À la Une
La traite dans l’océan Indien occidental durant la seconde moitié du XIXe siècle

Un article rédigé par l’historien Raphaël Cheriau.

En 1881, le « Djamila », boutre sous pavillon français, fut capturé avec 94 esclaves à son bord par la marine britannique au large de Zanzibar sur la côte orientale de l’Afrique dans l’océan Indien occidental. Cet incident, loin d’être anecdotique, révèle l’importance de la traite dans cet espace maritime durant la seconde moitié du XIXe siècle.

En dépit de sa vigueur, cette traite est souvent restée méconnue, comme dans l’ombre de celle de l’Atlantique. Cette méconnaissance est liée au trop peu d’archives que ce trafic dans l’océan Indien laissa dans son sillage. Moins bien documenté que l’Atlantique, il est d’ailleurs presque impossible d’estimer l’ampleur véritable de cette traite. On doit se limiter à des estimations aux ordres de grandeur approximatifs. On estime qu’entre 800 000 et plus deux millions de femmes, d’hommes, et d’enfants furent l’objet de ce trafic sur les côtes de l’Afrique Orientale au cours de l’ensemble du XIXème siècle.

Comme le montre le cas du Djamila, les boutres de Zanzibar ou d’Oman, ces voiliers gréés d’une ou deux voiles triangulaires, devinrent, pour les européens, l’incarnation de cette « dernière traite ». On oublia alors bien vite que les européens avaient dominé cet « infâme trafic » durant la première partie du siècle avant de s’engager dans la voie de son abolition.

Si cette traite fut combattue à son apogée par les puissances coloniales européennes, elle ne déclina pourtant que tardivement. Ce trafic ne connut en effet son véritable crépuscule qu’après la Grande Guerre, lorsque le commerce des dattes et des perles d’Arabie s’écroula sous l’effet de la mondialisation des échanges.

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Exposition « Visages d’ancêtres.
Retour à l’île Maurice pour la collection Froberville »
21 septembre – 1er décembre 2024
Château royal de Blois

Témoignage exceptionnel de l’histoire de l’esclavage, l’exposition « Visages d’ancêtres. Retour à l’île Maurice pour la collection Froberville », organisée par la Ville de Blois, est conçue par la conservation du Château royal de Blois et Klara Boyer-Rossol, historienne de l’Afrique et commissaire scientifique. Cet événement est réalisé en partenariat avec le Musée intercontinental de l’esclavage (Port-Louis, île Maurice) et la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage.

Depuis 1940, le Château royal de Blois conserve dans ses réserves un ensemble de 53 bustes moulés sur d’anciens captifs africains qui ont été pour la plupart mis en esclavage à l’Ile Maurice. Cette collection a été rassemblée dans cette île en 1846 par Eugène de Froberville dans le cadre de son « enquête ethnologique » sur l’Afrique orientale.

Issu d’une famille aristocratique française établie depuis la fin du XVIIIe siècle à l’île Maurice, Eugène de Froberville (1815-1904) était un intellectuel qui dédia sa vie aux sciences et aux arts. Évoluant dans les cercles les plus prestigieux de l’élite parisienne, il formula au début des années 1840 à la Société de Géographie le projet de mener une étude sur les « langues et les races de l’Afrique orientale au sud de l’équateur ».

À Bourbon et à Maurice, entre 1845 et 1847, il interrogea quelques 300 ex-captifs africains, recueillant auprès d’eux d’abondants savoirs (linguistiques, ethnologiques, géographiques etc.) sur l’Afrique orientale. Issus principalement du Mozambique, les informateurs africains de Froberville avaient été déportés comme esclaves, « engagés » ou encore « libérés » aux îles Mascareignes au cours de la première moitié du XIXe siècle.
Il produit également une collection de 63 moulages faciaux en plâtre représentant 58 de ces « informateurs ».

À la lumière des archives privées et des carnets de terrain d’Eugène de Froberville, l’historienne Klara Boyer-Rossol a reconstitué le parcours de cette collection. Ses recherches ont permis d’identifier les bustes et de retracer en partie les trajectoires de vie des individus dont les visages ont été moulés.
L’ambition de cette exposition est de donner la voix aux individus moulés, pour donner une nouvelle lecture de ces bustes, libérée de la « science des races » et des préjugés et au contraire axée sur la culture, l’expérience et le récit de chacun.

Cette exposition est aussi l’étape préalable au départ de la collection Froberville vers l’île Maurice, où elle sera dès 2025 mise en dépôt au musée intercontinental de l’esclavage de Port-Louis.

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À la Une
Les femmes mises en esclavage à Bourbon

Un article rédigé par l’historien Prosper EVE

Les sources manquent pour parler longuement des mis en esclavage d’une manière générale et des femmes en particulier. Parfois, ces sources sont sciemment maquillées.
Ces dernières années, j’ai mené un difficile combat pour obtenir la restitution de la pierre tombale offerte par la famille de son maître à la mise en esclavage Delphine, qui a reçu le nom « Hélod » lors de son affranchissement en 1835. Cette pierre lui a été subtilisée lors du retour des restes du poète Charles Leconte de Lisle dans le cimetière marin de Saint-Paul, pour offrir une tombe décente mais fictive au pirate La Buse.

À Saint-Benoît, l’épitaphe rédigée par Auguste Logeais pour la mise en esclavage Cécilia fille de Janvier, qui a été refusée par les propriétaires au moment de sa mort, a pu être apposée en 2021 à l’entrée du cimetière. Tout doit être mis en oeuvre pour sauvegarder les biens patrimoniaux qui peuvent faire un peu de lumière sur l’histoire des femmes mises en esclavage.


Les femmes réduites à l’état d’esclave sont égales aux hommes devant le travail et les punitions. Elles sont la chose d’un maître, mais aussi celle des hommes esclaves, notamment lorsqu’elles se marient. Pendant toute la période de l’esclavage, et singulièrement lors de la mise en sucre de la colonie, elles sont très inférieures en nombre par rapport aux hommes. Entre les mis en esclavage de sexe masculin et féminin, les désordres sont constants. Les femmes mises en esclavage préfèrent rester célibataires. Comme elles sont rares, le choix de vivre en concubinage leur permet de ne pas être persécutées, car l’homme a peur d’être abandonné.
À l’inverse, le mariage peut les exposer à la violence d’un mari trompé, car il est rappelé au couple, lors du serment de fidélité, que celui qui trompe l’autre doit être fouetté sur la place publique par la victime. Pour ne pas battre sa femme publiquement, le mari trompé préfère la corriger dans l’intimité de la case.

La femme mise en esclavage refuse, par le concubinage, de se soumettre elle aussi à la domination masculine. Du fait des différences de statut, la situation est restée très fortement inégalitaire et violente à La Réunion. L’esclavage fragilise tant les êtres humains, que les mis en esclavage de sexe masculin peuvent trouver dans la violence exercée sur les plus faibles (femmes, enfants), un moyen d’imiter les dominants, un moyen de se donner de l’importance, de se faire craindre.

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À la Une
La Maison Kervéguen

Un article rédigé par l’historien Jean-François Géraud.

Le nom Kervéguen n’est pas inconnu des Réunionnais, mais il n’est guère signifiant. Il désigne par exemple un coteau, un entrepôt, une salle de spectacle, quelques ruelles. Des éléments du patrimoine naturel ou matériel. Mais en aucune façon des êtres humains, une famille, quasiment une dynastie qui a pourtant pesé sur l’histoire économique de La Réunion, à défaut d’en avoir véritablement orienté le destin.

Pendant quatre générations en effet la famille Kervéguen, principalement basée dans le sud de l’île, à Saint-Pierre, a développé une activité économique qui a contribué à la prospérité de l’Île, et plus encore à son propre enrichissement. Les Kervéguen sont des exemples de ces abondantes migrations de Français métropolitains vers les colonies, et singulièrement l’île Bourbon, c’est-à-dire La Réunion, qui, depuis la fin du XVIIe siècle et jusqu’au début du XXe siècle, ont considéré l’Île à la fois comme une terre de sauvegarde et d’opportunité. Ce sont souvent des Bretons, habitués à prendre la mer, dont on dit qu’ils ont constitué 30 % du premier peuplement de l’île, sans que le flot ne se tarisse ensuite. Ce sont aussi des petits hobereaux menacés et privés de toute perspective par le contexte révolutionnaire français.

C’est le cas du premier Kervéguen qui débarque à Saint-Pierre à la fin du XVIIIe siècle, en 1796, noblaillon sans illustration, mais qui met son habileté, son dynamisme, son audace au service d’une réussite qui va se construire progressivement. Les éléments, qui seront repris par ses descendants, en sont le commerce, de profitables mariages, un flair en affaires qui va opérer la conversion au sucre. Cette stratégie du premier Kervéguen, Denis Marie, est reprise quasiment à l’identique par son fils Gabriel, par son petit-fils Denis André, et par son arrière-petit-fils Robert.
On accumule donc des terres que l’on plante en cannes sur Saint-Pierre, Saint-Joseph, Saint-Philippe, Étang-Salé, plus tardivement Quartier Français dans l’est. On édifie une dizaine de sucreries et trois distilleries. On concentre les esclaves, plus de 1500, puis les engagés, pas moins de 3200 que l’on traite ni plus ni moins durement que les autres habitants propriétaires. On reste cependant sensible aux évolutions de la conjoncture en modernisant progressivement l’outil de travail, en le concentrant, en tentant des investissements qui au début du XXe siècle s’avéreront sans doute trop risqués. On met au service de cette expertise économique une dextérité financière qui frise parfois l’arnaque. Mais au final, c’est‑là le portrait d’une famille de suivistes, qui, à la différence des Desbassayns, et malgré le changement d’échelle, n’a pas vraiment été fondatrice ni créatrice.
L’aplomb et le savoir-faire s’inscrivent dans un contexte étroitement local : les relais métropolitains et internationaux font défaut. Ces agilités ne peuvent rien contre les difficultés et les contraintes d’une conjoncture mondiale finalement défavorable aux activités sucrières coloniales. D’autant plus que de génération en génération, les chefs de cette famille continuent à vouloir vivre le mode de vie onirique du nobliau revanchard, sous-évaluant les grandes ruptures socio-politiques qui font des esclaves des hommes libres et auraient dû faire des travailleurs affranchis ou engagés des hommes responsables. Ces dominants tentent de perpétuer des schémas autoritaires sur une population qu’ils s’obstinent à considérer comme dépendante. Le décalage avec la réalité historique, insupportable après la première Guerre Mondiale, provoque sans doute chez le rejeton de cette dynastie, Robert de Kervéguen, un sentiment d’inaccomplissement et d’échec, et le pousse à liquider ses affaires réunionnaises, quitter la colonie, et retourner en France métropolitaine pour y vivre de rentes captées sur un pays dont sa famille n’a jamais véritablement partagé le destin.

Comment s’étonner dès lors que ces hommes, finalement en situation prédatrice, n’aient pas laissé d’autre mémoire que celle, impersonnelle , de quelques lieux de second ordre ?

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À la Une
Les esclaves « Mozambiques » à Bourbon, d’après les notes manuscrites d’Eugène Huet de Froberville prises lors de son séjour dans l’île en 1845

Un article rédigé par l’historienne et curatrice Klara Boyer-Rossol.

Issu d’une famille aristocratique franco-mauricienne, Eugène Huet de Froberville (1815-1904) était un riche rentier versé dans les arts et les sciences.

Dans les années 1840, il se livra à une vaste étude ethnologique sur « les langues et les races de l’Afrique orientale au sud de l’équateur ». Il mena son enquête auprès d’anciens captifs africains déportés par les voies de la traite illégale des esclaves aux îles Mascareignes.

Durant son court séjour à Bourbon, en novembre 1845, Froberville s’approcha de quelques 200 « Mozambiques ».
Il recueillit auprès d’eux des vocabulaires de langues est‑africaines et des récits qui témoignaient de la violence de l’esclavage dans cette île de plantation coloniale. Lui-même né à Maurice dans une famille de propriétaires d’esclaves, Eugène Huet de Froberville aurait été convaincu lors de son séjour à Bourbon de la nécessité d’abolir l’esclavage dans les colonies françaises.

Les Huet de Froberville avaient tissé des liens étroits avec des familles de colons français originaires de l’île Maurice (devenue anglaise en 1810) et qui s’étaient établis dans les années 1820 à Bourbon, comme les Lory et les de Tourris, chez qui Eugène de Froberville et son épouse logèrent durant leur séjour à Saint-Denis, Sainte-Marie et à Sainte‑Suzanne.

Prosper Eugène Huet de Froberville]. Eugène Maurice.
1891. Photographie sur plaque de verre.
Coll. Bibliothèque nationale de France, SG PORTRAIT-2146

Froberville recueillit auprès des esclaves de ces hôtes-propriétaires des vocabulaires de langues est-africaines qu’il consigna dans des carnets. Longtemps conservés au sein d’archives privées Froberville (en France), les carnets, notes manuscrites, correspondances et dessins d’Eugène de Froberville constituent des sources précieuses pour reconstituer son enquête à Bourbon et restituer des voix d’esclavisés africains.

Parmi les « Mozambiques » interrogés par Froberville à Bourbon, il a été possible d’identifier quatre hommes et une femme, dont on a pu retracer les noms, origines, langues, pratiques culturelles et des parties de leurs trajectoires de vie. Déportés autour des années 1820-1830 de l’actuel Mozambique à Bourbon, ils font partie des derniers captifs de traite à avoir été asservis dans cette colonie française de l’océan Indien. Le maintien de langues, de noms d’origine et de pratiques culturelles est-africaines en contexte d’esclavage apparaissent comme des formes de résistance de ces survivants de la traversée forcée des mers.

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Klara Boyer-Rossol est historienne et curatrice. Sa thèse de doctorat sur les « Makoa » à l’Ouest de Madagascar (Université Paris 7) a été distinguée par le prix de thèse 2015 du Comité National pour la Mémoire et l’Histoire de l’Esclavage (CNMHE). Membre chercheure du Centre International de Recherches sur les Esclavages et les Post-Esclavages (CIRESC), elle est actuellement boursière internationale (2024-2025) au Bonn Center for Dependency and Slavery Studies (BCDSS) de l’Université de Bonn.

Le fusil de François Mussard, chasseur de marrons

10 mai 2024. À l’occasion de la 19e Journée nationale des mémoires de l’esclavage, des traites et de leurs abolitions et en partenariat avec la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, le musée historique de Villèle met à l’honneur « le Fusil de François Mussard ».

Cette arme est considérée comme le fameux fusil offert par le Roi Louis XV à François Mussard, célèbre chasseur d’esclaves de l’île Bourbon, en remerciement de ses services. Pour encourager la chasse aux esclaves fugitifs, la Compagnie des Indes n’hésite pas en effet à offrir de prestigieux cadeaux au nom du Roi de France.

