Mémoire de l’esclavage

Expressions artistiques

Le moring, art guerrier réunionnais, ses origines afro-malgaches
Auteur
Sudel FUMA

Historien


Le moring, art guerrier réunionnais, ses origines afro-malgaches

Patrimoine culturel oublié de l’île de La Réunion, le Moring, art de combat autrefois pratiqué, fait partie des traditions réunionnaises malmenées par l’histoire coloniale et par les Réunionnais du XXe siècle. Pourtant, ce legs de nos ancêtres qui associe rythme musical, expression corporelle et pratiques magiques au même titre que certains arts martiaux asiatiques, est d’une richesse culturelle incomparable.

Pratiqué dans le secret des plantations de café ou de canne à sucre au XVIIIe et au XIXe siècles, il décline au XXe siècle pour des raisons encore obscures, sombrant dans l’oubli et dans l’indifférence de l’intelligentsia réunionnaise . La culture officielle l’ignore, et même si quelques rares défenseurs de la civilisation créole sont affectés par sa disparition, aucune action sérieuse n’est entreprise pour faire revivre et sauvegarder l’art guerrier des ancêtres réunionnais.

Honte d’un passé marqué par l’esclavage ou rupture de société due à l’occidentalisation trop rapide de l’univers créole, le débat reste entier et le questionnement sur la pratique du moring à l’origine de notre réflexion . Il est vrai que La Réunion connaît au XXe siècle, entre les années 1950 et 1990, un phénomène social encore méconnu mais d’une importance essentielle : la mutation technico-économique et socio-culturelle des années de l’après départementalisation qui plonge l’île dans une société de consommation et de loisirs. Déjà hors-norme culturelle, le moring, comme le maloya, ne survit plus que dans l’inconscient collectif des Réunionnais . Transmis de génération en génération, il n’était plus qu’une image déformée et fantomatique. Les détenteurs des savoirs, personnes âgées dépassées par le rythme des novations technologiques, osaient à peine transmettre ce patrimoine culturel très différent de la culture rationnelle du XXe siècle. Comme toute la région du monde occidental ayant vécu l’ère post-industrielle, La Réunion perd au XXe siècle le contact avec son histoire culturelle . Les générations Soixante ignorent tout du moring, de sa signification guerrière et de sa pratique car les générations ascendantes avaient cessé d’être en communication avec les générations descendantes. Aujourd’hui, la prise de conscience de ce divorce, le retour aux sources lié au rejet des modèles contemporains par les jeunes, le besoin identitaire d’une société étouffée par les modèles occidentaux donnent une seconde chance au moring et autres valeurs culturelles créoles occultées par l’histoire coloniale. La recherche historique et ethnographique permet donc de responsabiliser les jeunes à l’écoute de leur tradition et devient indispensable pour comprendre le sens des valeurs enfouies dans l’inconscient collectif des Réunionnais.

Qu’est ce que le moring ? Comment le situer dans l’histoire des Réunionnais ? Comment se développe-t-il et pourquoi tombe-t-il dans l’oubli au XXe siècle ?

Les origines afro-malgaches du moring réunionais

Le morainga. Mayor, M. C.. 1933. In : Un petit continent : Madagascar / H. Rusillon, 2e éd., p. 98.
Bibliothèque Départementale de La Réunion

Art de combat rituel, le moring, comme d’autres traditions réunionnaises, est originaire d’Afrique et de Madagascar où il était pratiqué par les populations de ces contrées avant même la colonisation de l’île Bourbon qui devient l’île de La Réunion en 1848 . D’un strict point de vue étymologique, le terme de moring appartient à la langue malgache. Le « moraingy » est un art de combat très pratiqué à Madagascar au XVIIe siècle pendant la période du roi Andrianapoimerina. Jeu rituel viril opposant les hommes, il se déroule les jours de fête ou de circoncision . Proche du moring réunionnais par le rituel, il diffère cependant par le style de combat et les coups portés par les combattants. Dans le moraingy malgache, comme dans le moring réunionnais ou dans celui des îles Comores, le combat commence toujours par un défi. Le rituel identique pour les combattants appartenant à des ensembles géographiques différents — Madagascar, Archipel des Comores, La Réunion — atteste de l’origine commune de cet art de combat. La même scène de défi se répète dans ces trois pays. Un compétiteur sort de la foule et provoque un adversaire potentiel pendant qu’une équipe de musiciens anime la manifestation au rythme du martèlement de tambours ou à défaut de bidons en zinc. Le défi peut aussi s’exprimer par des cris de guerre. Pour relever la provocation, un homme sortira de la foule pour affronter le premier combattant.

