte de son « compatriote », le négociant Martin qui lui a consenti un prêt à des conditions très avantageuses . En réalité, ce qui l’amène ici, c’est d’abord un projet de mariage avec une demoiselle Selhausen , projet qui était déjà fort avancé, comme le prouve la requête suivante :

J’ai obtenu de vous en fructidor dernier un congé pour venir à l’isle de la Réunion. J’ai trouvé les moyens d’y acquérir à longs termes une habitation. Je m’y suis marié et je demande à être autorisé à y rester. J’espère Citoyens […] que vous ne voudrez pas mettre par une application rigoureuse et peut-être fausse, de vos règlemens, un jeune homme honnette dans la nécessité de les transgresser ou de se ruiner .

Finalement, cette union, perçue par ses proches comme une mésalliance, n’eut jamais lieu, au grand soulagement de Saint−Félix convaincu que son protégé était une des nombreuses « victimes » de J.J. Rousseau :

Je vous ai souvent dit que Rousseau avait gâté et fini par faire le malheur de nombre de ses disciples. Je crains bien que le parti que vous avez vraisemblablement pris d’après ses principes, ne fasse un jour le tourment de votre vie. 

Cette rupture sentimentale fut douloureuse pour Villèle  qui attendit plus de deux ans avant de concevoir un nouveau projet de mariage, réussi celui-ci.

1799-1802 : les années décisives, ou l’intégration au « clan Desbassayns »
L’intégration à cette famille de l’élite créole blanche s’opère en plusieurs étapes :
– l’alliance familiale par le mariage avec Mélanie Panon Desbassayns, le 13 avril 1799, consolidée par l’union de Jean-Baptiste de Villèle avec Gertrude le 24 octobre 1803 ;
– l’alliance politique par l’entrée le 21 septembre 1799 à l’Assemblée coloniale où siègent déjà ses beaux-frères Julien Panon Desbassayns et Jean-Baptiste Pajot ;
– l’alliance économique et financière : Mélanie apporte en avancement d’hoirie une habitation à la Saline, et permet à son mari d’aider ses parents pour la dot de ses sœurs, grâce au prêt des sommes qu’elle reçut en héritage suite au décès d’Henri Paulin (11 octobre 1800). En contrepartie, Villèle se rendit à l’Île de France, pour assurer la promotion d’une maison de commerce fondée en métropole par ses beaux-frères Henri et Philippe  juste avant la paix d’Amiens (25 mars 1802).
En définitive, ces années aboutissent à l’émergence d’un réseau familial transocéanique qui associe deux familles, l’une créole, l’autre métropolitaine, placées toutes deux dans une dynamique d’ascension sociale.

1803-1807 : une si longue attente
Alors que les institutions issues de la période révolutionnaire ont été supprimées par le général Decaen, J. de Villèle n’exerce plus aucune fonction publique et se consacre uniquement à son activité d’habitant tout entière tournée vers son projet de retour.
Dès son mariage, il avait promit à ses parents qu’il reviendrait auprès d’eux dès la paix venue pour prendre la tête du domaine familial. À l’annonce de la Paix d’Amiens, il vendit son habitation de la Saline à sa belle-mère, mais le retour rapide de la guerre l’empêcha de concrétiser ce projet. À partir d’octobre 1803, il attendit donc des conditions plus favorables sur son habitation de l’Olivier (Saint-Paul), occupant son temps en travaux d’aménagement qui faisaient sa fierté : « […] l’habitation est magnifique. Mme D[esbassayns] que je mène promener en est émerveillée. » 

La maison d’habitation du domaine de L’Olivier, ancienne propriété de Joseph de Villèle. Photographie. 1930.
Coll. privée André Blay

Cette période marquée par le blocus anglais, fut endeuillée au plan personnel par le décès de sa fille, Pauline Henriette . L’interminable attente prit fin le 14 mars 1807, lorsque, ayant compris que la paix ne viendrait pas de sitôt, il décida de rentrer malgré tout et s’embarqua avec sa femme et ses deux enfants  à destination de la France via les États-Unis. Ce voyage de retour  s’acheva cinq mois plus tard. Le 31 août 1807, J. de Villèle retrouvait sa famille à Toulouse, dix-neuf ans après l’avoir quittée.