En 1754, François Mussard, le plus célèbre des chasseurs d’esclaves « marons » et chef d’un détachement, reçoit, comme témoignage de satisfaction de la part de la Compagnie des Indes, un fusil et une paire de pistolets garnis en argent aux armes de la Compagnie.

Inscription gravée sur la pièce de pouce : DONNE PAR LE ROY

Au XVIIIe siècle, le mécanisme à silex des fusils rend l’opération de tir assez compliquée et seuls les meilleurs chasseurs pouvaient tirer et recharger plusieurs fois sans cesser de courir derrière les esclaves fugitifs.
Après examen du fusil, il apparaît que la mise à feu de cette arme ne fait pas appel à une platine à silex mais à un système à capsule dit à percussion, plus récent, inventé en 1807 (date du dépôt de brevet) : le chien vient frapper une capsule de fulminate de mercure, 1ère amorce réagissant au choc…

Cependant, on voit nettement que la platine est prévue pour recevoir un système à silex (trous à l’avant) et que le bassinet a été découpé pour y monter à la place une cheminée. Cette modification, effectuée après l’apparition des platines à capsule et comme le furent de très nombreuses armes au début du XIXe siècle ayant continué à servir après, ne remet pas en cause la datation du fusil et le lien avec son ancien propriétaire.

« Fusil de Mussard, passeur de mémoire »

Exposition à l’étage du Musée de Villèle jusqu’au 20 décembre 2024

« Servant à la chasse d’animaux le fusil est dans un premier temps un objet de chasse. Par la suite, il devient un objet « passeur de mémoire » dû au massacre des esclaves causés à l’époque. »

En 2023, dans le cadre du dispositif « la classe, l’œuvre ! », le fusil de François Mussard est devenu le point de départ du projet des élèves du lycée professionnel François de Mahy de Saint-Pierre (La Réunion).

Lors de la Nuit Européenne des Musées, les élèves de première BAC PRO AMA Communication visuelle et plurimédia ont présenté, à l’étage du musée, une interprétation graphique autour de cet objet patrimonial.

Ils ont conçu et réalisé une fresque sur la confusion entre l’homme et l’animal, le gibier et l’esclave, créant ainsi des chimères. Ils ont également représenté les plantes cultivées par les esclaves à partir du XVIIe siècle, telles que le coton, le café et la canne à sucre.

AUTO-PORTRAIT DE FRANÇOIS MUSSARD

Réalisé par un élève du lycée François de Mahy

Connu sous mon seul patronyme, Mussard, mon prénom François ne fait qu’ajouter à la peur que j’inspire. Je suis né le 25 novembre 1718 à Argenteuil. Fils de colon.

Je suis le célèbre chasseur d’esclaves en fuite sur l’Île Bourbon. On m’attribue la « purge » quasi totale des cirques de ses campements d’évadés et la légende veut que je me sois personnellement chargé d’exécuter leurs plus grands chefs, dont Mafate et Cimendef. Dès le XVIIIe siècle, des esclaves commencent à échapper à leurs maîtres pour se réfugier dans les hauts, où ils s’organisent en véritable campement. Mais bien souvent, ils sont obligés de redescendre dans les bas afin de voler des bêtes, des armes, ou même des femmes esclaves. Excédés par ces descentes intempestives, les propriétaires offrent alors de fortes récompenses à qui les débusquera et les tuera. Avec mes hommes nous organisons des expéditions punitives très efficaces pour les débusquer. Je ne suis pas le seul chasseur mais mes hommes et moi-même sommes connus pourotre ténacité. On m’appelle « l’infatigable » et on me prête la funeste qualité de pouvoir recharger mon fusil tout en continuant à courir. Je n’ai pas attendu les ordres officiels pour organiser mes milices, je figure donc parmi les plus aguerris à cette tâche. À partir de 1744 elle sera rémunérée.

La Compagnie des Indes me récompensa en 1754 en m’offrant un magnifique fusil ainsi que de deux pistolets à la crosse en argent.
Quand le fugitif est repris vivant, je suis sans pitié et conforme à l’article 38 du Code noir datant de 1724 dans sa version réunionnaise.

Le fouet, une oreille coupée et une fleur de lys tatouée à la première incartade, une seconde fleur de lys et le tendon d’Achille sectionné à la deuxième, la pendaison ou la roue à la troisième.

« Explorateur des Hauts », j’ai laissé mon nom à plusieurs entités géographiques remarquables, parmi lesquelles la caverne Mussard, située à environ 2 150 mètres d’altitude au coeur du Piton des Neiges.

©Lycée professionnel François de Mahy Saint‑Pierre (La Réunion). Tous droits réservés

Lettres patentes de 1723
Exposition au Musée de Villèle
19 décembre 2023-31 mars 2024

À l’occasion du Gran 20 désanm 2023, le Musée historique de Villèle et les Archives départementales de La Réunion vous proposent de découvrir l’intégralité des Lettres patentes de 1723 plus connues sous le nom de Code Noir des îles de France et de Bourbon.

Ce code de 54 articles inspiré de celui des Antilles de 1685 entre en vigueur à lîle Bourbon en 1723. Il régit pendant toute la période esclavagiste les rapports entre les maîtres et les esclaves en termes de droits et d’obligations des uns et des autres, et de répression. Les principales dispositions concernent la constatation des naissances, mariages et décès, l’exercice de la religion, le travail, l’incapacité civile des esclaves …

L’exposition, présentée dans les jardins du musée de Villèle, est également accessible en ligne.

20 Désanm
Férié à La Réunion depuis 40 ans
1983-2023

Un livret rédigé par l’historien Gilles GAUVIN.

Depuis sa première édition en 2018, le Gran 20 Désanm organisé par le Département de La Réunion sur le site du musée de Villèle a notamment pour finalité d’assurer une large diffusion, par toutes sortes de supports, aux connaissances liées à l’histoire de l’esclavage à La Réunion, celle de son abolition, celles des traces qu’elle a laissées et aussi celle de la célébration de la fin de cette période sombre de notre histoire.

Ce livret participe à cette vocation. Il est édité à l’occasion du quarantième anniversaire de la loi du 30 juin 1983 qui a fait de la date de l’annonce de l’abolition dans l’île de La Réunion, un jour férié.
Les analyses de l’historien Gilles Gauvin nous éclairent sur ces quatre décennies qui ont vu notre 20 Désanm s’installer progressivement et tranquillement dans le calendrier officiel, culturel et mémoriel de l’Île.

My Name is February
Exposition au Musée de Villèle 
18 décembre 2023 – 30 octobre 2024

Des identités enracinées dans l’esclavage

Du 18 décembre 2023 au 30 octobre 2024, le Musée historique de Villèle accueille l’exposition intitulée My Name is February conçue par le Musée Iziko Slave Lodge à Cape Town, Afrique du Sud.

La Réunion et l’Afrique du Sud inscrivent leur histoire dans celle de l’esclavage. C’est pour mettre en commun cette histoire que le Département de La Réunion a signé une convention de partenariat avec Iziko Museums of South Africa. Une démarche qui s’inscrit dans le projet du futur Musée Historique de l’Habitation et de l’Esclavage. La concrétisation de cette convention est un échange d’exposition entre le Musée de Villèle et le Slave Lodge Museum, deux institutions patrimoniales qui abordent une même thématique centrée sur l’histoire de l’esclavage.
Cette fin d’année 2023 offre donc aux visiteurs des expositions croisées. Alors que les Africains découvrent une exposition des Archives Départementales de La Réunion, depuis le 1er décembre « The Name of Freedom », à partir du 19 décembre à Villèle, les visiteurs réunionnais pourront voir « My Name is February ».

Les esclaves ont été emmenés au Cap par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales pour servir de main-d’œuvre forcée à la colonie en expansion du Cap. Le premier navire chargé d’esclaves a été acheminé en 1658. Entre 1658 et le début des années 1800, plus de 63 000 hommes, femmes et enfants ont été arrachés à leur foyer se trouvant à Madagascar, au Mozambique, à Zanzibar, en Inde ou encore dans les îles des Indes orientales telles que Sumatra, Java, les Célèbes, Ternate et Timor (Indonésie), et emmenés au Cap en tant qu’esclaves.
Dépossédés de leur maison, de leur famille, de leurs amis, de leur culture, de leur langue, de leur religion et de leur identité, ces esclaves sont devenus la propriété d’autrui. Ils n’avaient aucun droit sur leurs propres enfants ; leur production et leur reproduction étaient contrôlées ; ils ne pouvaient pas posséder de biens et n’avaient pas la liberté de choisir pour qui ils voulaient travailler ou le type de travail qu’ils voulaient faire.
Au départ, la Compagnie néerlandaise des Indes orientales était le plus grand propriétaire d’esclaves au Cap. Au fur et à mesure que de plus en plus de citoyens libres (appelés « free burghers ») occupaient des terres au Cap, ils faisaient également travailler des esclaves et, au début des années 1700, le nombre de personnes asservies « appartenant » à des citoyens libres a augmenté.
Tandis que les « esclaves de la Compagnie » conservaient généralement leur nom, même si les fonctionnaires l’orthographiaient incorrectement, en y ajoutant la région dont ils étaient originaires (par exemple, Abasembie van Zanzibar, Nelanga van Mosambique, Mabiera from Madagascar, Toemat van Sambouwa, Domingo van Malabar, etc.), on donnait généralement de nouveaux noms aux esclaves « possédés » par les citoyens libres. Le changement de nom des esclaves était une façon de les déposséder de leur identité.
Dans certains cas, les citoyens libres donnaient aux esclaves des noms classiques, souvent inspirés d’un empereur ou d’une figure mythique tels que Alexandre, Hector, Titus, Hannibal. Les esclaves portaient également des noms de l’Ancien Testament, comme Adam, Moïse, Abraham et David. D’autres encore se voyaient attribuer des noms ridicules et insultants tels que Dikbeen et Patat.
De nombreux propriétaires d’esclaves attribuaient aux esclaves des noms calendaires basés sur le mois au cours duquel ils avaient été emmenés au Cap tels que February, April et September.

Cette exposition, réalisée à partir d’entretiens avec des personnes dont les noms de famille dérivent de noms du calendrier, ouvre une réflexion sur la manière dont le passé esclavagiste, souvent oublié et négligé, a façonné notre patrimoine, non seulement au Cap, mais aussi dans toute l’Afrique du Sud. En racontant cette histoire, nous souhaitons rendre hommage aux milliers de personnes déracinées de force dans diverses régions d’Afrique et d’Asie, qui ont été amenées au Cap et dont le travail a contribué à la construction des villes, des villages et des fermes d’Afrique du Sud.

L’exposition est également enrichie du travail des élèves de 6ème du Collège du 14e km du Tampon qui, en classe d’anglais et en arts plastiques, ont étudié le poème de Diana Ferrus, « My Name Is February » et ont réalisé une sculpture inspirée de celui-ci.

« Si vous choisissez de vous coucher, vous restez couché. Mais c’est à vous de choisir de vous relever – et voici les histoires de ceux qui se sont relevés. Ce sont des histoires d’espoir. »
                                                                                                                            L’archevêque émérite Desmond TUTU

Mélodie de l’eau,
Mes pieds nus sur les sentiers,
Marron je renais

Une création en résidence de Geneviève Alaguiry

La résidence de création à Villèle, qui a débuté le lundi 16 octobre 2023, est issue de la volonté de réaliser une œuvre sculpturale mettant en lumière la figure du marron. Elle sera présentée dans le cadre de la manifestation annuelle Gran 20 Désanm sur le site du Musée de Villèle.

L’artiste Geneviève Alaguiry, a été sollicitée afin de réaliser ce projet. Ses réalisations en papier mâché ont, en effet, capté l’attention par le passé, notamment au regard du rendu particulier qu’elle a su travailler au fil de ces dernières années.

Cette résidence de création avait en réalité un double-objectif : celui, d’une part, de créer une œuvre originale sur la figure du marron et, d’autre part de faire participer les jeunes de la promotion 31 de l’Académie des Dalons¹ au processus de création artistique afin de leur faire découvrir le métier d’artiste visuel et leur permettre d’appréhender l’art et la création en général.

Les jeunes de l’Académie des Dalons travaillant sur l’ossature de la sculpture

La sculpture faite en papier mâché évoque ainsi les maronèr è maronèz : figures emblématiques de la liberté à La Réunion. Cinq têtes d’hommes, de femme et d’enfants, émergent des falaises des montagnes de l’intérieur de l’Île, représentant quelques ethnies significatives, provenant de Madagascar, d’Afrique, d’Inde ou encore des Créoles nés sur l’Île et qui ont en partie formé la population réunionnaise d’aujourd’hui.

Geneviève Alaguiry a désiré souligner non la souffrance mais l’espoir et les rêves de ces maronèr è maronèz devenus réalité pour un certain nombre d’entre eux. C’est de cette façon que les visages sont représentés : paisibles, les yeux fermés, les personnages sont souriants, la tête levée vers cet idéal de vie libre, vers un avenir à construire. Leurs têtes émergent et trônent littéralement sur les deux chaînes de montagnes séparées par le cours d’eau, fil rouge de leur parcours, symbole de vie.

Mélodie de l’eau, Mes pieds nus sur les sentiers, Marron je renais. Sculpture de Geneviève Alaguiry. 2023

Ils ne font pas qu’émerger des montagnes, ils les forment. Eux, nos Cimandef, Marianne, Anchaing, Héva, Mafate… les premiers à découvrir l’intérieur de l’Île, les lieux les plus enfouis, les sommets les plus hauts. Eux, qui se sont appropriés ce que le territoire avait de plus abrupt. La rudesse n’était pas inconnue, mais l’artiste montre qu’ils l’ont apprivoisée. Les sentiers sont révélés par des feuilles d’or, couleur de lumière et de perfection. La lumière, par association à la vie, nous parle de personnes passées, de la mort sociale et de l’inexistence en tant qu’humains asservis ; à la Vie… une vie libre dans le marronnage. De l’asphyxie d’une condition subie, le marron atteint sa perfection au travers d’une liberté durement acquise : « (…) Marron je renais ».

Geneviève Alaguiry est une artiste plasticienne née en 1986 à l’île de La Réunion. Diplômée d’un DNSEP à l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de La Réunion en 2010 et d’un Master 2 à l’Université Paris 8 en 2011, elle développe très tôt une recherche sur la condition humaine qui l’amène à questionner le contexte sociétal du XXIème siècle, ancré dans une marchandisation des individus et du monde.

Artiste pluridisciplinaire, Geneviève Alaguiry navigue entre le dessin, l’écriture, la performance, l’installation, la vidéo/l’animation, la sculpture et la photographie.
Elle a participé à plusieurs expositions collectives et réalisé des résidences à Paris, Maurice et La Réunion.


¹ L’Académie des Dalons est un dispositif expérimental d’insertion sociale et professionnelle initié par le Département de La Réunion. Il s’adresse à des volontaires motivés âgés de 18 à 25 ans.