A Madagascar, aux îles Comores et à La Réunion, les combattants font le tour de piste, matérialisé par un cercle tracé au sol. Le combat commence au rythme du batteur de tambour qui anime la manifestation. Selon le style pratiqué, les techniques utilisées varient en fonction des coutumes du pays. A Madagascar, les combattants de « moraingy », n’utilisent pas les pieds et n’ont pas le droit de frapper les points vitaux. De même aux îles Comores, à Mayotte, le « Mrengué » ou « Mouringué », est un véritable pugilat qui se déroulait le soir et parfois toute une nuit entière . Comme à Madagascar ou à La Réunion, le rituel du défi se faisait autour d’un cercle rythmé par des tambours. A Ngazidja, à la Grande Comore, une autre forme de pugilat, le « Nkodézaitsoma » se pratiquait le 26e jour du mois de jeûne du Ramadan sous forme d’une lutte à mains nues, non codifiée. Il opposait les jeunes d’abord, les femmes ensuite, et les hommes tard dans la nuit. A la différence du « Mrengué » de Mayotte, où intervenait un arbitre pour séparer les combattants après deux à trois assauts violents, parfois mortels, les règles du « Nkodézaitsoma » étaient plus confuses et le combat dégénérait en véritable bagarre. Les participants oubliaient alors la signification du 26e jour du Ramadan ou nuit du destin, nuit où l’ange Gabriel transmettait à Mahomet la révélation divine. Le combat des clans devait rappeler aux participants comment les hommes vivaient avant la révélation divine à Mahomet.

De la famille du moring pratiqué par les Réunionnais, le « Dakabé » ou encore « Diamanga » se perpétue sur les hauts-plateaux de Madagascar. Dans le « Diamanga » les adeptes utilisent comme dans le Moring de La Réunion essentiellement des techniques de pieds. Ainsi le « tsipak’akoho » — plante des pieds qui frappe —, le « kopola manitra » ou « miamboho » — tranchant des pieds— ou le « ambadiha « coup renversé » se retrouvent dans le moring. D’autres techniques, telles que le « kapa tokana » — frappe de talons — ou le « dongomby »— projection de force en direction de la poitrine de l’adversaire —s’apparentent aux techniques du moring.

Au-delà des nuances de style, l’appartenance du moring à la famille des arts de combat afro-malgaches est donc incontestable. Si le moring transite par Madagascar où sa présence est ancienne, avant de se développer à La Réunion, son berceau semble être l’Afrique où l’art de combat est pratiqué depuis les temps les plus anciens. Les Noirs d’Afrique, du Mozambique ou d’Angola, possédaient des traditions martiales avant leur départ forcé pour les contrées colonisées d’Amérique ou de l’océan Indien. L’origine de la « capoeira », véritable moring du Brésil, est africaine. Les Noirs d’Angola, transportés comme esclaves vers le Brésil avaient conservé un rite guerrier le « Batouk ». Les Angolais combattaient en imitant les gestes d’animaux. Les coups portaient des noms imagés tels que le saut du cheval, le saut du singe, la ruade de cheval, etc.

Comme la capoeira brésilienne, le moring est donc une valeur culturelle transmise par les ancêtres afro-malgaches de génération en génération pendant plusieurs siècles . Les esclaves africains emmenés à Madagascar sur les boutres arabes ou dans les colonies de l’océan Indien par les négriers occidentaux, apportèrent avec eux cette valeur de leur culture ancestrale, véritable soupape de sécurité identitaire . Sans moring ou sans la danse du Maloya, le Noir qui avait perdu sa langue natale, sa religion, se trouvait déraciné, n’ayant plus aucune référence culturelle. En 1714, l’île de La Réunion comptant 623 Blancs et 534 Noirs Malgaches et Africains, on peut penser que le moring n’était pas encore développé. Le contexte socio-culturel de l’île évoluera très rapidement avec l’introduction massive d’esclaves malgaches et africains au XVIIe siècle .

Lutte betsmitsarakas. 19e siècle.
Musée historique de Villèle

Avec l’application du code noir dans les îles françaises de l’océan Indien en 1723, la traite des Noirs, notamment des esclaves malgaches au XVIIIe siècle, qui sont plus nombreux que les Africains jusqu’en 1810, emmène dans l’Ile plus de 160 000 esclaves entre 1723 et 1810. L’économie de plantation, en particulier les besoins en bras, les bras des champs de café et d’épices, sont à l’origine du déplacement forcé des Africains et Malgaches vendus comme esclaves à La Réunion. Ne pouvant officiellement pratiquer leur religion, les esclaves avaient cependant l’autorisation de danser ou de s’amuser en dehors des heures de travail à condition de ne pas gêner les maîtres. Les traces écrites des danses ou de combats de moring sont rares et seule la tradition orale permet de retrouver les caractéristiques des formes d’expression corporelle des anciens esclaves . Art codifié, soumis à un rituel précis, il ne semble pas que le moring ait beaucoup évolué dans ses formes et son style depuis son implantation à La Réunion. Cependant selon les localités ou l’époque concernée, des nuances de style ont marqué la vie du moring réunionnais. Ainsi en 1839, un récit de voyage donne quelques vagues explications sur les combats d’esclaves. L’esclave selon l’auteur « met en chanson les problèmes de sa vie ». « Après les danses » dit-il « il y a toujours des rixes, mais c’est presque toujours à coups de têtes et à coups de poings que s’attaquent les adversaires. Les témoins excitent les combattants, ils désirent un combat aussi sanglant que possible. La lutte ne cesse que lorsqu’il y a un combattant sur le carreau » . L’illustration d’un combat en 1839 montre deux combattants dans une position de combat plus proche d’un pugilat classique que du combat de moring décrit dans les récits de vie de témoins du XXe siècle.