Comment naît l’alliance familiale avec les Desbassayns ?

Tu te rappelles sans doute que je disais toujours que je n’épouserais qu’un homme d’une figure charmante, eh bien mon cher, j’en suis revenue à ton avis, et je m’aperçois bien que la figure ne fait pas le bonheur, la preuve en est que mon mari n’est pas d’une jolie figure, et que j’en suis heureuse. 

En épousant huit ans après son arrivée dans les Mascareignes, Mélanie, une des quatre filles d’Henri Paulin et d’Ombline Panon Desbassayns, Joseph de Villèle noue une alliance familiale durable. Il réalise alors le rêve de tout Européen  venu
« aux îles » : se marier avec une riche héritière créole. Le rêve de Mélanie n’était visiblement pas de s’unir à cet homme petit, au visage marqué par la variole, et à la voix nasillarde, mais elle trouve finalement en Joseph de Villèle un « bon parti » qui remplit tous les critères permettant de conforter une position sociale élevée.

Barbe Ombline Mélanie Panon-Desbassayns (1781-1855). Détail de Arbre généalogique de la famille Desbassayns. Jéhan de Villèle. Aquarelle, Crayon noir. 1989.
Coll. Musée de Villèle

Ce poids et cette influence des Panon Desbassayns dans la société réunionnaise n’est pas chose nouvelle. Ils reposent en premier lieu sur l’ancienneté d’un groupe familial dont les différentes branches sont issues du couple de pionniers formé à la fin du XVIIe siècle par Augustin Panon et Françoise Châtelain . Mélanie appartient à la troisième génération créole, née à La Réunion. Dès la première génération, le choix des conjoints s’est établi sur certains critères : la noblesse, le service militaire et l’origine européenne. En 1729, Marie Panon, une des filles du couple fondateur, se marie avec un noble , un choix qu’imitent près d’un tiers des filles de la génération de Mélanie . Celle-ci se conforme à un autre élément de la stratégie familiale en épousant un ancien officier de la marine : dans la famille, un peu plus de la moitié des mariages se font alors avec un officier de terre (76 %) ou de mer (24 %). Enfin J. de Villèle est « européen », une origine privilégiée dans près de la moitié des cas . Ce choix s’inscrit alors dans le cadre d’un ordre social esclavagiste fondé sur le principe d’inégalité raciale. Comme la couleur blanche confère des privilèges, s’unir à un homme dont on est certain qu’il n’est pas métissé permet de favoriser ou de maintenir sa prééminence sociale.
L’excellence de l’éducation est un autre élément distinguant les descendants d’Augustin Panon. Son fils Augustin étudia au collège des Jésuites à Pondichéry , tandis qu’Henri Paulin Panon Desbassayns, le petit-fils, plaça, comme on l’a vu, ses trois fils aînés à l’école royale de Sorèze, surveilla lui-même à Paris l’éducation de Mélanie et de Marie Euphrasie (1778-1863), fit partir Joseph (1780-1850) et Charles (1782-1863) pour les États-Unis, et fit venir une institutrice à La Réunion pour guider les études de ses deux dernières filles . Malgré les efforts déployés par leur père, il faut bien convenir que la formation initiale des frères de Villèle – surtout celle de Jean-Baptiste – apparaît un peu en deçà de celle acquise par leurs beaux-frères. Mais leurs autres atouts pallient cette faiblesse relative, compensée en outre par la proximité géographique, puisqu’ils sont originaires d’une région que connaissent très bien les anciens de Sorèze.
En tout cas, ce capital culturel élevé facilite l’exercice des fonctions publiques. De fait, depuis Augustin Panon, membre du Conseil provincial, jusqu’à son arrière-petit-fils Julien Augustin Panon Desbassayns, nommé député de l’Assemblée coloniale de La Réunion (1795-1803), des fonctions administratives et/ou politiques sont assumées de façon précoce et continue, permettant aux Desbassayns de se constituer en élite du pouvoir. C’est pourquoi la réputation de J. de Villèle inspire confiance au reste de cette famille de sensibilité royaliste. L’écho de l’« affaire Saint-Félix » s’est transmis en France et lui a attiré la sympathie de Montbrun et de Richemont . Et en intervenant à l’Assemblée coloniale au cours d’un débat
houleux , le jeune homme a présenté des aptitudes prometteuses au débat et à l’action politiques. Enfin, c’est de ce moment que s’est nouée une amitié profonde et durable avec Julien Panon Desbassayns, amitié qui favorisa sa rencontre avec Mélanie  et permit de l’introduire auprès de ses futurs beaux-parents :