À la Une
Incidence de l’esclavage colonialiste sur la fonction paternelle à l’île de La Réunion

Un article rédigé par David GOULOIS, docteur en psychologie, psychologue clinicien, psycho-pathologiste.

 

18- Saint-Denis de la Réunion – Rivière des Pluies – une case à l’ombre des cocotiers. Années 1950. Photographie. Coll. Musée Léon Dierx, Fonds Hibon de Frohen, ME.2020.1.50.13

Nous questionnons ici la fonction paternelle à l’île de la Réunion. Nous pensons que le contexte sociétal d’hier et d’aujourd’hui a façonné un « être père » qui n’est pas sans conséquences psychopathologiques sur la vie de famille: l’esclavage aura provoqué l’absence du père et de sa loi, à la fois cause et conséquence d’une matrifocalité, transmis trans-générationnellement. Nous proposons une lecture de la problématique sous l’angle ethno-psychanalytique.


Mots-clefs :
esclavage – paternité – matrifocalité – violences – île de la Réunion – ethnopsychanaly

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Colloque « L’esclave, l’être humain »
du 22 au 25 novembre 2023

L’année 2023 célèbre le tricentenaire des Lettres patentes de décembre 1723 (Code noir). À cette occasion, l’Association historique internationale de l’océan Indien, en partenariat avec le Département de La Réunion, consacre la Semaine de l’histoire de l’Indianocéanie au colloque international « L’esclave, l’être humain ».
Ce colloque réunira des chercheurs d’horizons divers du 22 au 25 novembre 2023.

 

1723. Une année marquante pour l’île Bourbon en matière d’organisation judiciaire et de codification de l’esclavage.

 

Lorsqu’un édit de novembre 1723 érige un Conseil provincial à l’île de France et substitue à celui de l’île Bourbon un Conseil Supérieur, la législation applicable par les deux tribunaux reste les ordonnances royales de 1667 et de 1670. Mais pas plus que l’édit de mars 1711, celui de novembre 1723 ne mentionne de mesures se rapportant particulièrement aux esclaves.

Durant ses assises de novembre 1718, le Conseil Provincial rédige une ordonnance en conformité avec ce qui se pratique en Martinique. Un extrait de ce document qui concerne les châtiments prévoit que « les esclaves convaincus de rébellion seraient rompus vifs et laissés expirer sur la roue ». L’heure n’est pas à la compassion envers ceux qui troublent l’ordre social.

La Compagnie Française des Indes Orientales désirant un texte d’ensemble fixant le statut des esclaves, le roi Louis XV lui donne satisfaction en rendant en décembre 1723 les lettres patentes portant justement sur le statut, l’état et la qualité des esclaves, qui s’inspirent du Code noir de 1685 rédigé pour les Antilles.

 

 

2023. Ce texte législatif, rédigé au début du siècle des Lumières, qui définit cet être humain qu’est l’esclave comme un meuble doté d’une âme a déjà suscité de nombreuses analyses dont celle approfondie et sans fard de Louis Sala-Molins. Il mérite trois siècles plus tard une nouvelle mise en débat.

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À la Une
Un autre regard sur les esclaves résistants pendant le dernier siècle de l’esclavage (1750-1848)

Un article rédigé par l’historienne Audrey Carotenuto

Pendant le dernier siècle de l’esclavage, les travailleurs forcés de La Réunion ne courbent toujours pas l’échine ; ils n’attendent pas patiemment une hypothétique émancipation dans une société qui leur serait devenue douce. La violence coloniale qu’ils vivent est une réalité quotidienne face à laquelle ils cherchent des préservations possibles.

L’évasion. Tony de B., del. ; Félix, sc. Estampe. In Les marrons de Louis Timagène Houat. Ebrard, 1844.
Coll. Archives départementales de La Réunion. Bibliothèque administrative et historique, inv. BIB2896.12

Leur héroïsme, s’il n’est pas spectaculaire, est celui de l’adaptabilité face à la coercition féroce du système répressif. Ils perpétuent ainsi les modes de résistance présents dès le début dans une perspective permanente d’ajustement.

Trois exemples puisés dans les archives judiciaires serviront à mettre en avant les trois modes dominants d’opposition servile et donneront l’occasion d’exposer certains des résultats quantifiés et comparés sur les cent dernières années de l’esclavagisme.

La première grande famille est celle des résistances de préservation. Les esclaves ont un passé commun de déracinement culturel : chaque morceau de tradition préservée qu’elle soit dansée, chantée ou contée est une victoire face à la déstructuration de leur identité. Certaines femmes, par le blocage des naissances, refusent d’enfanter la violence. Mais c’est bien la préservation matérielle qui est la plus prégnante dans les archives car elle donne lieu à des actions illégales.

La deuxième famille est celle de la résistance-rupture : le marronnage est la forme de négation la plus adaptée à la géographie de l’île qui regorge de mornes hostiles et inhabités ; marquant l’inadaptation des Noirs nouveaux ou la nostalgie des Malgaches, les fugues peuvent être impulsives, courtes ou définitives. La fuite par mer, qui concerne une majorité de Malgaches, traduit le rêve de rejoindre la terre des ancêtres.

Enfin la résistance-agression qui détériore, détruit les biens de production ou vise directement les colons, englobe toutes les formes de violences par lesquelles l’esclave tente de briser ses chaînes, y compris contre soi-même.

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Inauguration du Musée Intercontinental de l’Esclavage à Port-Louis (Île Maurice)

Le Musée Intercontinental de l’Esclavage a ouvert ses portes au public le 4 septembre 2023 à Port-Louis (Ile Maurice), 12 ans après les travaux de la Commission Justice et Vérité créée pour réconcilier la population mauricienne avec son histoire.

Ce nouveau musée dédié à l’esclavage est installé dans l’ancien hôpital militaire de Port Louis qui fût l’un des premiers grands bâtiments de l’ancienne colonie française construit en 1740, sous Mahé de Labourdonnais, gouverneur de l’île de France.

Vue de Port-Louis Ouest. 1859. Source : Blue Penny Museum

Cet emplacement est lourd de signification. L’édifice a été bâti par des esclaves et porte en lui ce passé douloureux de l’histoire de l’Île.
Sa restauration a été un projet de plusieurs années financé par le gouvernement mauricien, des dons du loto du patrimoine, ainsi que des contributions de la France, du Japon et des États-Unis. Des chercheurs et des étudiants de l’université de Nantes et du musée d’Aquitaine à Bordeaux ont apporté leur expertise pour l’aménagement des différents espaces du musée.

Le défi de la scénographie est d’offrir aux visiteurs une immersion dans des ambiances, leur permettre de ressentir des émotions fortes liées à cette histoire. L’intention est de donner la parole aux esclaves, de montrer les conditions de leur résistance plutôt les conditions physiques de leur vécu.
L’expérience est multisensorielle. Ainsi, sont exposés des documents sur la culture, la musique des esclaves. Dans une des salles, des haut-parleurs diffusent les premières mélodies de séga jamais préservées sous partitions. Dans une autre, on peut voir un exemplaire original du Code noir prêté par la bibliothèque Carnegie de Curepipe. Le document établi sous Louis XIV légiférait sur la condition des personnes mises en esclavage.
Parmi les pièces exposées, on peut notamment admirer des objets ayant appartenus aux esclaves découverts lors des fouilles archéologiques dans un vieux cimetière à Albion, en 2021 et 2022 : des boutons, des outils en os, des boucles d’oreilles, un chapelet.

 

Les visiteurs pourront surtout découvrir une image troublante et émouvante : soixante-trois bustes ethnographiques réalisés par Eugène de Froberville en 1846 dans une plantation mauricienne. Ces visages en plâtre ont été moulés sur des esclaves africains originaires du Mozambique, de Tanzanie, des Comores… Les bustes, propriété de la commune de Blois en France et conservés au château, sont présentés pour le moment en format numérique. Une convention a été signée entre ISM Mauritius Ltd et Blois pour qu’ils soient exposés à Port-Louis lorsque que toutes les conditions de conservation seront réunies au musée.

L’exposition présentée pour le moment est en phase de préfiguration. Elle jette les bases de ce que sera le musée une fois qu’il sera entièrement prêt.

 

 

À la Une
Église, État, et Esclavage

Les familles vendues comme « biens nationaux » à l’île de La Réunion pendant la Révolution française

Un article rédigé par Nathan Elliot Marvin, historien à l’Université de l’Arkansas à Little Rock.

En 1789, l’Assemblée constituante à Paris prit possession des biens de l’Église catholique en France. Dans les colonies, ces biens comprenaient des milliers d’esclaves vivant dans des habitations possédées ou gérées par les corps religieux.

Album de la Réunion. Eglise du quartier de Saint-Leu. Louis Antoine Roussin. 1880. Lithographie.
Coll. Musée Léon Dierx, inv. 1984.07.04.14

En 1793, sur l’île de La Réunion, plus de 300 esclaves des prêtres Lazaristes furent déclarés « biens nationaux » et vendus aux enchères publiques, sous la direction d’un commissaire civil pour la Première République française.

Cet article examine les expériences de ces personnes, mettant en évidence leurs vies quotidiennes dans les « habitations curiales » avant la période révolutionnaire, leurs actes de résistance, et leurs efforts pour maintenir les liens familiaux malgré les ventes forcées.

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À la Une
Maison Rouge à Saint-Louis : des Desforges-Boucher à la famille Bénard (1722-1971)

Un article rédigé par Bernard Leveneur, conservateur territorial du patrimoine

Maison Rouge est une ancienne grande propriété rurale du Sud de La Réunion (ancienne île Bourbon) qui, comme ce fut souvent le cas dans l’Île, a donné son nom à un quartier de la commune de Saint-Louis. Elle témoigne de l’évolution de l’économie de plantation des origines aux années 1970.

Propriété de la famille Desforges-Boucher à l’origine, son histoire rejoint celle des autres domaines de cette famille qui, à travers la culture du caféier et la production de vivres, matérialise, par la mise en place d’habitations, les choix opérés par la Compagnie des Indes en matière d’orientation économique.
Une cour avec maison de maître et dépendances, à la charnière entre la savane et les champs cultivés, existe déjà à cette époque ainsi qu’un camp d’esclaves.

Domaine de Maison Rouge. Photographie de Mickaël Gresset. Tous droits réservés

Lorsque la propriété passe aux mains des Murat puis entre celles des Hoareau au XIXe siècle, l’activité caféière s’estompe au profit de l’activité sucrière. Ce changement de programme cultural ancre, de 1834 (année de création de la sucrerie) à 1897 (date de la fermeture de la sucrerie), le domaine dans une dimension industrielle. La canne et le sucre rythment alors la vie quotidienne au sein de cette ancienne habitation coloniale.

La dernière famille de notable à Maison Rouge, les Bénard, maintiennent le faste du domaine jusqu’à la disparition de Fernande Bénard en 1971. Les années 1970-1980 voient le démembrement de la propriété et le rachat de la maison et des savanes la précédant par la commune en vue de sa valorisation culturelle.

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À la Une
Les testaments de Madame Desbassayns

Un article rédigé par Albert JAUZE, historien

Les testaments que Madame Desbassayns rédige en 1807 et en 1845 sont avant tout une affaire privée. Les étudier est d’autant plus pertinent qu’ils révèlent des aspects de la société coloniale du XIXe siècle liés à un personnage emblématique. Les 2 actes sont indépendants l’un de l’autre.

En 1807, elle acte en faveur de ses esclaves méritants. Bien que n’étant pas émancipés, ils reçoivent à titre viager, des terres, cases, et pensions. Elle leur donne même des esclaves pour les servir. Certains pourront choisir leur maître.

En 1845, elle dispose de ses biens en faveur de ses descendants.

Arbre généalogique de la famille Desbassayns. Jehan de Villèle, peintre. 1989. Aquarelle, crayon noir.
Coll. Musée historique de Villèle, inv. 1990.203

La masse est de plus de 1,6 million de F. La main d’œuvre servile en représente une part importante. Ses nombreux terrains de Saint-Paul, Saint-Gilles, du Bernica sont mesurés, décrits avec leurs édifices, établissements de sucrerie, pompes à vapeur, machine hydraulique, bêtes de trait, etc.
Saint-Gilles, l’habitation la plus opulente, partagée en nombreuses portions, fait plus de 316 ha. Bernica mesure plus de 200 ha. Les terres portent les cannes, les cultures vivrières et les pâturages. À Saint-Paul, figurent des terrains d’emplacement (portant des maisons), une rizière, des terres à cannes et à vivres.
Avec 406 esclaves se répartissant sur ses propriétés, Madame Desbassayns se classe au premier rang des possédants. La plupart des hommes et des femmes de la classe servile sont attachés à la terre. Certains ont des attributions spécifiques (domestiques, cuisiniers, infirmière, sages-femmes…). La grande majorité, créoles de leur état, portent un prénom conventionnel (chrétien).
La chapelle édifiée sur sa propriété de Saint-Gilles est l’objet de ses sollicitudes. Des messes perpétuelles y seront célébrées, les pauvres et esclaves reçus gratuitement.

Souvenir de l’Ile Bourbon, N° 41. Chapelle Desbassayns. (Saint-Gilles). Louis Antoine Roussin.  1847. Lithographie.
Coll. Archives départementales de La Réunion, Inv. 99FI44

Le second testament ne décrit pas les intérieurs (ameublement, argenterie, etc.). Il faut s’en remettre à son inventaire après décès du 23 mars 1846.
Le lecteur pourra retrouver des toponymes familiers dans le testament de 1845, ceux-ci ayant perduré jusqu’à nos jours.

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À la Une
Entre l’oubli et les abus de mémoire, que peut l’Histoire ?

Un article rédigé par l’historienne Reine-Claude Grondin

 

La reconnaissance officielle de l’esclavage à La Réunion en 1983, soit 135 ans après son abolition, a accrédité l’idée que le silence entourant ce passé est le fruit d’une politique délibérée d’amnésie collective, orchestrée par les anciens propriétaires et leurs descendants.

 

 

Effectivement, l’histoire de l’esclavage, écrite exclusivement par ces acteurs, a diffusé une représentation édulcorée de l’esclavage créant pour le public lettré le mythe d’une colonie modèle, invisibilisant la violence du système servile. Ce récit de l’histoire, instrumentalisé au service de l’expansion coloniale française, s’est imposé dans le lectorat restreint jusqu’au milieu du XXe siècle. Faute d’élite issue des affranchis de 1848, il n’y eut pas de récit alternatif à la mémoire aristocratique.

Cependant, l’absence de reconnaissance officielle n’a pas fait obstacle à la survivance des mémoires privées et familiales, dynamiques et hétéroclites comme un tapis mendiant. La mobilisation de cette mémoire à partir de la troisième génération des descendants d’affranchis a imposé dans le présent ce passé privé de récit jusqu’à la décennie 1970-1980.