Des réserves doivent être faites sur les possibles origines françaises du moring avancées par Philippe Bourjon dans un ouvrage publié par l’Université de La Réunion en 1988, Rôle et enjeux, approche anthropologique généralisée . S’il est probable en effet que les matelots de la marine française, adeptes de la savate ou de la boxe française, organisaient de façon impromptue des combats de quai « pour vider les abcès apparus pendant les traversées », il est contestable d’affirmer que ces pratiques ont influencé l’art de combat des esclaves malgaches et africains . On doit se rappeler que le contexte social de l’époque interdisait les échanges entre Blancs et Noirs, fussent-ils matelots du roi, et punissait de fouet les attroupements de Noirs sur la voie publique. Tout pratiquant d’art martial, quel que soit le style pratiqué, sait en outre qu’une technique de combat ne s’acquiert qu’après un long apprentissage et plusieurs observations attentives des gestes à imiter. Or à l’époque, le code noir séparait les Noirs des Blancs et empêchait formellement les échanges culturels entre ces deux groupes de population. Bien que les techniques de la boxe française rappellent celles du moring, notamment le « revers tournant », la parenté n’induit pas nécessairement un échange initial de techniques de combat. Le moring est donc avant tout un art martial d’origine afro-malgache. Sa présence ancienne à Madagascar s’explique par la proximité géographique de la Grande île du continent africain. Les échanges de populations (celles Sakalaves d’origine africaine) expliquent la forte présence de coutumes africaines à Madagascar. Or, quand on sait que les esclaves transportés à La Réunion sont surtout des Sakalaves, on peut déduire qu’ils ont tenté légitimement de conserver leurs traditions ancestrales dans leur nouveau pays d’adoption .

Pratique et signification du moring réunionais

Original, le moring permettait aux Noirs de l’Ile d’affirmer leur identité culturelle. Art africain, il était surtout pratiqué par les Noirs, d’origine malgaches ou cafres, sauf au XXe siècle, où il sera adopté par tout le petit-peuple de l’Ile. En effet, avant l’abolition de l’esclavage en 1848, le moring était considéré comme le loisir privilégié des esclaves, activité dégradante pour la société coloniale et aucun Blanc ou même petit Créole de couleur ne l’aurait partagée sous peine de déchoir. Après la proclamation officielle de l’abolition de l’esclavage, le 20 décembre 1848, le moring restera encore pendant quelques décennies le patrimoine exclusif des Affranchis de 1848, leur intégration dans la société coloniale étant très imparfaite .

Néanmoins, dans les années 1880-1900, les conditions de vie des anciens esclaves et du petit peuple créole, notamment les Blancs des Hauts et les Créoles de couleur, sont devenues pratiquement identiques. Certes les Cafres, les Malgaches et les Indiens immigrants forment encore la main-d’oeuvre privilégiée des grandes plantations, mais leur contact avec l’ancienne population coloniale n’est plus règlementé par une législation esclavagiste sévère fondée sur la discrimination raciale. De même certains « nouveaux citoyens sont devenus petits propriétaires de leurs cases situées à la périphérie des agglomérations de la colonie » . A Saint-Denis, chef-lieu de I’lle, des anciens esclaves bâtissent leurs cases dans les lieux-dits « les Lantaniés », « Camp-Ozoux », « Camp-Calixte », « Patate à Durand », « le Butor ». On retrouve le même phénomène dans les campagnes où les Noirs construisent leurs paillotes sur le pourtour des grandes plantations ou au bord des ravines, exploitant, comme les Petits-Blancs, des lopins de terre exigus et le plus souvent incultes. Cette analogie de conditions de vie permettra au moring de se faire connaître et même d’être pratiqué par certains Créoles de couleur ou Petits-Blancs. Cette catégorie de pratiquants reste limitée par rapport à celle des descendants Afro-Malgaches de la Colonie. Le nouvel ordre social issu de l’abolition de l’esclavage avait donc contribué à la propagation du moring dans d’autres couches de la société coloniale. Jusqu’à la Première Guerre mondiale, les combats de moring resteront ainsi la principale activité de loisirs du petit peuple créole de La Réunion. Les combats de moring étaient parfaitement codifiés et se déroulaient selon des règles acceptées par tous les combattants. Il est maladroit de dire que le moring s’apparente à une danse sous prétexte que le combat est rythmé par un vrai tambour, un houleur ou un tambour de fortune, « fer blanc à pétrole » ou « fer blanc la graisse » comme dans les hauts de Trois-Bassins ou à la Ligne Paradis . La violence des assauts et la règlementation du combat éliminent d’emblée cette fausse image du moring. L’art du moring se pratiquait pendant toute l’année, mais les jours de fêtes, et les périodes du 20 décembre ou des fêtes indiennes, étaient des moments privilégiés pour le moring. Les rencontres avaient lieu chez des particuliers férus de moring, parfois boutiquiers de leur état profitant de l’occasion pour vendre du rhum, boisson favorite des combattants, ou dans un « Rond », véritable aire de combat sur un chemin de terre battue où se rendaient régulièrement les amateurs de moring.

