Témoignage exceptionnel de l’histoire de l’esclavage, l’exposition « Visages d’ancêtres. Retour à l’île Maurice pour la collection Froberville », organisée par la Ville de Blois, est conçue par la conservation du Château royal de Blois et Klara Boyer-Rossol, historienne de l’Afrique et commissaire scientifique. Cet événement est réalisé en partenariat avec le Musée intercontinental de l’esclavage (Port-Louis, île Maurice) et la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage.
Depuis 1940, le Château royal de Blois conserve dans ses réserves un ensemble de 53 bustes moulés sur d’anciens captifs africains qui ont été pour la plupart mis en esclavage à l’Ile Maurice. Cette collection a été rassemblée dans cette île en 1846 par Eugène de Froberville dans le cadre de son « enquête ethnologique » sur l’Afrique orientale.
Issu d’une famille aristocratique française établie depuis la fin du XVIIIe siècle à l’île Maurice, Eugène de Froberville (1815-1904) était un intellectuel qui dédia sa vie aux sciences et aux arts. Évoluant dans les cercles les plus prestigieux de l’élite parisienne, il formula au début des années 1840 à la Société de Géographie le projet de mener une étude sur les « langues et les races de l’Afrique orientale au sud de l’équateur ».
À Bourbon et à Maurice, entre 1845 et 1847, il interrogea quelques 300 ex-captifs africains, recueillant auprès d’eux d’abondants savoirs (linguistiques, ethnologiques, géographiques etc.) sur l’Afrique orientale. Issus principalement du Mozambique, les informateurs africains de Froberville avaient été déportés comme esclaves, « engagés » ou encore « libérés » aux îles Mascareignes au cours de la première moitié du XIXe siècle.
Il produit également une collection de 63 moulages faciaux en plâtre représentant 58 de ces « informateurs ».
À la lumière des archives privées et des carnets de terrain d’Eugène de Froberville, l’historienne Klara Boyer-Rossol a reconstitué le parcours de cette collection. Ses recherches ont permis d’identifier les bustes et de retracer en partie les trajectoires de vie des individus dont les visages ont été moulés.
L’ambition de cette exposition est de donner la voix aux individus moulés, pour donner une nouvelle lecture de ces bustes, libérée de la « science des races » et des préjugés et au contraire axée sur la culture, l’expérience et le récit de chacun.
Cette exposition est aussi l’étape préalable au départ de la collection Froberville vers l’île Maurice, où elle sera dès 2025 mise en dépôt au musée intercontinental de l’esclavage de Port-Louis.