Après son triomphe (…) à la barre de l’Assemblée Coloniale, à cette même barre où 3 ou 4 ans auparavant il avait comparu comme prisonnier politique et menacé de mort, il jouissait d’une grande réputation. (…) Il fut introduit et présenté dans toutes les principales familles de Saint-Denis. Votre oncle Desbassayns se fit un plaisir de lui faire faire la connaissance de sa famille. Monsieur et Madame Desbassayns l’accueillirent avec leur bienveillance ordinaire, augmentée encore par le bonheur d’être agréable à leur fils aîné. À sa première visite à Saint-Gilles, mon frère fut frappé d’y trouver une aussi belle aisance jointe à une si honorable simplicité. Il m’a souvent dit que cette maison lui avait rappelé seule la maison paternelle. Rien de ce qu’il avait vu depuis qu’il l’avait quittée, ne lui avait fait éprouver une semblable émotion. Vous devez bien penser qu’il ne se faisait pas prier longtemps pour y revenir quelquefois. Enfin, encouragé par quelques amis et sans être arrêté par la réserve de votre oncle Desbassayns, comptant même sur l’étroite amitié qui les liait déjà, il fit des démarches pour obtenir la main de votre tante âgée alors seulement de 17 ans et il ne tarda pas à se faire agréer .

Julien Augustin Paulin Gertrude Panon Desbassayns. Détail de Arbre généalogique de la famille Desbassayns. Jéhan de Villèle. Aquarelle, Crayon noir. 1989.
Coll. Musée de Villèle

Enfin, si Joseph de Villèle est un bon parti, c’est surtout parce qu’il a l’expérience du commandement et de la gestion d’une habitation. Car c’est bien en tant que maître de la terre et des hommes que cette famille bénéficie d’une position sociale et économique privilégiée, puisqu’ils sont propriétaires du plus grand patrimoine foncier (420 ha) et du plus grand nombre d’esclaves (417 en 1797) de la colonie.
Au final, l’origine de Villèle, son éducation, sa réputation politique, et son ardeur à tirer profit de son habitation en font un bon parti, ce que son frère résume ainsi :

[…] ce qu’ils considéraient, c’était surtout l’éducation, la bonne conduite, l’entente des travaux de culture. Mon frère avait fait ses preuves à tous ces égards. Ils lui confièrent sans crainte le bonheur et la fortune de leur fille, pensant bien que ni l’un ni l’autre ne serait compromis. 

Quelle est l’expérience de Joseph de Villèle comme maître d’habitation ?

Des habitations situées au Vent puis sous le Vent
Joseph de Villèle fut le maître de quatre habitations-caféières  (voir tableau ci-dessous). Il s’installe d’abord dans le quartier du Vent, achetant une petite habitation à la Ravine des Figues pour être plus près de Saint-Denis et des travaux de l’Assemblée coloniale. Après le décès de son beau-père, il est contraint à un échange avec son beau-frère Jean-Baptiste Pajot. Dès lors, il vit avec sa femme à proximité de sa belle-mère, dans l’ouest de la colonie.

Les habitations de Joseph de Villèle

Date Localisation Mode d’acquisition Superficie Esclaves Prix
06/11/1796 Bras-Panon Achat ? 32 750 balles de café
12/04/1799 La Saline Avancement d’hoirie 30 ha 21 /
Après le 12/04/1799 Ravine des Figues

(Ste-Marie)

Achat ? ? 800 balles de café
31/10/1800 La Saline Echange 30 ha / /
04/12/1800 L’Olivier

(St-Gilles-les-Hauts)