Le Moringue à la Réunion. – PORT . Du Mesgnil, Octave. 1905.
Fonds privé Jean-François Hibon de Frohen

Le combat de moring est spectaculaire tant par sa mise en scène théâtrale que par ses enchaînements techniques. Les spectateurs entouraient un rond de trois mètres de diamètre et attendaient avec impatience le début d’un combat qui commençait toujours par le rituel de la provocation. Le rite dans le moring est en effet un temps fort autour duquel s’organise l’ensemble du cérémonial  . Un batteur de tambour, le plus souvent un ancien moringueur, faisait démarrer le moring en jouant de son instrument . Prologue du combat, le battement était au début lent, sourd, invitant les combattants à se manifester et à entrer dans le rond. Le rôle du batteur de tambour, en fait arbitre de la manifestation, était capital car de lui dépendait le rythme et l’intensité des combats . Joseph Pitou, né en 1910 à Saint-Benoît insiste sur le jeu essentiel du percussionniste : « Le tambour rythme le combat. Il fait tourner les adversaires qui se mettent en garde. Il utilise un autre rythme pour la bataille. Les combattants utilisent les pieds, le talon mais pas les poings » . Le batteur de tambour pouvait même, selon Joseph Pitou, fausser le combat s’il le voulait en changeant de rythme pour diminuer ou augmenter l’intensité des coups. De même, il pouvait empêcher le début du combat en cas de disproportion de force ou l’arrêter s’il estimait que les règles étaient faussées et qu’un combattant était en danger de mort.

Après quelques minutes de tambour, un habitué de moring, plus ou moins encouragé par le public et excité par le rhum et l’ambiance du « rond » entretenue par le tambour, finissait par entrer dans le cercle du combat. Le combattant qui faisait ainsi son entrée devait tourner en rond deux ou trois fois en annonçant son âge ou les âges des hommes qu’il acceptait de combattre. A la différence des arts de combats actuels, le moring n’admettait pas les catégories de poids et les combattants évaluaient eux-mêmes leurs chances de victoire en fonction de l’adversaire qui lançait le défi. Lorsqu’un combattant trouvait un adversaire pour relever son défi, celui-ci entrait à son tour dans le « rond » et se mettait lui aussi à tourner.

Après le défi, la deuxième phase du moring s’enchaînait sur un rythme plus rapide et des sons plus secs et plus courts du tambour. Se provoquant au début par des gestes d’intimidation, tout en s’observant pour trouver l’angle d’attaque idéal, les combattants s’engageaient ensuite dans une lutte sans merci et violente. Selon l’âge des moringueurs, le batteur de tambour rythmait plus ou moins vite le combat. Si les combattants étaient très jeunes, le rythme était rapide, s’ils étaient d’un âge plus avancé, le son était plus sourd et plus lent.

D’une manière générale, les moringueurs avaient des physiques aguerris alliant souplesse, force et agilité. Les déplacements, les esquives acrobatiques faisaient l’admiration des passionnés de moring. Le combattant se déplaçait souplement, sans geste brusque et pouvait, à tout instant, bondir sur son adversaire comme un fauve sur sa proie. Les techniques permises étaient connues de tous et la foule surveillait attentivement le déroulement de l’opération prenant parti si le jeu était faussé. Toute irrégularité entraînait l’arrêt du combat et la foule intervenait pour séparer les combattants qui n’acceptaient pas la règle du jeu. Si par exemple, un combattant utilisait ses poings, le houleur s’arrêtait pour mettre fin au combat. En fait cette situation se produisait rarement et les combattants respectaient les règles du jeu car leur réputation était concernée. La pratique du moring avait en outre un caractère sacré et aucun vrai combattant ne se serait avili en utilisant ses qualités de combattant pour se venger d’un concitoyen. Le moring n’était donc pas une bagarre et les combattants se respectaient avant ou après le combat quelle que soit l’issue de la rencontre. Comme l’exprime si bien Georges Fourcade, le moring « était vécu comme un jeu et un rite porté par un esprit ».