 

 

Cette décennie marque le début de l’appropriation collective du fait servile mais demeure le conflit des mémoires qu’entretient une vision segmentée du passé réunionnais, à l’image des lieux de mémoire. Or, le fait servile a impacté tout l’édifice social, provoquant une transformation d’ordre anthropologique, faisant de tous les Réunionnais les héritiers d’un système socio-économique. Il appartient donc aux historiens d’œuvrer pour écrire ce passé où chacun y puise des éléments de sa propre généalogie.

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Les registres de l’esclavage de l’empire colonial français inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO

Le 18 mai 2023, les Registres identifiant les personnes en esclavage dans les anciennes colonies françaises (1666-1880) ont été inscrits au registre international du programme « Mémoire du Monde » de l’UNESCO.
Parmi ces documents figurent des fonds conservés par les Archives départementales de La Réunion.

Depuis 2021, le Département de La Réunion apporte officiellement son soutien à la demande d’inscription portée par la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage, et se réjouit aujourd’hui de l’aboutissement de cette démarche.

Le registre « Mémoire du monde » de l’UNESCO vise à la fois à sauvegarder le patrimoine documentaire remarquable de l’Humanité et à faciliter son accès. La France et Haïti avaient conjointement proposé, sous l’égide de la FME, un corpus emblématique : celui des documents identifiant nominativement des personnes esclaves dans les anciennes colonies françaises (XVIIe siècle – 1848). Leurs formes sont multiples : actes de catholicité, registres d’affranchissement, recensements, registres de fugitifs.

Le système esclavagiste niait l’existence civile de ces personnes : ces registres sont les rares traces écrites qui leur restituent des bribes d’individualité, d’humanité. Leur intérêt historique est indéniable : leur intérêt social l’est tout autant, dans un contexte croissant de recherches familiales et de quête d’identité.

L’inscription au registre « Mémoire du Monde » consacre la reconnaissance internationale de la valeur patrimoniale de ces documents et du travail mené par les institutions.

Les Archives départementales de La Réunion ont entamé depuis des décennies des travaux de classement, de restauration, de numérisation, de valorisation de ces ensembles : les registres d’affranchissement tenus depuis 1832 et les registres spéciaux de 1848 sont disponibles en ligne, accessibles et appropriables par tous.
Ils ont été présentés physiquement plusieurs fois au public lors d’expositions (1998 : Regards croisés sur l’esclavage, 1794-1848 ; 2013 : Les Noms de la liberté, 1664-1848 : de l’esclave au citoyen ; 2019 : Le jour de l’abolition. Dissiper la brume).

Le Département de La Réunion témoigne par ces travaux au long cours d’une volonté indéfectible de mise à disposition de tous de ce patrimoine complexe lié aux mémoires de l’esclavage

À la Une
Transmission intergénérationnelle de la violence dans les liens filiatif

Perspectives psycho-dynamiques et anthropologiques du traumatisme historique de l’esclavage à l’île de La Réunion

Un article rédigé par Emile Fontaine, docteure en psychologie

 

L’objectif de ce travail de recherche est d’apporter une nouvelle réflexion autour du traumatisme historique de l’esclavage à La Réunion et son impact psychologique
sur la population locale.

Le but sera d’analyser comment l’individu réunionnais
se réinterprète cette histoire et se reconstruit une identité individuelle et collective à travers l’héritage entre générations et les reviviscences présentes dans l’inconscient collectif.

Comment appréhender, dans une perspective psychodynamique et anthropologique, l’expression de la violence intergénérationnelle dans les liens filiatifs, et voir éventuellement l’émergence de pathologies qui y serait associées, dans le contexte culturel donné et d’appréhender ainsi le sujet dans sa globalité, en intégrant son historicité.

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Mots clés : violence, traumatisme, transmission transgénérationnelle, esclavage, filiation

 

« EDMOND… »
exposition au musée de Villèle
à partir du 19 décembre 2022

Conçue par les Archives départementales de La Réunion et le Musée historique de Villèle, cette exposition fait le point sur l’un des plus illustres personnages de La Réunion, Edmond Albius, en y apportant des éléments inédits sur sa vie.

 

 

 

 

Esclave de Pierre Ferréol Edme Bellier de Beaumont qui l’initie à l’horticulture et à la botanique, Edmond découvre, en 1841, à l’âge de 12 ans, le procédé de fécondation artificielle de la fleur de vanille. Il contribue ainsi au développement d’une filière économique qui fera la renommée de l’Ile, au même titre que le café.

Nous disposons de peu de documents sur sa vie. L’essentiel des informations le concernant provient de la correspondance de Mézières-Lepervanche et de Féréol Bellier ainsi que de certains documents d’archives.

Cette exposition est présentée dans les jardins du musée historique de Villèle depuis le 19 décembre 2022.
Elle est également accessible en ligne, traduite en anglais, portugais et créole réunionnais.

 

Découvrez l’exposition

10 mai 2023.
Le Musée historique de Villèle prend part au Temps des mémoires

À l’occasion de la 18e Journée nationale des mémoires de l’esclavage, des traites et de leurs abolitions et en partenariat avec la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, le musée historique de Villèle fait entrer dans ses collections 25 créations visuelles de Karl Kugel conçues pour la deuxième édition française du roman de Gustave Oelsner-Monmerqué, Schwarze und Weiße. Skizzen aus Bourbon (Noirs et Blancs. Esquisses de Bourbon), une coédition Musée de Villèle, Université de La Réunion en 2017.

 

 

 

 

 

Abolitionniste convaincu, observateur attentif de la société créole qu’il découvre à Bourbon de 1842 à 1845, Gustave Oelsner-Monmerqué, journaliste franco-allemand, nous laisse un roman où se mêle à la fiction narrative la réalité d’une époque marquée par la question de l’esclavage.

Karl Kugel, photographe et créateur visuel, a accepté d’aller entre les lignes et entre les mots de l’ouvrage pour relever le défi de mettre en images cette double lecture du roman.

 

 

 

Découvrez la mise en vue de Noirs et Blancs, esquisses de Bourbon

« Les musées face à l’esclavage : le défi de réconcilier les récits sur un héritage commun »
Symposium, du 12 au 16 avril 2023

Kartyé Lib Mémoire & Patrimoine Océan Indien avec les partenaires le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme, le Forum de réflexion Afrospectives, le Musée des Civilisations noires et la Coalition Internationale des Sites de Conscience organisent un symposium international sur le thème « Les musées face à l’esclavage : le défi de réconcilier les récits sur un héritage commun » à l’Île de La Réunion du 12 au 15 avril 2023 à l’auditorium de la Médiathèque Auguste Lacaussade à Saint-André et le 16 avril au Centre et Cie Ismaël Aboudou à Saint-Denis.

 

Ce symposium qui s’inscrit dans le cadre de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine (2015-2024) proclamée par les Nations-Unies devrait réunir des chercheurs, des professionnels des musées et du patrimoine, des gestionnaires de sites et lieux de mémoire, des éducateurs et des créateurs venant de différentes régions du monde.

Les objectifs visés par le symposium sont de faire mieux comprendre l’impact de Toussaint Louverture et la Révolution haïtienne dans les différentes régions du monde et notamment dans l’océan Indien, d’échanger les expériences et les pratiques éprouvées en matière d’interprétation et de représentation de l’esclavage dans les musées, de discuter des nouvelles approches pour développer des récits fédérateurs sur cet héritage commun et d’explorer les opportunités et les modalités de collaboration et partenariat entre les musées.

Les tables rondes sur les musées s’articuleront autour de trois axes suivants :
– Silences, ignorances et connaissances sur l’esclavage ;
– Analyses critiques des expériences et pratiques existantes sur les représentations et interprétations de l’esclavage ;
– Les musées comme lieu de réconciliation : nouvelles approches et pratiques muséales.

 

Ces tables rondes seront ouvertes aux associations et aux particuliers ès qualité qui en auront manifesté la demande sous réserve du nombre de places disponibles. Une restitution des travaux sera immédiatement proposée au grand public à la fin de la manifestation.

 

Programme :

– Jour 1 : Exposition, discours d’ouverture et animations artistiques
– Jour 2 : Conférences : Influence de Toussaint Louverture, de ses compagnons – de lutte et de la Révolution haïtienne sur les mouvements d’émancipation et d’abolition dans le monde
– Jours 3, 4 et 5 : Tables rondes : Quelles nouvelles approches pour représenter l’esclavage dans les musées et espaces publics ?

Le « Portail Esclavage » en créole réunionnais

Afin de valoriser la langue créole et de permettre à tous les Réunionnais de s’approprier le « Portail Esclavage », le musée de Villèle, en étroite collaboration avec Lofis la lang kréol, a entamé un chantier de traduction de ses contenus.

Dans un souci d’accessibilité, nous proposons également aux visiteurs une version audio des textes rédigés par les chercheurs.

Nous vous présentons cette année, traduits en créole, les articles publiés dans la rubrique « Société de plantation ».

Ce chantier se poursuivra tout au long de l’année 2023.

 

Créé en 2006, Lofis la lang kréol La Rényon s’est donné pour objectif « d’œuvrer à la connaissance, l’observation et la valorisation de la langue créole de La Réunion dans le cadre d’un bilinguisme français-créole harmonieux. » Il poursuit depuis ses actions de promotion de notre langue réunionnaise, à travers des rencontres, expositions, événements culturels. Notre association mène également un gros travail d’équipement de la langue par ses recherches et publications sur la graphie, la grammaire et le lexique du kréol rényoné.

Dans cette perspective, Lofis la lang kréol a répondu favorablement à la demande du Conseil départemental soucieux d’offrir aux Réunionnais la traduction dans leur langue des publications de ses musées : avec hier le livret de présentation de ses trois Musées de France et aujourd’hui les textes du « Portail Esclavage Réunion » du Musée de Villèle.

Édition 2022

Une fois encore, ce 20 Désanm 2022, s’annonce comme un
Gran 20 Désanm !

Et comme depuis 2018, le Département veut célébrer l’abolition de l’esclavage :
• en voulant rassembler les Réunionnais autour de cette date majeure de leur histoire, sur un site emblématique du système esclavagiste, là même où sera inauguré dans quelques années un musée de Villèle dont le propos aura été renouvelé, et qui racontera l’histoire de l’esclavage et de l’habitation ;
• et en accueillant des personnalités et des experts, de France et des pays de l’océan Indien, à partager ce temps de commémoration.

 

 

 

 

 

 

Le programme 2022 est riche et dense. Il sera l’occasion de montrer que le projet du futur musée avance (chantier archéologique), de diffuser de nouveaux savoirs historiques (c’est Edmond Albius qui sera cette année à l’honneur), de valoriser les héritages de la période de l’esclavage (la langue créole, le maloya, la cuisine…) et de partager la fête de la liberté tout simplement. Le coup d’envoi du Gran 20 Désanm a été lancé avant la manifestation avec l’accueil de la Journée de l’Histoire, l’organisation du Trail de Villèle, la remise de trophées aux courses dédiées au marronnage… en attendant l’apothéose des 19 et 20 décembre.

Que cette 5ème édition soit aussi réussie que les précédentes, à la fois solennelle et fraternelle !

Cyrille Melchior,
Président du Conseil départemental

 

 



En savoir plus

Séminaire « Histoire, mémoire et héritages de l’esclavage »
5 et 6 décembre 2022

La Fondation pour la mémoire de l’esclavage, en partenariat avec l’académie de La Réunion, propose les 5 et 6 décembre un séminaire intitulé « Histoire, mémoire et héritages de l’esclavage ».

Conférences, expositions, ressources documentaires et outils pédagogiques seront présentés aux enseignants de toutes les disciplines, inscrits à ce séminaire volontairement transversal : l’esclavage sera étudié à travers une pluralité de regards, historiques mais aussi artistiques avec la musique, les arts plastiques, la bande dessinée. La richesse du programme permettra de croiser ces regards et d’étendre le propos à l’engagisme.

 

 

Le séminaire prendra place dans des sites patrimoniaux et culturels mis à disposition par nos partenaires de la Région et du Département : aux Archives Départementales à Saint-Denis le premier jour pour se poursuivre dans l’ouest, au musée de Villèle et au musée Stella Matutina, le second jour.

Voir le programme du séminaire

 

Colloque « Esclavage. Nouvelles approches »
26 novembre 2022 – Musée de Villèle

L’édition 2022 de la Semaine de l’histoire de l’Indianocéanie qui a débuté le 21 novembre à la médiathèque de Saint-André s’achèvera le samedi 26 novembre à la chapelle pointue du Musée historique de Villèle.

 

 

 

 

 

Organisée par l’Association historique internationale de l’océan Indien (AHIOI), en partenariat avec le Département de La Réunion, cette dernière journée, consacrée au colloque international « Esclavage. Nouvelles approches », est le jalon scientifique du Gran 20 desanm 2022.

Le colloque sera l’occasion pour les spécialistes de l’histoire des îles de l’océan Indien (La Réunion, Madagascar et Maurice) de faire un état des lieux de la recherche sur l’esclavage dans zone.

 

Découvrir le programme du colloque

Exposition « Archéologie de l’esclavage colonial » au Musée de Villèle

Le Musée historique de Villèle accueille l’exposition archéocapsule « Archéologie de l’esclavage colonial – De sucre et de sang ». Elle sera présentée à l’étage de la maison des maîtres du 17 septembre au 30 novembre 2022, en résonance avec les travaux de fouilles archéologiques prévus sur le site muséal dès la mi-octobre 2022.

Avec comme objectif commun, le partage et la transmission du savoir archéologique et de son apport à l’histoire, l’Inrap et la Direction des Affaires Culturelles de La Réunion, mutualisent leurs moyens et compétences pour la diffusion de l’archéocapsule sur l’archéologie de l’esclavage colonial. Cette exposition, conçue par l’Inrap, est diffusée par la DAC sur l’ensemble du territoire réunionnais pour sensibiliser le public.

 

 

L’archéologie joue désormais un rôle capital dans l’histoire de la servitude. Des rivages de l’Atlantique à ceux de l’océan Indien, les fouilles et recherches aux Antilles, en Guyane, à La Réunion, en Afrique ou en métropole ont profondément renouvelé l’approche de l’asservissement durant la période des Temps modernes et contemporains. Depuis une trentaine d’années, les données de l’archéologique préventive collectées sur des sites de futurs aménagements se sont avérées être une source sans équivalent pour étudier et documenter le système esclavagiste, qui a fait la prospérité et façonné l’identité de nombreuses sociétés modernes. Elles apportent de nouvelles informations, complémentaires des sources écrites qui émanent principalement de l’État, des marchands et des propriétaires et qui sont, de ce fait, lacunaires, univoques et partiales.