Achat 30 ha / 275 balles de café

Joseph de Villèle et ses esclaves
On ne connaît pas le nombre exact d’esclaves que possédait Joseph de Villèle, mais on peut l’estimer à une soixantaine. Un an avant son retour en France, il en possède encore 35 , les autres ayant été vendus à sa belle-mère en même temps que son habitation de la Saline. Parmi eux, il est possible d’identifier trois unités familiales, placées au sommet de la hiérarchie servile, avec les cadres de l’habitation – les commandeurs Ricar et Parfait – et la domesticité réunie autour du maître d’hôtel Manuel .
Pour ses esclaves, Joseph de Villèle fut un maître ultra-présent et exigeant, car il considérait que pour s’enrichir, il fallait surveiller et diriger son habitation à temps plein :

Jusqu’à présent, j’ai été presque toujours très occupé, et c’est peut-être une chose qui vous paraîtra digne d’être expliquée. Car je ne doute pas qu’en France on ne nous prenne tous pour des paresseux et des nonchalants qui passent les trois quarts de leur vie dans une paisible et contemplative oisiveté. C’est du moins l’opinion que j’ai vue autrefois la plus accréditée sur le compte des colons. On se trompe infiniment, si l’on comprend sous cette dénomination ce que nous appelons ici habitants et que chez vous on peut appeler propriétaires cultivateurs. Tout habitant a un morceau de terre et des Noirs qu’il fait servir à assurer sa subsistance et celle de sa famille, à se donner de l’aisance ou enfin à faire une fortune. 

Son beau-père fut donc pour lui le modèle même du maître d’habitation :

Le respectable Monsieur Desbassayns est l’homme de ce pays qui a été le plus dominé par cet ardent désir de laisser sa nombreuse famille dans l’aisance, et celui qui a poussé le plus loin cette faculté multiplicative qu’ont les biens de ce pays lorsqu’ils sont gérés avec activité, intelligence et économie  .

Mais tandis qu’il cherchait à combattre les préjugés en vigueur sur les colons, lui-même délivrait à destination de sa famille en métropole un discours empreint de stéréotypes sur le monde servile :

Ces bras esclaves étant privés de tout intérêt à la réussite des travaux et des entreprises, ne s’y portent qu’avec une indifférence et une ineptie que ceux qui les laissent livrés à eux-mêmes, n’en retirent pratiquement presque aucun travail .

A son départ de La Réunion, ses derniers esclaves furent confiés à son frère Jean-Baptiste qui racheta l’habitation de
l’Olivier  . Tous sauf Nin Cadi, la nénène, femme de Manuel, qui fut emmenée en Languedoc, sur l’insistance de Mélanie et qui mourut, épuisée, deux ans après son arrivée .

Dans quelle mesure ce séjour est-il fondateur sur le plan politique ?

Bien qu’il s’en défende dans ses Mémoires , l’expérience et la culture politique que Joseph de Villèle s’est forgées à La Réunion lui ont sans doute donné « le goût des affaires publiques et le désir de s’en mêler à nouveau » . Son père y voit même les prémisses d’un destin national : « C’est dans cette colonie où il a commencé de déployer son bon esprit, et son vrai zèle de bien public. Il nous a annoncé bien jeune ce qu’il deviendrait un jour […] » .
Chez Villèle, l’entrée dans la vie publique s’explique par un faisceau de facteurs : fidélité personnelle, convictions politiques (royalisme identifié au patriotisme, anti-républicanisme intense associé à un anti-abolitionnisme forcené), crainte des périls extérieurs (application du décret du 16 pluviôse, invasion de l’Angleterre) et intérieures (opposition jacobine, peur d’un soulèvement servile…), volonté de sécuriser sa situation personnelle (protéger son patrimoine, assurer son retour en France, fournir l’aide financière demandée par ses parents). En résumé, il craint tout ce qui peut menacer l’ordre colonial esclavagiste établi et entre en politique pour conserver un tel ordre (cf tableau ci-dessous) dans le cadre d’une contre-révolution coloniale.