Pendant le combat les protagonistes restaient loyaux et respectaient les règles du combat. On ne frappait pas un homme à terre ou blessé si ce dernier ne voulait plus continuer le combat. Dans le roman de Marius et Ary Leblond, Ulysse Cafre se bat selon les rôles traditionnels du moring. L’auteur souligne en outre que « ces fils de Noirs, soit élevés par leurs parents, soit grandis près des maîtres, ne se battaient pas en sauvage, mais en camarades. Même au fort du combat, ils gardaient la manière » . Un combat n’était pas limité dans le temps et pouvait durer tant que les adversaires avaient la force de combattre. Ils pouvaient même s’arrêter d’un commun accord, boire un verre de rhum et recommencer la lutte après s’être reposés. Avant de combattre, certains moringueurs consultaient un sorcier qui parfois jetait un sort sur un adversaire réputé invincible, « fraudé » disait-on par un autre sorcier. Dans un tel cas, le combat était souvent mortel car les combattants, convaincus de leur force allaient jusqu’au bout de leurs forces. La tradition orale fait état des prouesses de moringueurs prestigieux ayant marqué l’histoire de l’Ile. Des célébrités tels que « Laurent le diable », « Coco l’enfer », « Henri la flèche », « Cadine », « Chou-fleur », « La Marc Café » reviennent souvent dans les récits de vie. Les surnoms imagés impressionnaient le public qui vouait une véritable admiration aux moringueurs.

Dans les derniers combats de moring, les techniques de pieds sont fondamentales et les frappes de poings interdites. Au début du siècle, les frappes de poings étaient dans certains cas tolérées. Dans l’ouvrage des Leblond, Ulysse Cafre abat Bébé, son adversaire, aux poings . Les techniques de pieds sont néanmoins essentielles dans cet art du moring . Habillés d’un pantalon ou « mauresque », ample culotte de toile descendant jusqu’aux genoux, les combattants luttaient torse nu la plupart du temps. Les anciens moringueurs se rappellent les différentes techniques qu’ils utilisaient pour pratiquer leur art. Ainsi la bourrante, simple ou double, qui est un coup de pied chassé porté de face avec le talon sur une trajectoire rectiligne, le « talon zirondelle », le « talon malgas », le « coup pied zizo » le « kas kou san tous » dit aussi « san tous« , le « talon la roue », le « coup de tête cinq mètres » étaient connus de tous les moringueurs. Toutes ces techniques étaient apprises sur le terrain par les pratiquants de moring qui conservaient jalousement leur secret et ne les transmettaient qu’aux initiés.

Un combat de moring était un véritable moment de fête pour les spectateurs . Le roulement de tambour les faisait participer activement au combat. Comme pour les combats de coqs qui se déroulaient dans des « ronds », la foule vibrait au son des percussions et l’ambiance du « rond » était tendue. La foule encourageait, interpellait et critiquait les combattants. Chaque commune de l’Ile avait ses ronds de moring qui se trouvaient le plus souvent dans des quartiers pauvres à dominante africaine. Avec « Coeur-saignant » au Port, le « Barrage » à la Saline, « le Butor », la « Petite-Ile », les « Lantaniés » à Saint-Denis, le quartier de la Rivière de l’Est à Sainte-Rose, « La Mare » à Sainte-Marie, « Trois-Mares » au Tampon, la « Ligne Paradis » à Saint-Pierre, les ronds de moring étaient présents dans toute l’Ile. Maurice Poleya, ancien du Brûlé aujourd’hui disparu, racontait en termes passionnés sa pratique du moring dans son village : « Le Brûlé -disait-il- était un haut-lieu du moring. On se réunissait sur un terrain en herbe on pratiquait le moring en rythmant sur une caisse qui servait de tambour. Selon les jours, on pratiquait pour rire ou pour se battre réellement. Souvent le sang coulait, mais quand cela devenait trop dur, on séparait les combattants » . Flavien Lacoudray, né en 1915, confirme cette version : « mon père, mon beau frère, des vieux des hauts pratiquaient sérieusement le moring. N’importe qui pouvait participer. Le moring se faisait n’importe où, même sur le bord des chemins. On n’était pas payé pour se battre. Quand la lutte était terminée, on achetait un litre de rhum et chacun buvait un coup ». Le combat de moring avait donc une véritable signification pour ses pratiquants. Le rituel, le sacré, entretenus pas le bruit sourd du tam-tam donnaient au moring un caractère magique qui impressionnait la population créole. Marius et Ary Leblond, dans leur roman Ulysse Cafre, mettent en scène des héros moringueurs qui se combattent, envoûtés par la passion presque surnaturelle du moring. Ulysse Cafre oblige notamment Bébé, son adversaire à entrer dans le « rond », malgré la réticence de ce dernier. A la question que lui pose Bébé de savoir pourquoi il le provoque, Ulysse Cafre répond tout simplement par deux fois par un seul mot « moreng »… Et le bruit rythmé du tambour, composition binaire lancinante et envoûtante, entraîne Bébé dans un combat violent qui lui sera fatal. Magique, le moring joue donc un rôle important dans la vie du Créole de couleur. Thérapie, il permettait d’évacuer les problèmes quotidiens accumulés tout au long de la semaine. Il libérait ainsi l’esprit du corps martyrisé par les problèmes sociaux. Le moringueur renouait pendant l’espace d’un combat avec ses ancêtres et sa culture guerrière. En pénétrant dans l’aire du combat, le guerrier était en face de lui-même et en même temps en face de l’autre, partenaire indispensable pour exorciser les violences du quotidien. Le but inconscient du combat était comme dans les sociétés africaines traditionnelles la restauration par la violence contrôlée et ritualisée d’un ordre social bouleversé chez un peuple privé de ses racines . Le moring était ainsi un mode de transfert et d’expulsion des pesanteurs d’un ordre social traumatisant et rigide.