 

 

L’archéologie contribue à tous les champs de l’histoire de l’esclavage : état sanitaire des populations et conditions de vie des esclaves, habitat et vie quotidienne dans l’exploitation (souvent sucrière), production domestique (céramique, pipes…), inhumation et pratiques religieuses et culturelles. Même la résistance et le marronnage, la fuite hors des espaces contrôlés par le maître sont documentées par l’archéologie.

La « Vallée secrète » : le premier site archéologique avéré de marronnage à La Réunion. Photo A-L Dijoux, Anne-Laure (droits réservés)

L’archéocapsule « Archéologie de l’esclavage colonial » présente une sélection de 8 exemples de découvertes archéologiques sur le thème de l’esclavage, mettant en exergue les enjeux de société qui y sont liés.

Cette exposition compte également les trois kakémonos « Vous avez dit archéologie ? », « Attention patrimoine fragile » et « Le patrimoine archéologique : un bien commun à préserver » qui sont une adaptation à l’océan Indien par le service régional de l’archéologie de la DAC, d’une exposition conçue par la sous-direction de l’archéologie du ministère de la Culture pour expliquer l’archéologie au grand public.

L’exposition-dossier « Archéologie de l’esclavage colonial » conçue et produite par l’Inrap est accompagnée d’un dossier pédagogique élaboré par la Fondation pour la mémoire de l’esclavage.

Explorer les ressources pédagogiques

Pour aller plus loin :

Lire l’article d’Anne-Laure Dijoux « L’archéologie du marronnage à La Réunion »
Découvrir le dossier conçu par l’Inrap « Sur les traces de l’esclavage colonial »

Un patrimoine réunionnais inédit
Loisirs. Nouvelles de Bourbon
par Auguste Logeais

Acquis en 2020 par la Bibliothèque départementale de La Réunion, ce recueil de nouvelles apporte un précieux témoignage sur la société bourbonnaise durant les années qui précèdent l’abolition de l’esclavage.

 

 

On ne dispose que peu de références sur ce livre imprimé à seulement 50 exemplaires. Idem sur son auteur. On sait qu’il contribua à un journal de Laval, L’Echo de la Mayenne, et qu’il résida probablement à Bourbon entre 1840 et 1850 : son nom figure dans les recensements des propriétaires d’esclaves de Saint-Benoit en 1847-48.

L’imprimeur, dont la préface prévient du caractère confidentiel de la publication, a enrichi les textes d’ornements typographiques exécutés avec le plus grand soin. Bien que l’auteur véhicule un certain nombre de préjugés en vogue à l’époque, cet ouvrage revêt un caractère précurseur additionnel puisque certains dialogues des récits sont écrits en créole.

Composé d’un frontispice représentant Bras-Canot, de 7 nouvelles traitant essentiellement du marronnage, ainsi que de 5 lettres de l’auteur racontant ses pérégrinations dans la société et la nature bourbonnaise, ce livre révèle un ensemble de créations littéraires et de témoignages historiques inédits publiés quelques années avant l’abolition de l’esclavage, et en partie parus dans la presse métropolitaine.

Consulter l’ouvrage

 

 

 

Cette acquisition a donné lieu, le jeudi 4 février 2021, à une conférence présentée par Prosper Eve, professeur des Universités, membre du comité scientifique de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage.
Du nouveau sur l’esclavage à l’île Bourbon ou Regard d’Auguste Logeais sur l’esclavage à l’île Bourbon au début des années 1840
Replay de la conférence

 

Ce texte a été réédité en 2022 chez Cicéron Éditions dans la collection « Mémoire des Mascareignes » en partenariat avec la Bibliothèque départementale de La Réunion. Le document original, intégralement reproduit, est introduit par Prosper Ève et commenté par Thierry Caro.

Loisirs Nouvelles de Bourbon / Auguste Logeais. – Cicéron Editions, 2022.

Colloque international « Esclavages. Des traites aux émancipations, trente ans de recherches historiques »

L’année 2022 célèbre le 30e anniversaire de l’exposition Les Anneaux de la Mémoire au château des ducs de Bretagne.

 

Cette manifestation a eu un grand retentissement et a contribué à la mise en place d’une dynamique générale de reconnaissance et de réflexion sur le passé des ports de commerce et, plus largement, sur la participation de la France à la traite et à l’esclavage colonial. La loi Taubira de 2001 a constitué une étape importante de cette reconnaissance tout comme, à l’échelle internationale, la conférence de Durban, organisée la même année par l’UNESCO.

​Conçue dans une optique résolument historique, l’exposition de 1992 a bénéficié de l’expertise de nombreux chercheurs travaillant sur ces questions et a pu s’appuyer sur les résultats d’un grand colloque international, organisé en juillet 1985 à l’université de Nantes par Serge Daget.

​Depuis une trentaine d’années, la recherche scientifique dans les domaines des traites, des esclavages et de leurs abolitions a réalisé d’énormes progrès. La bibliographie relative à ces sujets est considérable. Le temps d’en proposer un bilan semble venu, sans omettre d’évoquer les tendances actuelles de la recherche et les perspectives qui s’esquissent.

C’est l’ambition de ce colloque international, porté par le CRHIA et l’association nantaise Les Anneaux de la Mémoire.

 

 

Du 11 au 13 mai 2022
Salons Mauduit, 10 rue Arsène Leloup, 44 100 NANTES
Entrée libre et gratuite.
Inscription conseillée (formulaire en ligne) : https://urlz.fr/hvv7
Colloque accessible en ligne via la plateforme Zoom : inscription obligatoire jusqu’au 10 mai : https://urlz.fr/hvv7

Télécharger le programme

Hommage à une grande voix du maloya
Françoise Guimbert (1945-2022)

La chanteuse de maloya, Françoise Guimbert, s’est éteinte le 25 mars 2022 à l’âge de 76 ans à son domicile de Saint-Benoît.

Sa vie fut un modèle de persévérance.
Celle que l’on surnomme la marraine du maloya est née dans une famille pauvre de Saint-Benoît. Elle quitte l’école en CM1, pour devenir employée de maison à l’âge 12 ans.

Auteur, compositeur, interprète, percussionniste, douée et déterminée, elle connaît son premier succès musical avec « Tantine Zaza » en 1978. Elle enregistre ce titre au studio Royal à Saint-Joseph avec René Lacaille.

« Tantine Zaza » : une interview de Françoise Guimbert réalisée par Laurent Pantaléon en 2018

 

Elle crée ensuite le groupe Voulvoul, composé de dix-huit personnes, musiciens, danseurs et danseuses. Elle est alors la première femme à créer un groupe de maloya, le milieu du séga et du maloya étant à cette époque largement masculin.

En 2001, Françoise Guimbert se fait connaître au-delà de La Réunion en enregistrant l’album Paniandy.

Elle est faite Chevalier de la Légion d’honneur en 2014 en même temps que Firmin Viry.

En 2016, Françoise Guimbert avait fêté ses 45 années de scène à la Cité des arts.

4ème édition du Gran 20 desanm

Comme chaque année depuis 2018, sur le site même de notre musée d’histoire. Comme chaque année, solennelle et culturelle, festive et populaire.

Entre permanences (le Kan, les concerts dans la chapelle, le kabar podium…) et nouveautés (la mise en valeur des tambours, un mapping Afrique du Sud− Réunion…) la programmation 2021 qui réunit toujours autant d’artistes, d’associations, d’historiens… est une invitation à plonger dans l’histoire et à se plonger dans la mémoire de l’esclavage à La Réunion, en particulier ses héritages artistiques, culturels, culinaires…

Et parce que cet événement est né à la faveur du projet départemental de doter La Réunion du seul établissement culturel de La Réunion qui traitera du monde de l’habitation et de l’histoire de l’esclavage – chaque Gran 20 Désanm est pour le Conseil départemental le moment de présenter un point d’étape de ce chantier majeur.

A l’étage de l’ancienne maison des maîtres, qui devient la maison du projet, seront ainsi présentées une nouvelle version de l’esquisse retenue par le jury du concours en 2020 et la maquette du futur musée.

Le public pourra aussi en découvrir la préparation des contenus avec la mise en fabrication effective de l’Atlas de La Réunion et de l’Esclavage, la nouvelle version du Portail Esclavage-Réunion désormais traduit en portugais, les derniers objets de collections achetés par les établissements culturels, une résidence d’artiste qui démarre sur le maloya…

Et en préfiguration de ce que sera ce lieu d’histoire, de mémoire et de culture, nous poursuivons notre long travail de construction des partenariats de tous ordres, locaux, nationaux et internationaux.

En attendant, place à la fête, place à la célébration de la liberté, place au Gran 20 Désanm de toute La Réunion.

Cyrille Melchior,
Président du Conseil départemental de La Réunion

 

 

Au programme de la manifestation

 

UN MUSÉE POUR DEMAIN
UN MIZÉ POU TANTO, POU TALÈR, POU DOMIN

A l’étage de l’ancienne maison des maîtres, seront présentés et accessibles au public divers aspects du projet du musée. Ils sont en cours d’élaboration, ils s’enrichissent continuellement, et donnent tous à comprendre les partis pris du chantier départementale.

« Un mizé pou tanto, pou talèr, pou domin »

Maquette du futur musée de Villèle

Après la présentation de l’esquisse retenue par le jury en 2019, ce Gran 20 désanm propose celle de la maquette. Évolutive, elle affine encore la diffusion des informations auprès du grand public.

 

« Nou fé lo plan, nou prépar nout zarlor »

Présentation des dernières acquisitions d’objets de collection.
Dans la perspective d’une présentation la plus riche possible de l’histoire de l’esclavage dans le futur musée, le Département dynamise sa politique d’enrichissement des collections afférentes.
En 2021, il présentera ses dernières acquisitions : livre ancien, jetons de numismatique et aussi un jeton du musée Stelle Matutina (Conseil régional) et des tambours du musée Saranghi.

Inde française, Louis XV 1715-1774) : jeton de la 2e Compagnie des Indes orientales. 1723. Cuivre.
Coll. Musée de Villèle

 

EXPOSITION DE L’OEUVRE
« Peuple infini »

En l’espace de trois siècles et demi, l’Histoire a réuni sur le sol de notre île des populations venues d’Europe, d’Afrique, de Madagascar, d’Asie et d’autres îles de l’océan Indien, porteuses de traditions fortes et anciennes. La société réunionnaise contemporaine se veut toujours une terre d’accueil et de rencontre de civilisations millénaires, associées dans une même communauté de destin.
Issu d’une résidence d’artiste accueillie par l’Iconothèque Historique de l’océan Indien, ce travail d’interprétation réalisé par l’artiste Lionel Lauret prend appui sur des portraits et des images anciennes illustrant le peuplement de La Réunion.
L’Ico‑nomade met à l’honneur des sources iconographiques riches et diverses de cette histoire du peuplement de La Réunion dans un tourbillon sonore orchestré par Rodolphe Legras et Doc Legs.
Ce dispositif immersif plonge dans une histoire par l’image qui s’anime à l’aide de procédés d’animations contemporains.

 

EXPOSITION
« Tambour battant » de Jack Beng-Thi

La Réunion tambour battant
« Les éruptions du Piton de la Fournaise augmentent le territoire de laves ruisselant puis crispées.
L’océan Indien l’érode d’une pulsation continue. La mer boxe la barrière de corail et les falaises, elle lisse, répétée, les plages de sable ou de galets se caillassant les uns les autres.
Les cyclones ravinent les pentes, les pluies frappent les toits, crépitent sur la caisse claire des tôles,
parfois grésillent à peine, puis, l’avalasse enclot de sa masse d’eau les humains : c’est le son sourd d’un immense tambour. »

« Quelques uns des musiciens de Maloya : Granmoun Lélé, Granmoun Bébé, famille Baba, le Rwa Kaf ,Firmin Viry, famille Gado, famille Ramouche, les Batis kabaré, Mamo, Simon Lagarrigue, Nathalie Natiembé, Françoise Gimbert, Alain Péters, Christine Salem, Danyèl Waro, Ann O’Aro, et tous les autres, et dans les cours, dans les cases… »

« Les roulements têtus battent des temps opiniâtres. »
Extrait du texte de présentation par l’artiste

 

MAPPING SUR LA FACADE DU MUSÉE
« Réunion – Afrique du Sud »

Une des façades de l’ancienne maison des maîtres accueille une création de cinq minutes inspirée d’un croisement d’images et de messages tirés de documents historiques de La Réunion et de l’Afrique du Sud.
Elle est l’oeuvre de Frédéric Brun-Picard.

 

LA BOUTIQUE
Focus sur les nouveautés !

 

 

 

Journal d’habitation de Madame Desbassayns tenu en son absence par un employé (1815‑1817) / transcription du manuscrit par Christel de Villèle ; notes et compléments d’Alexis Miranville. – Les éditions de Villèle, 2021.
Ouvrage diffusé par les associations Cercle des Muséophiles de Villèle et Kan Villèle.

 

 

 

 

 

 

 

Vali pour une reine morte / Boris Gamaleya. – Les éditions Wallada, 2021.

 

 

 

 

 

JOURNÉE DE L’ESCLAVAGE DE LA SEMAINE DE L’HISTOIRE

 

 

 

27 NOVEMBRE
Organisation : Association historique internationale de l’océan Indien
Président : Prosper ÈVE
Thème : « Esclavage »
Lieu : Musée de Villèle
● Présence des contributeurs – ouverture au public –avec les intervenants extérieurs
● Retransmission sur le site Portail Histoire et Mémoire de l’Esclavage
Une manifestation intellectuelle

Un portail multilingue pour s’ouvrir au monde

Déjà disponible en français et en anglais, ce site unique sur la thématique de l’esclavage est disponible à compter de 2021 en portugais.

Le musée historique de Villèle est un témoin patrimonial de la société de plantation et de la période de l’esclavage à l’île de La Réunion.

A ce titre, il offre aux visiteurs l’expérience d’une immersion dans la vie d’une propriété coloniale au XIXe siècle ainsi que des outils de compréhension de l’époque de l’esclavage.

A l’heure du numérique, il a créé un site internet dédié à ces thématiques, inauguré le 20 décembre 2018 à l’occasion du 170e anniversaire de l’abolition de l’esclavage à La Réunion.

Ce site complète l’offre culturelle du musée et remplit la fonction d’un centre de ressources spécialisé. Outil de connaissances vivant, il s’enrichit régulièrement de nouvelles contributions. Il compte actuellement 52 articles rédigés par des chercheurs (historiens, anthropologues, archéologue, ethnologues, économiste et juriste).

Afin de relier le Musée de Villèle aux lieux et établissements qui évoquent l’histoire de l’esclavage et de la traite dans le monde, nous avons lancé en 2019 la version anglaise de notre site.

Le 20 décembre 2021, nous publions la version portugaise et nous ouvrons ainsi le « portail Esclavage » au monde lusophone.