Principales étapes de l’action politique de Joseph de Villèle dans les Mascareignes

Dates Actions
28/02/1793 Signe une pétition de la Société des Amis de l’Ordre, organisation paramilitaire royaliste,  opposée, entre autres, au changement de nom de l’île Bourbon
21/05/1794-

03/07/1794

Emprisonné à St-Denis en raison de son aide au vice-amiral de Saint-Félix recherché par les autorités jacobines de La Réunion
18-21 juin 1796 Participe à Port-Louis à l’éviction de Baco et Burnel venus faire appliquer le décret d’abolition du 16 pluviôse an II (4 février 1794)
Octobre 1798 1ère intervention publique : demande l’annulation de l’élection de deux députés de l’Assemblée coloniale de La Réunion soupçonnés de fomenter un complot d’esclaves
21 septembre 1799 Entre à l’Assemblée coloniale comme député de Saint-Louis 
Janvier-mars 1800 S’oppose au projet d’indépendance formulé par une partie du camp royaliste 
20 juillet 1800 Membre du Comité administratif, véritable gouvernement de la colonie
28 février 1801 Membre de la Commission intermédiaire (12 membres titulaires) : les « maîtres de l’île » 
Avril-mai 1801 Crise de St-André : participe aux mesures d’exception (censure, arrestations, déportations) prises contre  des royalistes favorables à l’indépendance et opposés à l’Assemblée coloniale
Octobre 1802 Connaissance du décret du 30 floréal an X (20 mai 1802) sur le rétablissement de l’esclavage et de la traite
09/10/1803 Cessation de toute fonction publique après la dissolution par le général Decaen des institutions issues de la période révolutionnaire

À l’issue de la grave crise ouverte par le débat sur l’indépendance, La Réunion est restée française et officiellement républicaine. Elle est loyaliste, mais dirigée par un Comité administratif crypto-royaliste et antiabolitionniste. Après une nouvelle crise politique, une Commission intermédiaire prend le contrôle réel de la colonie jusqu’à l’installation du régime de Decaen en 1803. Durant ces deux années, J. de Villèle fit partie d’une véritable oligarchie familiale puisque presque tous les membres étaient apparentés ou amis proches, une oligarchie réactionnaire qui triompha finalement avec la loi du 30 floréal an X (20 mai 1802) rétablissant l’esclavage.

Conclusion

Homme politique un peu oublié, éreinté par Chateaubriand dans ses Mémoires d’outre-tombe, critiqué par les historiens , Joseph de Villèle reste aujourd’hui encore associé à une politique de réaction (Milliard des Emigrés, loi sur le sacrilège, droit d’aînesse, censure de la presse…) que les satiristes de l’époque n’hésitèrent pas à rapprocher de son passé esclavagiste :

C’est ce rotin noueux que le vieux Desbassins
Remit en expirant dans mes robustes mains,
Alors que, pour charmer mon ennui solitaire,
J’essayais sur mes Noirs mon futur ministère. 

 


 

Cet article est issu de notre mémoire de Master (M. Doriath, Ultra-centrales colonies : les Mascareignes dans le parcours de Joseph de Villèle (1791-1807), sous la direction de C. Prudhomme, Université Lumière-Lyon 2, 2011) et de nos travaux de thèse en cours : Joseph de Villèle et l’île Bourbon (1794-1830), dir. de recherche F.-J. Ruggiu, Centre Roland Mounier, UMR 8596, Paris IV-Sorbonne. Un des objectifs est de revisiter le parcours de Villèle sous l’angle colonial et impérial, car la seule biographie qui lui a été consacrée ne s’attarde guère sur ces aspects.

Bibliographie

Etudes consacrées aux familles de Villèle et Panon Desbassayns

ANTONETTI, G., « Villèle », in Les ministres des Finances de la Révolution française au Second Empire. Dictionnaire biographique. 1814-1848, t. 2, Paris, Chef, 2007, p. 175-253.

DÉMIER, F., « Joseph de Villèle (1773-1854). Un provincial face à la France postrévolutionnaire », Cahiers de la Nouvelle Société des Études sur la Restauration, n° XIII, 2015.

DORIATH, M., Ultra-centrales colonies : les Mascareignes dans le parcours de Joseph de Villèle (1791-1807), mémoire de Master II, sous la direction de C. Prudhomme, Université Lumière-Lyon 2, 2011.

FOURCASSIÉ, J., Villèle, Paris, Fayard, 1954.

MARION P., « Note biographique de Armand Philippe Germain de Saint-Félix (Vice-Amiral) : 1737-1819 », Sociétés savantes et Belles Lettres du Tarn, n° 31, 1972.

MIRANVILLE, A., Madame Desbassayns : Le mythe, la légende et l’histoire, St-Gilles-les-Hauts, Musée historique de Villèle, 2012.