Au-delà de son caractère sportif, l’art du moring, par son aspect magique et rituel a fortement imprégné l’histoire culturelle de La Réunion. Culture de la nuit, culture afro-malgache héritée de l’esclavage, culture occultée, dénigrée par la culture officielle, le moring a marqué pendant près de deux siècles la tradition populaire réunionnaise. Art martial exclusivement pratiqué par les Noirs au début de la colonisation, il s’est étendu aux autres composantes de la population coloniale pour devenir une véritable tradition du petit peuple au XXe siècle. Son déclin, puis sa disparition dans les années 1950-1960 restent encore une énigme. La violence des combats ne suffit pas pour expliquer son effacement du patrimoine culturel réunionnais. En effet, pendant deux siècles les violents combats de moring avaient attiré les foules et exercé sur les pratiquants une fascination quasi-magique. Pourquoi donc le moring s’est-il subitement volatilisé ? Pourquoi les anciens parlent-ils encore avec crainte et passion de cette pratique sans pour autant la transmettre aux jeunes générations ?

L’évolution très rapide de la société réunionnaise et les mutations technico-sociales résultant de la départementalisation semblent avoir une part de responsabilité dans la disparition du moring. Rejeté, parce qu’il rappelait trop l’esclavage et la colonisation, il sera remplacé par d’autres activités de loisirs qui n’avaient pas la même signification culturelle. L’histoire du moring reste à écrire et il ne fait pas de doute que cette sensibilité du passé pourra retrouver sa place dans l’éventail culturel de la société créole.

