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La marine britannique et la lutte contre la traite dans l’océan Indien durant la seconde moitié du XIXe siècle

Un article rédigé par l’historien Raphaël Cheriau.

En septembre 1888, le Consul britannique de Mascate dans le Sultanat d’Oman recueillait le témoignage d’un jeune adolescent de 15 ans prénommé Khamis. Celui-ci s’était réfugié quelques jours auparavant à bord d’un navire de la Royal Navy afin d’échapper aux trafiquants d’esclaves qui l’avaient capturé à Zanzibar. Loin d’être isolée, l’histoire de Khamis est un exemple emblématique des nombreux cas d’esclaves fugitifs recueillis par la Royal Navy dans la seconde moitié du XIXe dans l’océan Indien. Elle nous montre qu’un jeune adolescent avait étonnamment conscience du rôle joué par la marine britannique dans la répression de la traite à cette époque.

Après les abolitions de l’esclavage dans les colonies britanniques (1833) puis françaises (1848), et alors que la traite déclinait dans l’Atlantique, les opérations de la Royal Navy contre le trafic d’esclaves dans l’océan Indien se renforcèrent. Dans les années 1860, sept à douze navires patrouillaient à cet effet non seulement le long des côtes de l’Afrique orientale mais aussi de celles d’Oman et des états du Golfe Persique. Les moyens alloués à la marine britannique étaient donc assez dérisoires face à l’immensité de la tâche à accomplir. Il n’est ainsi pas surprenant que l’impact de la répression de la Royal Navy fut significatif mais limité. De 1860 à 1890, les croiseurs ne capturèrent ainsi que 1 000 boutres, libérant environ 12 000 esclaves. L’action des croiseurs de Sa Majesté ne put en effet mettre un terme définitif à ce trafic que seul l’effondrement du marché des perles et des dattes entraîna dans les années 1920.

En revanche l’apport britannique fut décisif pour le statut de la traite et de l’esclavage dans le droit international. Les articles 99 et 110 de la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer (1982) s’inspirent ainsi de la lutte menée par la Royal Navy. Ils interdisent le transport d’esclaves tout en établissant un droit de capture universel des navires suspectés de traite.

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