PERRET Henri, «Une communauté de l’Océan Indien à Paris au XVIIIe siècle, le monde d’Henry Paulin Panon Desbassayns : tentative d’expression d’un réseau», dans Pierre-Yves Beaurepaire et Dominique Taurisson (éd.), in Ego-documents à l’heure de l’électronique. Nouvelles approches des espaces et réseaux relationnels, Montpellier, Université Montpellier III, 2003.

RICHEMONT Guy de, De Bourbon à l’Europe. Les Maisons Panon, Panon La Mare, Panon du Portail, Panon Desbassayns [etc.] et toutes leurs descendances, Paris, 2001.

WANQUET, C., Henri Paulin Panon Desbassayns, Autopsie d’un «gros Blanc» réunionnais de la fin du XVIIIe siècle, St-Gilles-les-Hauts, Musée historique de Villèle, 2011.

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Notes
[1] L'ouvrage de référence sur cette période demeure celui de G. de Bertier de Sauvigny, La Restauration, Paris, Champs histoire, Flammarion, 1990 (1ère éd. 1955). Elle fait l'objet de renouvellements historiographiques présentés par J.-O. Boudon, « Politique et religion sous la Restauration, regards historiographiques », in M. Brejon de Lavergnée et O. Tort (dir.), L'union du Trône et de l'Autel ? Politique et religion sous la Restauration, Paris, PUPS, 2012, p. 7-21.
[2] Pour le contexte, voir F. Régent, « Préjugé de couleur, esclavage et citoyennetés dans les colonies françaises (1789-1848) », La Révolution française, 9 | 2015. A l'inverse des débats et du processus abolitionnistes – voir la récente synthèse de M. Dorigny, Les abolitions de l'esclavage, PUF, coll. « Que sais-je ? », Paris, 2018- l'opposition à l'abolition de l'esclavage est encore peu abordée en France. Pour en saisir certains aspects, on peut néanmoins se référer à l'ouvrage de C. Wanquet, La France et la première abolition de l’esclavage : 1794-1802. Le cas des colonies orientales : Île de France (Maurice) et La Réunion, Paris, Karthala, 1998.
[3] « Vous aurez lu ce qui est arrivé dans nos Antilles. A la nouvelle de la décision de nos gouvernants provisoires en faveur de l'abolition de l'esclavage, les noirs se sont émancipés d'eux-mêmes. Ainsi sera-t-il à Bourbon, et l'abolition de l'esclavage ou du travail sont une seule et même chose. » Lettre de J. de Villèle à sa fille Louise et à son gendre Léon Alfred Rioult de Neuville, Toulouse, 2 mai 1848. Arch. dép. du Calvados, F/7967.
[4] L'étude des élites coloniales et impériales est l'objet d'un regain d'attention. Pour le cas français, voir la mise au point de C. Laux, F.-J. Ruggiu et P. Singaravelou (dir.), Au sommet de l’Empire. Les élites européennes dans les colonies( XVIe-XXe siècle), Bruxelles, P. Lang, 2009. Pour La Réunion, voir J.-F. Géraud, Les maîtres du sucre : Île Bourbon – 1810-1848..., St-Denis, CRESOI, Université de La Réunion, 2013.
[5] J. de Villèle, Observations sur le projet de Constitution...Toulouse, 20 mai 1814.
[6] J. de Villèle, Mémoires et correspondance, Paris, Perrin, 1888-1890, 5 vol.
[7] Informations de la famille de Villèle (Mourvilles-Basses).
[8] R. Forster, The Nobility of Toulouse in the Eighteenth Century : a Social and Economic Study, Baltimore, The Johns Hopkins Press, 1960, p. 31-62.
[9] J. Fourcassié, op. cit., p. 16-17.
[10] Il s'agit des trois aînés : Julien, dit Desbassayns (1771-1856), Henri, dit Montbrun (1772-1851) et Philippe, dit Richemont (1774-1840) auxquels leur père rendit visite en 1785. A ce sujet, voir C. Wanquet, C., Henri Paulin Panon Desbassayns, Autopsie d’un «gros Blanc» réunionnais de la fin du XVIIIe siècle, St-Gilles-les-Hauts, Musée historique de Villèle, 2011, 89-94.