Atlas de l’habitation et de l’esclavage de La Réunion

Doté de nouveaux bâtiments et de moyens renforcés, le musée pourra, au terme du grand chantier de restructuration lancé depuis 2018, se positionner comme un centre de référence et d’expertise scientifique et documentaire sur ses thématiques de prédilection.
C’est dans cette perspective qu’il lance un projet de cartographie : l’Atlas de l’habitation et de l’esclavage de La Réunion.

Cette réalisation prendra plusieurs années. Les visiteurs du musée peuvent en suivre l’avancement grâce aux cartes présentées à l’étage de la maison de maître et qui seront régulièrement enrichies.

D’abord disponible en version numérique, elle pourra à son terme faire l’objet d’une édition papier.

L’atlas : outil pour la connaissance, un moyen de raconter l’Histoire

L’objectif est de rassembler toute la connaissance sur le sujet, d’en transcrire les données et de représenter, au moyen de cartes, la manière dont l’habitation et l’esclavage, intimement liés, ont façonné le territoire réunionnais, à travers ses paysages, son bâti et son organisation sociale.

L’esclavage : un système d’assujettissement et d’exploitation

Considérés dans le Code Noir comme biens meubles, les esclaves représentent un groupe social soumis à un régime politique et économique les privant de liberté, et contraint d’exercer des fonctions économiques sans autre contrepartie que le logement et la nourriture.

À Bourbon / La Réunion, à l’époque où celle-ci était une colonie, l’esclavage a été à la fois le facteur déterminant et la conséquence du développement de la société et de l’économie de plantation qui ont donné naissance aux habitations.

L’habitation : espace de production et de servitude

Appelée plantation aux Antilles, hacienda dans les anciennes colonies espagnoles ou fazenda au Brésil, l’habitation était, à Bourbon / La Réunion, une structure de production agricole ou agro-industrielle rurale coloniale.

Bourbon / La Réunion a vu se développer plusieurs types d’habitations, dont principalement :
-Les habitations vivrières (production de denrées alimentaires)
-Les habitations caféières (production spéculative du café)
-Les habitations cannières (culture de la canne à sucre)
-Les habitations-sucreries (culture de la canne et fabrication du sucre)

Pour fonctionner, ces habitations avaient besoin de main-d’œuvre qui, jusqu’en 1848, était essentiellement constituée d’esclaves.

La carte ci-dessous représente l’ensemble des habitations-sucreries ayant existé entre 1785 et 1848. Ce sont ces dernières en effet, qui concentraient les plus importants effectifs d’esclaves.

Ile de La Réunion – Carte des habitations sucrerie. Xavier Le Terrier. 2021.
Tous droits réservés – reproduction interdite

 

Hommage à l’historien Marcel Dorigny (1948-2021)

L’historien Marcel Dorigny, spécialiste de la traite négrière transatlantique, de l’esclavage colonial et des mouvements abolitionnistes, est décédé le mercredi 22 septembre 2021 à l’âge de 73 ans.

 

 

Professeur émérite, Marcel Dorigny enseignait au département d’histoire de l’université Paris-VIII.
Ses recherches portaient sur les courants du libéralisme français au XVIIIe siècle et dans la Révolution française, principalement dans les domaines coloniaux : la place de l’esclavage dans les doctrines libérales du XVIIIe siècle et de la première moitié du XIXe siècle ainsi que sur les courants antiesclavagistes et abolitionnistes, de la Société des amis des Noirs.

Secrétaire général de la Société des études robespierristes de 1999 à 2005, directeur de la revue Dix-huitième siècle, membre du Comité des travaux historiques et scientifiques, membre du Comité de réflexion et de proposition pour les relations franco-haïtiennes, présidé par Régis Debray, il était également membre du Comité pour la mémoire de l’esclavage.

Le portail numérique Société de plantation, histoire et mémoires de l’esclavage à La Réunion, auquel il a contribué, lui rend hommage.

 

Lire l’article de Marcel Dorigny publié sur le site :

20 décembre 1848 : l’abolition de l’esclavage à la Réunion

 

Bibliographie :

L’esclavage : illustrations et caricatures, 1750-1870 / Philippe Altmeyerhenzien, Marcel Dorigny. – La Crèche : Geste éditions, 2021. – : 1 vol. (184 p.) ; 26 cm.

Grand Atlas des empires coloniaux : premières colonisations, empires coloniaux, décolonisations, XVe – XXIe siècles / Marcel Dorigny, Jean-François Klein, Jean-Pierre Peyroulou…[et al.] ; cartographie Fabrice Le Goff. – Deuxième édition. – Paris : Éditions Autrement, 2019. – 1 vol. (287 p.) ; 28 cm . – (Autrement. Série Atlas. Mémoires, ISSN 1254-5724)

Les abolitions de l’esclavage : 1793-1888 / Marcel Dorigny. – Paris : Que sais-je ?, DL 2018. – 1 vol. (126 p.) : ill. ; 18 cm

Arts & lettres contre l’esclavage / Marcel Dorigny. – Paris : Éditions Cercle d’art, impr. 2018. – 1 vol. (239 p.) : ill. en coul. ; 25 cm + 1 livret

Atlas des esclavages : de l’Antiquité à nos jours / Marcel Dorigny, Bernard Gainot ; cartographie Fabrice Le Goff. – Paris : Autrement, impr. 2013. – 1 vol. (96 p.) : cartes et ill. en coul., tableaux, graph., couv. ill. en coul. ; 25 cm. – (Collection Atlas-mémoires, ISSN 1254-5724)

Atlas des premières colonisations : XVe – début XIXe siècle : des conquistadores aux libérateurs / Marcel Dorigny ; cartographie Fabrice Le Goff. – Paris : Le grand livre du mois, 2013. – 1 vol. (96 p.) : cartes et ill. en coul., tableaux, graph., couv. ill. en coul. ; 25 cm

Anti-esclavagisme, abolitionnisme et abolitions : débats et controverses en France de la fin du XVIIIe siecle aux années 1840 / Marcel Dorigny. – Sainte-Foy [Québec] : Presses universitaires de Laval, 2008. – 1 vol. (39 p.) ; 15 cm. – (Mercure du Nord. Verbatim)

Révoltes et révolutions en Europe et aux Amériques : 1773-1802 / Marcel Dorigny. – Paris : Belin, 2004. – 173 p. : ill., couv. ill. en coul. ; 24 cm. – (Belin sup. Histoire)

La Société des amis des noirs, 1788-1799 : contribution à l’histoire de l’abolition de l’esclavage / Marcel Dorigny, Bernard Gainot. – Paris : Éd. Unesco : Edicef, 1998. – 429 p. : ill., couv. ill. en coul. ; 24 cm. – (Mémoire des peuples)

Couleurs, esclavages, libérations coloniales, 1804-1860 : réorientation des empires, nouvelles colonisations, Amériques, Europe, Afrique / sous la direction de Claire Bourhis-Mariotti, Marcel Dorigny, Bernard Gainot… [et al.]. – Bécherel : les Perséides éditions, DL 2013. – 1 vol. (413 p.) ; 23 cm. – (Le monde atlantique)

Les mondes coloniaux à Paris au XVIIIe siècle : circulation et enchevêtrement des savoirs / Anja Bandau, Marcel Dorigny et Rebekka v. Mallinckrodt, éd.. – Paris : Éd. Karthala, impr. 2010. – 1 vol. (297 p.-[8] p. de pl.) : ill. en coul., couv. ill. en coul. ; 24 cm. – (Hommes et sociétés)

Les traites négrières coloniales : histoire d’un crime / sous la direction de Marcel Dorigny et Max-Jean Zins ; présentation, Daniel Voguet. – Paris : Éd. Cercle d’art, impr. 2009. – 1 vol. (263 p.) : ill. en noir et en coul., couv. ill. ; 27 cm

Les Lumières, l’esclavage, la colonisation / Yves Benot ; textes réunis et présentés par Roland Desné et Marcel Dorigny. – Paris : Éd. la Découverte, 2005. – 1 vol. (326 p.) : couv. ill. en coul. ; 24 cm. – (Textes à l’appui. Histoire contemporaine)

1802, rétablissement de l’esclavage dans les colonies françaises : aux origines d’Haïti : ruptures et continuités de la politique coloniale française, 1800-1830 : actes du colloque international tenu à l’Université de Paris VIII les 20, 21 et 22 juin 2002 / organisé par l’Association pour l’étude de la colonisation européenne et placé sous le patronage du programme La route de l’esclave de l’UNESCO ; sous la dir. de Yves Bénot et Marcel Dorigny. – Paris : Maisonneuve & Larose, 2003. – 591 p. : ill., couv. ill. ; 24 cm

Haïti, première république noire / sous la dir. de Marcel Dorigny. – Saint-Denis : Publications de la Société française d’histoire d’outre-mer ; Paris : Association pour l’étude de la colonisation européenne, 2003. – 264 p. : ill., couv. ill. en coul. ; 24 cm

La France et les Amériques au temps de Jefferson et de Miranda / ouvrage dir. par Marcel Dorigny, Marie-Jeanne Rossignol. – Paris : Société d’études robespierristes, 2001. – 173 p. : couv. ill. en coul. ; 24 cm. – (Collection Études révolutionnaires ; 1)

Grégoire et la cause des Noirs : combats et projets, 1789-1831 / sous la dir. d’Yves Bénot et Marcel Dorigny ; dossier thématique préparé en collab. avec l’Association pour l’étude de la colonisation européenne. – Paris : Société française d’histoire d’outre-mer, 2000. – 398 p. : couv. ill. ; 24 cm

Esclavage, résistances et abolitions : [actes du 123e Congrés national des sociétés historiques et scientifiques, Section d’histoire moderne et contemporaine, Fort-de-France, 6-10 avril 1998] / [organisé par le] Comité des travaux historiques et scientifiques ; sous la dir. de Marcel Dorigny. – Paris : Éd. du CTHS, 1999. – 1 vol. (575 p.) : ill., couv. ill. en coul. ; 24 cm

De l’esclavage aux abolitions : XVIIIe-XXe siècle / Jean Métellus, Marcel Dorigny. – Paris : Cercle d’art, cop. 1998. – 175 p. : ill. en noir et en coul., jaquette ill. en coul. ; 30 cm

Léger-Félicité Sonthonax : la première abolition de l’esclavage : la Révolution française et la Révolution de Saint-Domingue : [colloque de Paris, 7-8 septembre 1990] / [organisé par l’association Mémoire de Léger Félicité Sonthonax] ; textes réunis et présentés par Marcel Dorigny. – Saint-Denis : Société française d’histoire d’outre-mer ; Paris : Association pour l’étude de la colonisation européenne, 1997. – 173 p. : couv. ill. en coul. ; 24 cm. – (Bibliothèque d’histoire d’outre-mer. Nouvelle série. Études ; 16)

Les abolitions de l’esclavage : de L. F. Sonthonax à V. Schoelcher : 1793-1794-1848 / actes du colloque international tenu à l’université de Paris VIII les 3, 4 et 5 février 1994 ; organisé par l’Association pour l’étude de la colonisation européennne… ; textes réunis et présentés par Marcel Dorigny. – Saint-Denis : Presses universitaires de Vincennes ; Paris : UNESCO, 1995. – 415 p. : ill., couv. ill. en coul. ; 24 cm

20 ans de la loi Taubira.
Le Conseil départemental de La Réunion annonce un atlas de l’esclavage pour 2023

Le Conseil départemental annonce le lancement d’un atlas de l’esclavage à La Réunion à l’occasion des 20 ans de la loi du 21 mai 2001 tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité et en préfiguration du futur musée de Villèle.

 

Présentation

• Il n’existe pas d’atlas consacré à l’esclavage à La Réunion. Or, un tel outil est nécessaire à la compréhension de la manière dont l’esclavage a impacté, dans différents domaines, le territoire, les hommes et leur mémoire.

Pourquoi un atlas ?

• Un atlas est un recueil de cartes permettant de localiser et de donner une lecture spatialisée des faits historiques. Il permet de comprendre comment ils ont évolué chronologiquement et géographiquement.

Une information complète

• L’atlas recensera les lieux physiques et symboliques ayant un lien avec l’esclavage :
– Les anciennes habitations
– Les lieux de marronnage
– Les lieux et objets de mémoire
– Le patrimoine matériel et immatériel
– Les toponymes ou l’esclavage dans le paysage
– Les services publics de la recherche et de la culture (Archives, université, musées, centres de ressources etc.)

• Il détaillera toute information disponible et identifiée en rapport avec chaque lieu.

Un outil moderne et accessible

• L’atlas sera numérique, librement consultable en ligne, de manière dynamique, intuitive et interactive.
• Il sera enrichi au fur et à mesure de l’avancée de la connaissance.
• Il pourra être publié sous forme d’atlas physique.

Un projet fédérateur, collaboratif

• La réalisation d’un tel projet est complexe. Elle nécessite la collaboration scientifique, culturelle, technique et matérielle d’un grand nombre de partenaires (monde de la recherche, sociétés savantes, associations…).
• Elle a aussi besoin de l’adhésion populaire.
• Et dans tous ces domaines, du concours de l’État, des collectivités, des institutions scientifiques et culturelles, des fondations et des entreprises privées au titre du mécénat.

Calendrier

2021 : état des lieux, constitution du corpus documentaire
2022 : élaboration de la cartographie
2023 : mise en ligne/inauguration des premiers contenus.

Les indemnités versées aux propriétaires d’esclaves recensées dans une base de données

Dans le cadre du projet de recherche « Repairs » une équipe du Centre international de recherche sur les esclavages et les post-esclavages du CNRS a retracé l’attribution et la circulation des titres d’indemnités au 19e siècle dans les anciennes colonies esclavagistes françaises, informations publiées sous forme d’une base de données, la première du genre.

Après avoir aboli l’esclavage pour la seconde fois le 27 avril 1848, la France accorde en 1849 une indemnité aux anciens propriétaires d’esclaves de l’empire colonial, à La Réunion, en Martinique, Guadeloupe, Guyane, au Sénégal et à Nosy Bé et Sainte-Marie de Madagascar. À travers cette mesure controversée, l’État tente de préserver ses intérêts économiques dans les colonies dont la possession est en péril, les colons menaçant de quitter ces territoires. 126 millions de francs or y seront consacrés sous forme de versement immédiat en numéraire (6 millions) et de rente annuelle de 6 millions sur 20 ans, selon des montants différents pour chaque colonie : une somme qui représente une part importante des dépenses publiques (Le revenu national de l’époque était de l’ordre de 10 milliards de francs or, 126 millions représentaient donc 1,3 % du revenu national. Actuellement le revenu national est d’environ 2100 milliards d’euros et en appliquant la même proportion, l’indemnité représenterait 27 milliards d’euros).

