Gran 20 Désanm 2025.
Transmettre et partager l’histoire

Le Gran 20 Désanm sera, une nouvelle fois, un temps fort du calendrier mémoriel réunionnais. Solennelle, culturelle et populaire, cette commémoration rappelle l’importance de la transmission de l’histoire et de son partage avec les pays et les peuples marqués par l’esclavage.

À cette occasion, le Portail Esclavage propose un focus sur l’histoire de l’esclavage à Madagascar, à travers la publication de deux textes-conférences rédigés par des chercheurs de l’Université d’Antananarivo. Ces contributions offrent un éclairage essentiel sur les liens historiques entre les territoires de l’océan Indien.

1. Le système esclavagiste en Imerina (Madagascar) au XIXᵉ siècle
par Lalasoa Jeannot RASOLOARISON, professeur au Département d’Histoire, Université d’Antananarivo

Ce texte propose une analyse approfondie de l’esclavage en Imerina au XIXᵉ siècle, alors pilier économique et social du royaume merina. Majoritaires au sein de la population, les esclaves étaient employés dans les travaux agricoles, domestiques et commerciaux. Leur statut – celui de « propriété » – impliquait un contrôle strict et une exploitation dont l’intensité variait selon les maîtres. Aboli en 1896, ce système garantissait jusqu’alors une main-d’œuvre indispensable au maintien du pouvoir merina.

2. L’esclavage à Madagascar : Ces esclaves royaux que nous avons oubliés
par la professeure Jacqueline RAVELOMANANA, Département d’Histoire, Université d’Antananarivo

Cet article examine la condition des esclaves à Madagascar à partir du Firaketana. L’andevo, « l’esclave », provenait de la traite, de conflits armés, de la naissance ou de sanctions pénales. Les esclaves royaux, organisés selon une hiérarchie précise (Manisotra, Tsiarondahy, Manendy), jouaient un rôle bien plus complexe qu’il n’y paraît : impliqués dans les travaux quotidiens mais aussi dans les intrigues politiques et parfois dans l’exercice même du pouvoir, ils éclairent une dimension souvent méconnue de l’histoire sociale malgache.

3. Les témoins matériels de la présence d’esclavage en Imerina (Hautes terres centrales de Madagascar) entre le XVIe à la fin du XVIIIe siècle
par Marie Robertine RAJOELINORO, responsable du Département d’Anthropologie et d’Ecologie-Université Catholique de Madagascar

L’article étudie les témoins matériels de l’esclavage (andevo) en Imerina (Hautes Terres de Madagascar) du XVIe à la fin du XVIIIe siècle. Il analyse les fossés défensifs (hadivory), clôtures en terre rouge (tamboho), rizieres aménagées et marchés aux esclaves comme preuves du labeur servile soutenant le pouvoir royal et les élites Hova.

Documentaire sur l’œuvre mémorielle La Porte du Retour sur l’île de Gorée (Sénégal)

En 2012, lors d’une résidence artistique sur l’île de Gorée, la plasticienne Migline Paroumanou a créé une installation commémorative intitulée La Porte du Retour.

Cette porte blanche tournée vers l’océan se voulait une réponse symbolique à la Porte du Voyage sans Retour. Elle matérialisait la possibilité d’un retour et la dignité retrouvée des femmes, des hommes et des enfants arrachés à leurs terres.

L’artiste souhaitait qu’elle devienne le symbole du retour des âmes trop longtemps exilées : une lueur d’espoir, un espace de réconciliation intérieure et de guérison pour les Afro-descendants. Un lieu où le passé revient à eux pour apaiser les mémoires et permettre la reconstruction de soi.

Conçue avec des moyens modestes et des matériaux éphémères, l’œuvre est restée en place bien plus longtemps que prévu. Marquée par le temps et les intempéries, elle nécessite aujourd’hui d’être reconstruite.

Au fil de ses rencontres sur l’île, la plasticienne a mesuré l’ampleur de l’attachement des habitants à La Porte du Retour. Sa portée symbolique et la place qu’elle a prise dans leur quotidien ont renforcé la volonté de l’artiste de la rebâtir, afin de lui offrir une présence durable et définitive dans le paysage goréen.

C’est à ce cheminement symbolique que vous invite le documentaire d’Alexandre Boutié, présenté à l’occasion de la 8ᵉ édition du Gran 20 Désanm.