[11] Mémoires, t. 1, p. 9.
[12] Pour une première approche de cette question, voir J. de Cauna, Haïti : l’éternelle révolution. Histoire de sa décolonisation (1789-1804), P.R.N.G. éditions, Monein, 2010, p. 115-152 et J. Adelaïde-Merlande, La Caraïbe et la Guyane au temps de la Révolution et de l’Empire (1789-1804), Paris, Karthala, 1992.
[13] Marié le 13 mai 1776 avec Anne du Guermeur de Penhoet, qui dispose d'importantes propriétés en Bretagne et dont la mère possède plusieurs habitations à l'ïle de France.
[14] Sur les officiers de marine sous la Révolution, voir M. Vergé-Franceschi, « Marine et Révolution. Les officiers de 1789 et leur devenir », Histoire, économie et société, 1990, n°2, p. 259-286.
[15] François-Gaëtan et Guillaume-Anne de Villèle servent dans l’armée de Condé, Guillaume-Aubin se fait ordonner prêtre à Düsseldorf.
[16] Mémoires, t. 1, p. 41.
[17] Marie Augustine, mariée en définitive en 1800 avec Charles Antoine de Chazal.
[18] Ibid., p. 153-154.
[19] Il s’agit soit de Marie-Joséphine Pauline Selhausen (1778-1816) soit de sa sœur Marie-Charlette (1780-1811), filles d’Antoine Denis Selhausen (v. 1755-1821) et de Marie-Françoise Geslin (1762-1838). L’aînée est un enfant naturel, reconnu par Antoine Selhausen après son mariage.
[20] Pétition de Villèle adressée au Comité de sûreté publique de l’Ile de France, 8 brumaire an V (29 octobre 1796), Arch. dép. de la Haute-Garonne, 1 MI 240. Cette pétition ne fut visiblement jamais envoyée.
[21] Lettre de Saint-Félix à Joseph de Villèle, Île de France, 25 décembre 1796. Arch. privées de la famille de Villèle (Mourvilles-Basses).
[22] Villèle ne parle évidemment pas de ce premier projet de mariage, mais évoque sa « profonde mélancolie », Mémoires, t. 1, p. 155.
[23] Lettre d’Henry Panon Desbassayns à J. de Villèle, Paris, 27 ventôse an X (18 mars 1802). Arch. dép. de la Haute-Garonne, 1 MI 240.
[24] Lettre de J. de Villèle à sa femme, l'Olivier, 19 mars 1806. Arch. dép. de la Haute-Garonne, 1 MI242.
[25] Décédée de la rougeole le 26 mars 1806 à l'âge de six mois.
[26] Louis Henri, né le 30 août 1800 à Ste-Marie et Louis Augustine, née le 06 juillet 1804 à l'Olivier (St-Paul).
[27] J. Fourcassié et J. Godechot, « Le retour de Villèle de La Réunion à Bordeaux via New York (14 mars- 22 août 1807) », in Annales du Midi, t. 65, n°23, juillet 1953, p. 435-456.
[28] Lettre de Mélanie de Villèle à son frère Henry Montbrun, 6 octobre 1799, Arch. nat., 696 AP 13.
[29] Le terme de « métropolitain » n'est pas utilisé à cette époque.
[30] Augustin Panon, dit l'Europe (Toulon, 1664- St-Denis, 1749), arrivé à l'île Bourbon en 1689, marié le 17 juillet 1694 à Françoise Châtelain (?-St-Denis, 1730) arrivée dans la colonie en 1676 et déjà veuve par trois fois. Le couple eut cinq enfants, dont l'aîné Augustin Panon (1694-1772), père d'Henri Paulin Panon Desbassayns (1732-1800) son troisième fils.
[31] Jean Louis Gilles François Desblotières (1697- 1755), écuyer et officier de marine de la Compagnie des Indes.
[32] Sur un total de 41 mariages identifiés chez 37 descendantes de la 3e génération.
[33] 17 mariages sur 39 dont l'origine a pu être identifiée à la 3e génération. L'Aquitaine est la province la plus représentée (7 mariages).
[34] Lettre d'Augustin Panon à son fils, 14 juin 1710. Arch. nat., 696 AP 2.
[35] C. Wanquet, Henri Paulin Panon Desbassayns...op. cit., chap. IV, p. 89-127.