Ce travail a permis de montrer que les indemnités n’étaient pas réservées seulement aux grands propriétaires : plus de 30 % des bénéficiaires étaient des personnes de couleur, qui possédaient quelques esclaves (dans ces sociétés, le salariat n’existait pas). Par ailleurs, certains titres ont changé de mains afin d’éponger les dettes des anciens propriétaires : on pouvait donc devenir porteur de tels titres en tant que créancier mais sans avoir possédé d’esclaves. Fruit d’un travail de deux ans sur la base de plusieurs dizaines de milliers de documents d’archives, cette base se veut évolutive et collaborative : elle est amenée à être complétée au cours de futures recherches, ou par des utilisateurs qui souhaiteraient enrichir les données biographiques et généalogiques, en fournissant des sources.

Consulter la base de données

La loi d’indemnisation des colons du 30 avril 1849

Furcy, le procès de la liberté

Travaux de recherche, livre, exposition, pièces de théâtre, film… l’histoire de l’esclave Furcy, qui fut affranchi et qui revendiqua toute sa vie le statut d’homme né libre, inspire de plus en plus nos contemporains.

En 2019, en clôture de l’année de commémoration des 170 ans de l’abolition de l’esclavage, le Département de La Réunion a présenté au Musée de Villèle, Histoire de l’habitation et de l’esclavage, une exposition inédite qui a reçu le label d’exposition d’intérêt national « L’étrange histoire de Furcy Madeleine 1786-1856 ».

En 2021, sort un film de 52’, écrit et réalisé par Pierre Lane, Furcy, le procès de la Liberté. Il a été diffusé le 13 mai, sur le portail Outre-mer 1ère, dans le cadre de la Journée nationale des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et leurs abolitions et à l’occasion des 20 ans de la loi Taubira.

Un combat judiciaire de 27 ans

En 1817, à l’île Bourbon, l’esclave Furcy ose contester à son maître Lory sa qualité d’esclave et se prétend né libre, d’une femme d’origine indienne, Madeleine, qui aurait dû être affranchie des années plus tôt lors d’un voyage en France.

Pendant plus d’un quart de siècle, de 1817 à 1843, Furcy lutta pour faire reconnaître son ingénuité. Ce long combat le mènera d’abord en prison à Bourbon, à l’île Maurice en tant qu’esclave puis affranchi et jusqu’à Paris où ses prétentions seront enfin reconnues par la justice française.

Comment cela a-t-il été possible ? Quel genre d’homme était Furcy ?

Ce documentaire retrace l’itinéraire de cet homme hors du commun. Le récit se déploie à partir des documents d’archives (lettres, mémoires, procès-verbaux), des témoignages d’historiens et des dessins d’animation.
Comme un puzzle, à La Réunion, à l’Ile Maurice, à Paris, se reconstitue peu à peu la trajectoire d’une vie inimaginable : avec ses péripéties, ses coups de théâtre, ses mystères, ses ambiguïtés aussi.

C’est l’histoire d’un homme seul, au cœur de la tourmente esclavagiste qui a broyé des millions de personnes. C’est l’histoire d’un homme inébranlable dans sa conviction : il veut la justice.
C’est l’histoire d’un homme qui revendique son appartenance au genre humain, son émancipation, sa singularité d’être humain.
C’est l’histoire d’un esclave nommé Furcy, qui après tant d’épreuves traversées, trouva à travers son nouveau patronyme : Furcy Madeleine, la dignité qui lui avait été si longtemps refusée.


FURCY, LE PROCÈS DE LA LIBERTÉ
Ecrit et réalisé par Pierre Lane
Produit par Fabienne Servan Schreiber et Estelle Mauriac (Cinétévé)
En coproduction avec Gao Shan Pictures et France Télévisions
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Hommage à l’historien Hubert Gerbeau (1937-2021)

L’historien Hubert Gerbeau, pionnier des recherches sur l’esclavage à La Réunion, est décédé le 3 avril 2021. Le Département de La Réunion lui rend hommage.

 

 

« Hubert Gerbeau, historien, éminent spécialiste de l’histoire de l’esclavage à Bourbon, vient de disparaître. En mon nom personnel et au nom de l’ensemble des conseillers départementaux, je tiens à m’incliner devant sa mémoire et à dire à sa famille nos plus sincères regrets.

Au sein de l’Université de La Réunion, où il aura contribué à la formation intellectuelle de plusieurs générations d’étudiants, et même après l’avoir quittée, durant toute sa carrière d’enseignant et longtemps après l’avoir achevée, Hubert Gerbeau aura consacré un inlassable travail de recherche et d’écriture à la connaissance du fait esclavagiste dans notre Île.

Son œuvre pionnière, rigoureuse, scientifique – dont témoignent de nombreux ouvrages et que sa thèse sur l’Esclavage à Bourbon aux XIXe et XXe siècles a consacrée en 2005 – restera certainement une référence.

L’Assemblée départementale a connu avec Hubert Gerbeau des échanges riches et confiants. C’est ainsi qu’après avoir fait partie du comité d’organisation des 150 ans de l’abolition de l’esclavage en 1998, il avait accepté en 2018 d’être membre d’honneur du Comité scientifique du futur Musée de Villèle, musée de l’Habitation et de l’Esclavage.

Le portail numérique Histoire et mémoires de l’esclavage à La Réunion, auquel il a contribué, lui rend dès à présent hommage. »

Cyrille Melchior,
Président du Conseil départemental de La Réunion

 

 

Lire l’article d’Hubert Gerbeau publié sur le site :

La traite illégale des esclaves à Bourbon au XIXe siècle

 

Bibliographie :

Oeuvres scientifiques :

Martin Luther King / Hubert Gerbeau. – Paris : Éditions universitaires, 1968. – 166 p., 20 cm

Les esclaves noirs : pour une histoire du silence / Hubert Gerbeau. – Paris : A. Balland, impr. 1970. – 1 vol. (216 p.) ; 23 cm

Brèves réflexions sur le sort de la femme esclave à l’île de La Réunion au 19e siècle / Hubert Gerbeau. – Saint-Denis : [s.n.], 1973. – 1 vol. (19 p.) ; 30 cm

Des minorités mal connues : esclaves indiens et malais des Mascareignes au XIXème siècle / Hubert Gerbeau. – [Aix-en-Provence] : IHPOM, 1978. – 1 vol. (84 f.) ; 30 cm

La traite esclavagiste dans l’océan Indien : problèmes posés à l’historien, recherches à entreprendre / Hubert Gerbeau.
– [S.l.] : [s.n.], 1978. – P. 193-217 ; 30 cm

Presse et esclavage à l’île de La Réunion au temps de l’émancipation / Hubert Gerbeau ; [textes réunis par]Jean Antoine Gili et Ralph Schor . – Paris : publications de la Sorbonne, 1988. – P. 41-49 : couv. ill. en noir et en coul. ; 30 cm

Les esclaves noirs : pour une histoire du silence : 1848-1998, 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage, Île de la Réunion / Hubert Gerbeau. – [Saint-Denis] : Conseil général de la Réunion ; Saint-André : Océan éd., 1998. – 195 p. ; 22 cm. – (Collection 20 désanm)

De l’esclavage / Hubert Gerbeau, Issa Asgarally, Jean-François Reverzy. – Saint-Denis (La Réunion) : Grand Océan, 2005.
– 1 vol. (104 p.) ; 21 cm

L’esclavage et son ombre : l’île de Bourbon aux XIXe et XXe siècles / Hubert Gerbeau ; sous la direction de Gérard Chastagnaret. – Université de Provence 2005. – Thèse de doctorat d’État Histoire

Les esclaves noirs : pour une histoire du silence / Hubert Gerbeau. – Paris : les Indes savantes, impr. 2013, cop. 2013. – 1 vol. (203 p.) : couv. ill. ; 24 cm

 

Oeuvres littéraires :

Swèdjana (le fou d’Afrique). – Paris : Flammarion, 1980. – 157 p.

Nostalgies de couleurs : suite de textes / sur des dessins de Raphaël Ségura ; préface de Gilbert Aubry. – Saint-André (Réunion) : Océan Editions, 1990. – 108 p.

Visions et visages : suite de textes accompagnant l’exposition de 40 tableaux de Jean-Jacques Martin organisée dans les locaux du Port Autonome de Marseille (2001).

Le Voyageur : conte. –  In La Corne de Brume, n° 2, 2003, p. 70-84.

Noc. –  Paris :  Editions Le Bretteur, 2004. – 228 p.

LIA. D’un paradis l’autre. –  Paris, Les Indes savantes,  2006. –  352 p. – (Collection du cannibale)

La Négresse de paradis. –  Paris : Les Indes savantes, 2011. –  216 p. – .  (Collection du cannibale)

Foutu foot. – Saint-Denis : Édilivre, DL 2015. – 1 vol. (107 p.) ; 21 cm

 

Publications sur internet :
http://classiques.uqac.ca/contemporains/gerbeau_hubert/gerbeau_hubert.html

L’Océan Indien n’est pas l’Atlantique. La traite illégale à Bourbon au XIXe siècle.” Un article publié dans Outre-Mers, revue de la société française d’Histoire d’Outre-mer, n° 336-337, décembre 2002, Paris, p. 79-108 (coordination du dossier thématique “Traites et esclavages: vieux problèmes, nouvelles perspectives ?” par Olivier Pétré-Grenouilleau, p. 1-282).

Maladie et santé aux Mascareignes: une histoire aux prises avec l’idéologie”. Un article publié dans l’ouvrage sous la direction de Jean-Luc Bonniol, Gerry L’Étang, Jean Barnabé et Raphaël Confiant, Au visiteur lumineux. Des îles créoles aux sociétés plurielles. Mélanges offerts à Jean Benoist, pp. 557-574. Petit-Bourg, Guadeloupe: Ibis Rouge Éditions, GEREC-F/Presses universitaires créoles, 2000, 716 pp.

La famille Mabit dans les Hauts de la Réunion. Une contribution au mythe insulaire”. Un article publié dans De la tradition à la post-modernité. Hommage à Jean Poirier, pp. 257-265. Textes réunis par André Carénini et Jean-Pierre Jardel. Paris: Les Presses universitaires de France, 1996, 1re édition, 487 pp.

LES INDIENS DES MASCAREIGNES. Simples jalons pour l’histoire d’une réussite (XVIle-XXe siècle)”. Un article publié dans l’Annuaire des pays de l’Océan indien, XII, 1990-1991, pp. 15-45. Éditions du CNRS / Presses universitaires d’Aix-Marseilles, 1992.

La liberté des enfants de Dieu. Quelques aspects des relations des esclaves et de l’Église à la Réunion”. Un article publié dans Problèmes religieux et minorités en Océan indien. Table ronde IHPOM, CHEAM, CERSOI. Sénanque, mai 1980, pp. 45-95. Institut d’histoire des pays d’outre-mer, Université de Provence. Études et documents, no 14, 1981.

Des minorités mal connues: esclaves indiens et malais des Mascareignes au XIXe siècle”. Table ronde sur “Migrations, minorités et échanges en Océan Indien, XIXe-XXe siècle”, Sénanque, 1978, Études et Documents, Aix-en-Provence, IHPOM (Institut d’Histoire des Pays d’Outre-Mer), Université de Provence, n° 11, 1979, p. 160-242.

 

 

Gran 20 desanm numérik
au musée de Villèle

La crise sanitaire actuelle a mis en exergue le besoin de maintenir le lien entre les citoyens en proposant de plus en plus de contenus accessibles quelle que soit la localisation de la personne.
Aussi, le Département de La Réunion propose pour la célébration du GRAN 20 DESANM 2020 un programme utilisant l’outil numérique.

 

 

 

 

 

 

Kabar la parole
Un débat public pour recueillir les désiderata des Réunionnais pour le nouveau musée de Villèle.

 

 

 

Le Musée de Villèle se définit désormais comme le musée de l’habitation et de l’esclavage à La Réunion. Cette nouvelle orientation se traduit par un chantier de restructuration du site muséal et par une refonte de sa muséographie.

Le 20 décembre, sur le site même du musée, une opération baptisée « Kabar la parole » aura pour objectif de collecter auprès des visiteurs leurs souhaits concernant le futur musée, son organisation, ses contenus… Cette collecte prendra la forme d’enregistrements audiovisuels des témoignages.

Le public pourra également s’exprimer à partir du site éphémère dédié à cette opération du 20 décembre 2020 au 31 janvier 2021.  www.kabarlaparole.re

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Exposition « L’esclavage à Bourbon »

A l’occasion du Gran 20 desanm 2020, le musée de Villèle accueille l’exposition « L’esclavage à Bourbon » conçue et réalisée par Les Archives départementales de La Réunion.
Cette exposition, qui retraçe l’histoire de l’esclavage à La Réunion, s’adresse au public scolaire et à tout public en général.

Découvrir l’exposition

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Exposition « Kosa i lé le Kan ? »

Une exposition conçue par Prosper Eve, avec la collaboration d’Alexis Miranville et l’Association Kan Villèle, pour tout apprendre sur le « camp » – le lieu où logeaient les esclaves sur les habitations.

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Colloque « Esclavage. Nouvelles approches »
musée de Villèle – 28 novembre 2020

Dans le cadre de la semaine de l’Histoire de l’Indianocéanie, l’Association Historique Internationale de l’Océan Indien, en partenariat avec Le Département de La Réunion, a présenté le 28 novembre 2020 au Musée de Villèle, histoire de l’habitation et de l’esclavage un colloque international intitulé « Esclavage, nouvelles approches ».

Retrouvez en replay ces moments d’échanges durant lesquels les chercheurs localisés à l’île Maurice, Madagascar, Mozambique, Paris, Allemagne et La Réunion ont croisé leurs regards et leurs expériences sur deux grandes  thématiques :  « L’esclavage dans les pays de la traite » et « Abolition, réparation et patrimoine ».

Première partie du colloque
Deuxième partie du colloque

 

 

 

 

 

 

 

 

Loisirs. Nouvelles de Bourbon par Auguste Logeais

Les collections de la Bibliothèque départementale de La Réunion s’enrichissent cette année d’un recueil de nouvelles édité en 1845 par l’imprimerie de P.A. Genesley-Portier (Laval).

 

 

On ne dispose que peu de références sur ce livre imprimé à seulement 50 exemplaires. Idem sur son auteur. On sait qu’il contribua à un journal de Laval, L’Echo de la Mayenne, et qu’il résida probablement à Bourbon entre 1840 et 1850 : son nom figure dans les recensements des propriétaires d’esclaves de Saint-Benoit en 1847-48.
L’imprimeur, dont la préface prévient du caractère confidentiel de la publication, a enrichi les textes d’ornements typographiques exécutés avec le plus grand soin. Bien que l’auteur véhicule un certain nombre de préjugés en vogue à l’époque, cet ouvrage revêt un caractère précurseur additionnel puisque certains dialogues des récits sont écrits en créole.
Composé d’un frontispice représentant Bras-Canot, de 7 nouvelles traitant essentiellement du marronnage, ainsi que de 5 lettres de l’auteur racontant ses pérégrinations dans la société et la nature bourbonnaise, ce livre révèle un ensemble de créations littéraires et de témoignages historiques inédits publiés quelques années avant l’abolition de l’esclavage, et en partie parus dans la presse métropolitaine.