Notes
[1] Poirier (J.). - Le Temps, l'Espace et les Rythmes, in Histoire des moeurs, Paris, septembre 1990, encyclopédie de la Pleïade, T.1, 1788 p., pp. 3-7.
[2] Fuma (S.), Poirier (J.). - Dynamique socio-culturelle et récits de vie créoles réunionnais, colloque internationale des études créoles, La Réunion, Saint-Denis, avril 1986, 11 p., p.1 : A La Réunion, un processus total de changement est à l'oeuvre ; il concerne aussi bien les techniques et les modes de pensées. Depuis les années cinquante jusqu'en 1986, La Réunion a beaucoup plus changé que depuis le début de son peuplement. La conséquence en est que les jeunes et les adultes jeunes se trouvent insérés dans un monde radicalement neuf, celui qui relève de la post-modernité et sont coupés presque radicalement du passé...
[3] Chaudenson (R.). - Le lexique du parler créole à La Réunion, Paris, H. Champion, 2 t., 1974, 1249 p., p.126 . Selon cet universitaire, la pratique du moring disparait vers les années 1950. La constitution des archives orales de La Réunion, programme de recherche universitaire, commencé en 1975 par J. Poirier, H. Gerbeau et S. Fuma, confirment cette analyse (voir Archives départementales de La Réunion, récits de vie, fonds J. Poirier, S. Fuma et H. Gerbeau).
[4] Gerbeau (H.). - Les traces de l'esclavage dans la mémoire collective des Mascareignes, colloque histoire, Ile Maurice, février 1985. L'auteur a mis l'accent sur les conséquences psychologiques profondes de l'esclavage. Il écrit : L'inconscient des individus (esclaves), leur langue, leur littérature, portent de très nombreuses traces de ces deux mythes (celui de la couleur noire qui dévalorise et de celui de la paresse léguée à l'affranchi. Fuma (S) - Le syndrome de l'esclave, fiction ou réalité à La Réunion, La Réunion, Saint-Denis, cercle généalogique de Bourbon, A.D.R., bulletin trimestriel, N° 8, janvier 1988
[5] Barat (C.). - A la découverte de La Réunion, rites et croyances vol.8, Cap Town, 1980, 151 p.
[6] Midi Madagasikara, Madagascar, Tananarive, ler septembre 1990, Les jeux traditionnels malgaches, le flambeau de l'histoire, pp. 10-11. Il s'agit du katra ou katro, du moraingy, du fanorona, du tolon'omby, du tolona, du daka ou diamanga. − Albany (M.). - A la découverte de La Réunion, L'art de vivre, vol.9, 143 p., pp.72 à 73 : Le mot moraingue est d'origine madécasse (moreng ou moraingy). On battait le moraingue dans le sud Sakalave ou dans l'arrière pays de Majunga. − Sur l'histoire malgache, lire : - Labatut (F.), Rahanarivonirina (R), Madagascar, étude historique, Paris, Fernand Nathan, 1969, 222 p. − Idem, Lars Vig (pasteur à Madagascar de 1875 à 1902). - Croyances et moeurs des Malgaches, fascicules I et II, traduit par E. Fagereng, 79 p. et 64 p. − Idem, Madagasikara, regards vers le passé, études malgaches, bib. universitaire, institut des hautes études de Tananarive, 1960, 162 p. - Idem, Chandon (B.), Moel. - Vohimasina, village malgache, traditions et changements dans une société paysanne, Paris, 1972, 222 p., pp. 53 - 80
[7] Soumaïla Boko. - Pugilat à Sada, description d'un combat de mouringue, Mayotte, novembre 1985. Le document nous a été fourni par Mr Kanahazi : Un jour écrit Soumaïla Boko, j'ai assisté à un combat de boxe qui opposait deux adversaires de force à peu près égale. Après la sortie de la mosquée, la population s'est rassemblée sur la place publique. Les tambours ont commencé à retentir pour accompagner et rythmer les chansons.L'auteur décrit la scène du défi : Maïer, combattant, a fait saillir ses muscles pour impressionner le public et se faire admirer des spectatrices. Les deux adversaires se sont mis à gesticuler en se croisant sans se regarder pour impressionner le public. - Sur le moring à Mayotte, voir aussi : - Blanchy Daurel (S.). - La vie quotidienne à Mayotte, collection repères pour Madagascar et les îles de l'océan Indien, Paris, l'Harmattan, 1990. Le Mrengue se déroule toute la nuit . Il y a beaucoup de parades et peu de coups pendant une bonne partie des échanges. - Fauveau (C.) et (V.). - Mayotte, coutumes et traditions, Saint-Denis, collection Anchaing, 107 p., p.62 : Le murengue ou tam-tam boxe est une fête nocturne. Un village lance un défi à un autre village. Le tambour bat sans discontinuer et commence alors la parade des combattants. - Musiques traditionnelles de l'océan Indien, Les Comores, N° 4, centre de documentation africaine, Paris 1988, 73 p., p. 70. Description des instruments accompagnant le Mrengué. Il s'agit de percussions tels que le Fumba, le Dori, ou le Msindio. Le mrenge existe encore à Mayotte et Anjouan
[8] Sur la condition des Noirs au Brésil, se référer à l'ouvrage de Katia M. De Queiros Mattoso, Etre esclave au Brésil, Paris, Librairie Hachette, 1979, 317 p. De même, concernant la capoeira, art martial proche du moring, lire l'article de Fabriziochiesa, in Revue des sports de combats et arts martiaux, septembre 1986. Celui-ci écrit : Après l'abolition de l'esclavage, la culture noire s'est développée rapidement et avec elle la capoeira qui en constituait un élément important. La capoeira héritée de l'esclavage se pratique comme le moring. - Article de Maillet (J.P.), interview de Beija Flor, pratiquant de Capoeira, in revue Karaté Buschido, juin 1989. Deschamps (H.) . - Histoire de la traite des Noirs de l'antiquité à nos jours, Paris, 1972, 338 p., p.112. Au XVIII` siècle, les Français des Mascareignes acquirent des captifs sur la côte est de Madagascar. Les principaux points de la traite étaient Foulpointe à partir de 1756, puis Tamatave. Les esclaves provenaient des guerres entres les chefs côtiers, et à la fin du siècle de l'intérieur avec les conquêtes du roi Andrianapoinimérina qui échangeait ses prisonniers de guerre contre des armes ; le trafic a pu dépasser 2.000 esclaves par an dans les grandes années. - Voir Filliot (J.M.). - La traite africaine vers les Mascareignes, in Mouvements de populations dans l'océan Indien, Paris, Lib. Champion, 1979, 457 p., pp. 235 à 241.