[36] «Sans avoir l’avantage de connaître mon nouveau beau frère, j’avais toujours entendu parler de lui de la manière la plus avantageuse, surtout par sa conduite durant la captivité de Mr de St-Félix. » Lettre de Philippe Panon Desbassayns à Louis de Villèle, Paris, 25 germinal an VIII (15 avril 1800). Arch. dép. de la Haute-Garonne, IMI 239.
[37] Fin octobre 1798, l'affaire est évoquée par Villèle, Mémoires, t. 1 p. 164-165. Voir aussi C. Wanquet, Histoire d’une Révolution, La Réunion (1789-1803), Marseille, Editions Jeanne Laffitte, 1984, t. II, p. 312.
[38] Mémoires, t. 1, p. 154-157.
[39] Notice sur la première partie de la vie de M. le Comte de Villèle, par M. J.-B. de Villèle, son frère, « copie conforme à l'original faite (…) le 30 juin 1848. Arch. privées de la famille de Villèle (Mourvilles-Basses).
[40] Ibid.
[41] Sur le café, voir P. Eve, Histoire d’une renommée. L’aventure du caféier à Bourbon/ La Réunion des années 1710 à nos jours, CRESOI, Océan Editions, Saint André, 2006.
[42] Recensement de Joseph de Villèle, an XIV (1806), Arch. dép. de La Réunion, L 223/1.
[43] Ibid, et liste des esclaves donnés à Mélanie en avancement d'hoirie contenue dans l'Inventaire après-décès d'Henri Paulin Panon Desbassayns, 8 brumaire an IX (30 octobre 1800). Arch. nat., 696 AP 7.
[44] Lettre de J. de Villèle à ses parents, La Saline (St-Paul), 13 avril 1802. Arch. privées de la famille de Villèle.
[45] Ibid.
[46] Ibid.
[47] Testament de J. de Villèle, 1832. Arch. privées de la famille de Villèle.
[48] Son décès, le 02 octobre 1809, provoque l'affliction générale : « Cette nouvelle a mis la douleur dans le fond de nos cœur et c’est un deuil général a St Gilles ou ici ; ma pauvre femme n’en peut revenir et moi-même j’en suis très affligé ; je vous envoye la lettre que m’écrit mon frère. Vous verrez combien il est affecté ; sa lecture m’a déchiré l’âme. C’est ainsi que les jouissances les plus douces sont entremêlées de peines cruelles et que le mal et le bien se présentent ensemble dans la vie ; je vous assure que ma tête est chavirée de cette nouvelle et que je vous prie de m’excuser si je ne sais trop que vous dire. » Lettre de Jean-Baptiste de Villèle à Charles Desbassayns, 21 janvier 1810, Arch. nat., 696 AP 16.
[49] Mémoires, t. 1, p 180.
[50] J. Fourcassié, Villèle, op. cit. p 37.
[51] Lettre de Louis de Villèle à son fils Jean-Baptiste, Toulouse, 23 avril 1816, Arch. nat., 696 AP 21.
[52] Arch. dép. de La Réunion, L 34. Et non de St-Benoît comme indiqué dans ses Mémoires, t. 1, p. 165.
[53] Sur cet épisode, voir C. Wanquet, Histoire d'une Révolution...op. cit.,t. 3., p. 401-464.
[54] Ibid. p. 448
[55] La plupart des analyses consacrées au gouvernement Villèle reconnaissent à ce dernier des talents d'administrateur, mais se concluent sur un bilan politique très critique. L'exemple le plus récent est donné par O. Tort (La droite française. Aux origines de ses divisions, 1814-1830, Paris, Editions du CTHS, 2013) qui fait porter à la « gouvernance » autoritaire de Villèle une large part de responsabilités dans l'échec du mouvement royaliste.
[56] MERY et BARTHELEMY, « La Villéliade, ou la prise du château de Rivoli. Poème héroï-comique en six chants », dans Oeuvres de Barthélémy et Méry, A.-J. Dénain et Perrotin, Paris, 1831, p. 247. La Villéliade fut publiée pour la première fois le 25 juillet 1825 et connut de nombreuses rééditions en raison de son immense succès.
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L’habitation DesbassaynsLa famille Desbassayns
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Auteur
Myriam DORIATH

Historienne