[9] Deschamps (H.) . - Histoire de la traite des Noirs de l'antiquité à nos jours, Paris, 1972, 338 p., p.112. Au XVIII` siècle, les Français des Mascareignes acquirent des captifs sur la côte est de Madagascar. Les principaux points de la traite étaient Foulpointe à partir de 1756, puis Tamatave. Les esclaves provenaient des guerres entres les chefs côtiers, et à la fin du siècle de l'intérieur avec les conquêtes du roi Andrianapoinimérina qui échangeait ses prisonniers de guerre contre des armes ; le trafic a pu dépasser 2.000 esclaves par an dans les grandes années. Voir Filliot (J.M.). - La traite africaine vers les Mascareignes, in Mouvements de populations dans l'océan Indien, Paris, Lib. Champion, 1979, 457 p., pp. 235 à 241.
[10] Filliot (J.M.)
[11] Archives départementales de La Réunion, récits de vie, J. Poirier, H. Gerbeau et S. Fuma.
[12] Arago (J.). - Souvenirs d'un aveugle, voyages autour du monde, Paris t.I, Horlet et Ozanne, 1839, 398 p., pp. 217
[13] Ghasarian (G.) et Cambefort (J.P.). - Rôle et enjeux, approche et anthropologie généralisée, La Réunion, Saint-Denis, service de publications de l'Université, 1988, voir art. de Bourjon (J.), pp. 57 à 89
[14] Idem, op. cit.
[15] Fuma (S.) et Poirier (J.) . - Métissages, hétéroculture et identité culturelle, le défi réunionnais. La Réunion, Saint-Denis, 1990. Dans cet article, nous écrivions : l'analyse de la littérature orale, l'étude des pratiques magiques et divinatoires, celle aussi de la cuisine, permettraient d'identifier des références à la Grande Ile. Le Moring fait partie de cet héritage malgache, héritage que L.S. Senghor proposait de nommer malégassitude ou encore malagassité pour signifier la manière d'être malgache. En pratiquant le moring, le combattant vivait sa malâgassité.
[16] Fuma (S.). - Esclaves et citoyens, le destin de 62.000 Réunionnais, La Réunion, Saint-Denis, F.R.D.O.I., collection documents et recherches, 2ème édition, 1982, A.N.I.D., 174 p.
[17] Idem, pp. 86-94.
[18] Macarty (J. ). - Quand la capoeira rencontre le Moring, in Journal Témoignages, Saint-Denis, le 8 octobre 1986, p.5 : Henri Lagarrigue, l'un de derniers moringueurs de la Ligne Paradis (Saint-Pierre) a affronté un capoeiriste brésilien en démonstration. Le journaliste retranscrit les impressions du dernier des moringueurs de l'Ile.
[19] Idem, Lagarrigue rappelle que les coups portés au moring n'étaient pas des faux-semblants et que parfois, on quittait le rond en laissant deux dents sur le carreau. Les coups étaient violents, mais sans méchanceté. − Idem, op. cit., Récits de vie, archives orales de La Réunion : Récit de Mr Dejean né le 26 septembre 1920 à Trois Bassins : Le moring dit-il était dans le sang et dans le corps et se pratiquait pas pour plaisanter
[20] Idem.
[21] Bonté (P.) et Izard (M.) . - Dictionnaire de l'ethnologie et de l'anthropologie, Paris, P.U.F., 1991, 755 p., p. 633.
[22] Manglou (T.) . - Dossiers sur le folklore à La Réunion, Saint-Denis, 24 p. dactylographiées, s.d., : Le houleur ou rouleur est un tam-tam qui se retrouve un peu partout dans le monde. A noter sa ressemblance avec les instruments de percussion africains et malgaches. Sur ce sujet, lire : Madagasiraka, regards vers le passé, op. cit. p. 106 − Idem, Ambario, les instruments malgaches sur cylindre, Tananarive, 207 p., p. 117
[23] Leblond (M. et A.) . - Ulysse Cafre ou l'histoire dorée d'un Noir, Paris, 1924, pp. 183 à 191 : ces fils de Noirs ne se battaient pas en sauvages mais en camarades.
[24] Idem, p. 191 : Les Cafres écrit l'auteur ont deux qualités de coups de poings : le coup de poing bourré et le coup de poing piqué, l'un peut tuer, l'autre peut faire seulement faillir le coeur.
[25] Poirier (J.), Fuma (S.) . - Constitution des archives orales de La Réunion. Saint-Denis, Archives départementales. La plupart des récits de vie évoquent la pratique du moring et montrent que les techniques de pieds sont fondamentales dans la pratique du moring. − Idem, voir la description d'un combat de moring faite par J.V. Payet, in Récits et traditions de La Réunion, Paris, l'Harmattan, 210 p., pp. 119-124.
[26] Sur ce thème, voir Balandier (G.) . - Anthro-pologiques, Paris, 1985, Librairie générale française, 319 p., pp. 236-235.
[27] op. cit. Poirier (J.) et Fuma (S.) . - Archives orales de La Réunion - Voir aussi l'ouvrage de Durand (D.). - Les structures anthropologiques de l'imaginaire, Paris, Dunod, 1984 - Caillois . - L'homme et le sacré, Paris, Gallimard, collection folio essais, 1988.
[28] Journal Le Peuple, Saint-Denis, le 16 avril 1950. Celui-ci cite les noms des derniers moringueurs tels Caf tabac, Cinq-cinq ou Soufleur.
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Auteur
Sudel FUMA

Historien