Consulter l’ouvrage

 

 

 

 

 

FET KAF, le live de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage

A l’occasion de la Fèt Kaf, journée fériée de l’anniversaire de l’abolition de l’esclavage à la Réunion, la Fondation pour la mémoire de l’esclavage nous donne rendez-vous ce dimanche à 14h heure de Paris (17h heure de La Réunion) pour un Live exceptionnel présenté par Sébastien Folin.

1h30 de voyage à travers l’histoire, la culture et la société de La Réunion pour comprendre l’empreinte qu’y ont laissée l’esclavage et le post-esclavage depuis 1848.

 

Avec Jacqueline Andoche, anthropologue ;Jean Barbier, conservateur du Musée de Villèle ; Jérémy Boutier, chercheur ; Gilles Gauvin, professeurd’histoire ; Mémona Hintermann-Afféjee, journaliste ; Maya Kamaty, artiste ; Carpanin Marimoutou, professeur de mittérature ; Michèle Marimoutou, historienne ; Ann O’aro, artiste ; Jean-François Rebeyrotte, chercheur ; Christine Salem, artiste.

Rendez-vous sur le compte Facebook de la FME

 

 

 

« Arcréologie préventive, hommage à Wilhiam Zitte »
Résidence « Patrimoine et Création » par Philippe GAUBERT, au musée de Villèle

Pour cette exposition rendant hommage à Wilhiam Zitte, l’artiste en résidence, Philippe Gaubert, investit deux lieux hautement symboliques du musée de Villèle : la Chapelle Pointue et l’ancien hôpital des esclaves.

Chapelle Pointue
Dans la Chapelle Pointue, le parti pris est d’offrir aux visiteurs une installation, qui mêle image et son, évoquant l’âme errante de Wilhiam Zitte. La voix de ce dernier se fait entendre et des photographies de l’artiste en résidence défilent sur un écran suspendu au-dessus de l’autel.
Les images prises par P. Gaubert, dont les premières remontent aux années 1990, mettent en scène W. Zitte tant dans la sphère privée que publique.
L’installation est complétée par un chemin de croix conçu par W. Zitte et réalisé par des brodeuses malgaches en 2007 : une création soutenue par la Direction Régionale des Affaires Culturelles de La Réunion et destinée à l’église de Grand îlet (Salazie). Cette œuvre remarquable est prêtée par le diocèse de Saint-Denis de La Réunion.

Ancien hôpital des esclaves
Dans ce bâtiment patrimonial est diffusé un documentaire inédit intitulé «Omaz à Wilhiam Zitte. Arkréolozi préventive» dans lequel témoignent les ami.e.s de l’artiste réunionnais. Les créations vidéo réalisées, dans le cadre du workshop «Hommage à Wilhiam Zitte», par les étudiantes de l’École Supérieure d’Art de La Réunion sont également projetées. Une sélection d’œuvres originales du plasticien ainsi que des reproductions issues de fonds publics et privés sont présentées.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Exposition « L’esclavage à Bourbon  » musée de Villèle
20 décembre 2020 – 28 mars 2021

A l’occasion du Gran 20 desanm 2020, le musée de Villèle accueille l’exposition « L’esclavage à Bourbon » conçue et réalisée par Les Archives départementales de La Réunion.
Cette exposition, qui retraçe l’histoire de l’esclavage à La Réunion, s’adresse au public scolaire et à tout public en général.

 

 

L’esclavage, pratiqué de tous temps et en tous lieux, s’insinue progressivement aux Mascareignes à partir de la fin du XVIIe siècle. Les lettres patentes de 1723 plus connues sous le nom de Code noir forment le cadre législatif en vigueur jusqu’en 1848. Les esclaves y sont définis comme des biens meubles.

Les sources de la traite ont changé selon les époques. L’Inde a été concernée ponctuellement, comme la côte occidentale de l’Afrique. Les deux sources essentielles ont été Madagascar et la côte orientale de l’Afrique. Des réseaux se constituent avec la participation des chefs locaux.

L’affranchissement est une libéralité du maître récompensant en général de bons services. Il est soumis à des conditions. L’affranchi doit pouvoir subvenir à ses besoins.

Une des réponses à l’oppression est la fuite ou marronnage (maronage). Une infra-société, « société du silence », voire un « royaume de l’intérieur », avec des « rois », « reines », se seraient formés dans les montagnes intérieures.

Les maîtres posent sur les esclaves des perceptions différentes en fonction de l’origine de ces derniers. Les esclaves « créoles » (nés dans l’île, parfois depuis plusieurs générations) sont en général les plus appréciés.

La première abolition de l’esclavage (1794) échoue aux Mascareignes, devant la résistance des possédants. La traite est théoriquement prohibée en 1817, et effectivement en 1830.

L’abolition est décrétée le 27 avril 1848 et prononcée officiellement le 20 décembre à La Réunion par le commissaire de la République Sarda Garriga. Plus de 62 000 individus accèdent à la citoyenneté. La question de leur insertion se pose.

Albert Jauze,
Docteur en histoire moderne, commissaire de l’exposition

 

Découvrir l’exposition numérique

Conférence « Du nouveau sur l’esclavage à l’île Bourbon ou Regard d’Auguste Logeais sur l’esclavage à l’île Bourbon au début des années 1840 »
Bibliothèque départementale de La Réunion – 4 février 2021

La Bibliothèque départementale de La Réunion (BdR) présente, le jeudi 4 février 2021 à 14 h, une conférence de Prosper Eve intitulée « Du nouveau sur l’esclavage à l’île Bourbon ou Regard d’Auguste Logeais sur l’esclavage à l’île Bourbon au début des années 1840 ».

 

 

« La connaissance historique avance par bonds successifs. Les documents écrits sont souvent présentés comme des documents officiels apportant la vision des autres sur l’esclavage, c’est-à-dire une vision tronquée. C’est mal connaître la déontologie de l’historien. La découverte d’un ouvrage écrit par un Français qui a résidé un court moment à l’île Bourbon de 1839 à janvier 1846 permet pourtant de renouveler le discours sur un pan de cette histoire si mal connue ».

Prosper Eve
Professeur des Universités
Membre du Comité Scientifique de la Fondation pour la Mémoire et l’Histoire de l’esclavage.

 

 

Acquis récemment par la BdR, ce document inédit apporte un précieux témoignage sur la société bourbonnaise durant les années qui précèdent l’abolition de l’esclavage.

On ne dispose que peu de références sur ce livre imprimé à seulement 50 exemplaires. Idem sur son auteur. On sait qu’il contribua à un journal de Laval, L’Echo de la Mayenne, et qu’il résida probablement à Bourbon entre 1840 et 1850 : son nom figure dans les recensements des propriétaires d’esclaves de Saint-Benoit en 1847-48.

L’imprimeur, dont la préface prévient du caractère confidentiel de la publication, a enrichi les textes d’ornements typographiques exécutés avec le plus grand soin. Bien que l’auteur véhicule un certain nombre de préjugés en vogue à l’époque, cet ouvrage revêt un caractère précurseur additionnel puisque certains dialogues des récits sont écrits en créole.

Composé d’un frontispice représentant Bras-Canot, de 7 nouvelles traitant essentiellement du marronnage, ainsi que de 5 lettres de l’auteur racontant ses pérégrinations dans la société et la nature bourbonnaise, ce livre révèle un ensemble de créations littéraires et de témoignages historiques inédits publiés quelques années avant l’abolition de l’esclavage, et en partie parus dans la presse métropolitaine.

 

Consulter l’ouvrage d’Auguste Logeais

Colloque « Esclavage. Nouvelles approches »
28 novembre 2020 – Musée de Villèle

Dans le cadre de la Semaine de l’Histoire de l’Indianocéanie, l’Association Historique Internationale de l’Océan Indien, en partenariat avec Le Département de La Réunion, présente le 28 novembre 2020 au Musée de Villèle, histoire de l’habitation et de l’esclavage un colloque international intitulé « Esclavage. Nouvelles approches ».

 

 

Comme à l’accoutumée, la dernière journée de la semaine de l’Histoire de l’Indianocéanie sera consacrée au thème de l’esclavage. C’est ainsi que l’Association Historique Internationale de l’Océan Indien, apporte sa pierre à la commémoration de l’abolition de l’esclavage par la France à La Réunion le 20 décembre 1848.

La règle imposée aux chercheurs est de renouveler la connaissance sur ce système d’exploitation inique de l’être humain par l’être humain.

Cette année des collègues du Mozambique traiteront de la question de la traite à partir de leur pays.

M. Jean-François Cany qui a soutenu brillamment en septembre à l’université de La Réunion sa thèse intitulée « Religions et servitudes. Theoria, éthique, salut : origines et structure dialectique des idéologies de la servitude autour d’une île de l’océan Indien » aura l’occasion de continuer sa réflexion sur ce thème qui lui est cher.

Prosper Eve,
Président de l’Association Historique Internationale de l’Océan Indien

 

 

En raison de la crise sanitaire actuelle, le colloque se déroulera sous la forme d’une visio-conférence et sera retransmis en direct sur le portail Esclavage du Musée de Villèle.

Découvrir le programme

 

 

Le Parlement européen reconnaît l’esclavage comme « crime contre l’humanité »

Ce vendredi 19 juin le Parlement européen a adopté à une large majorité une résolution symbolique dans laquelle elle reconnaît l’esclavage comme « crime contre l’humanité ».

Cette proposition, portée par l’eurodéputé réunionnais, Younous Omargee, a été intégrée à la résolution sur les manifestations contre le racisme après la mort de Georges Floyd.

« Nous devons voir que cet événement renvoie à des siècles de domination des Noirs aux Etats-Unis et d’inégalité des conditions en Europe. Gardons à l’esprit que notre histoire européenne a toujours oscillé, comme une pendule, entre la barbarie et la civilisation. Que c’est en Europe, malgré la raison, malgré les Lumières, que les pires théories de hiérarchisation des races sont nées pour justifier les conquêtes, pour justifier l’esclavage, pour justifier la colonisation et pour justifier l’Holocauste. » a déclaré Younous Omargee dans son discours devant le Parlement européen.

Voici le texte adopté :
« Le Parlement européen invite les institutions et les États membres de l’Union européenne à reconnaître officiellement les injustices du passé et les crimes contre l’humanité commis contre les personnes noires et les personnes de couleur ; déclare que la traite des esclaves est un crime contre l’humanité et demande que le 2 décembre soit désigné Journée européenne de commémoration de l’abolition de la traite des esclaves ; encourage les États membres à inscrire l’histoire des personnes noires et des personnes de couleur dans leurs programmes scolaires. »

En France, c’est le 21 mai 2001 que la traite et l’esclavage ont été reconnus comme crime contre l’humanité au travers de la loi Taubira, du nom de la députée guyanaise Christiane Taubira qui était à l’origine de la proposition de loi, avant d’en être la rapporteure à l’Assemblée nationale.

Le Parlement européen a également proclamé dans sa résolution, adoptée par 493 voix pour, 104 contre et 67 abstentions que « la vie des Noirs compte », reprenant à son compte le mot d’ordre « Black Lives Matter » du mouvement mondial parti des Etats-Unis contre le racisme et les violences policières.

Dans son texte, le Parlement « condamne vivement la mort effroyable de George Floyd aux Etats-Unis, ainsi que les meurtres similaires ailleurs dans le monde ». Il affiche son soutien aux récentes manifestations contre le racisme et la discrimination et condamne le « suprémacisme blanc sous toutes ses formes ».

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« L’étrange histoire de Furcy Madeleine : 1786-1856 »
exposition au Musée de Villèle
11 décembre 2019 – 30 avril 2020

L’exposition, organisée par le Musée historique de Villèle, en partenariat avec les Archives départementales de La Réunion, retrace la singulière histoire de l’esclave Furcy.

 

 

 

En 1817, à l’île Bourbon/La Réunion, l’esclave Furcy, âgé de trente et un ans, engage auprès du tribunal d’instance de Saint-Denis une procédure contre son maître Joseph Lory.

Il conteste son statut d’esclave et revendique son ingénuité, c’est-à-dire sa liberté de naissance.

Aidé de sa sœur Constance Jean-Baptiste, libre, de Louis Gilbert-Boucher, procureur général près de la Cour royale de Bourbon en 1817, et de Jacques Sully-Brunet, jeune avocat et conseiller-auditeur à la cour royale de Bourbon, il se lance dans un long combat contre la justice coloniale qui le mènera en prison à Bourbon, en exil à l’île Maurice en tant qu’esclave puis affranchi et enfin devant les tribunaux de France.

Ce procès, qui durera vingt-sept ans, trouvera son dénouement le 23 décembre 1843 devant la Cour royale de Paris : « Furcy est né en état de liberté et d’ingénuité ».

 

 

 

L’histoire de Furcy, état de la recherche

L’exposition est l’aboutissement des travaux de recherche menés par l’anthropologue et historien Gilles Gérard qui en a écrit le scénario.
Elle s’appuie également sur les travaux de Sue Peabody, historienne et universitaire américaine, auteure de Madeleine’s Children : Family, Freedom, Secrets, and Lies in France’s Indian Ocean Colonies et du chercheur Jérémy Boutier, auteur d’une thèse sur La question de l’assimilation politico-juridique de La Réunion à la métropole, 1815-1906 (Université d’Aix-Marseille) et de plusieurs articles sur Furcy.

 

 

 

 

Les enjeux de l’exposition

L’exposition a pour ambition, à partir des sources disponibles, de donner à connaître la vie de Furcy, dans sa dimension singulière, prodigieuse et complexe, quitte à rétablir des faits et à briser quelques a priori : il n’a pas été un militant abolitionniste, il possèdera lui aussi des esclaves et finira ses jours dans une relative opulence

Elle a aussi pour  objet de replacer l’étrange histoire de Furcy dans le contexte des sociétés coloniales de Bourbon et de Maurice et de mettre en lumière une représentation de Furcy, souvent déformée, dans la mémoire collective.

Le parcours de visite est rythmé par les différents événements de ce combat juridique de 27 années : abus de pouvoir, faux documents, pressions exercées sur Furcy et sur sa famille…

Des pièces d’archives pour chacune des quatre sections de l’exposition, sont mises en avant pour étayer le propos des historiens et des fiches de salle sont consultables pour approfondir des notions ou des faits.

Traité en parallèle, un second parcours intitulé Furcy aujourd’hui, un dispositif d’écrans diffuse des interviews des nombreux artistes qui se sont emparés ces dernières années de l’histoire de Furcy.

Les personnages créés par le dessinateur Sébastien Sailly sous forme de silhouettes, sont présents dans toutes les salles pour aider le visiteur à resituer tous les protagonistes du récit dont la trame se déroule entre l’Inde, Bourbon, Maurice et la France : Furcy dont aucune représentation n’est connue à ce jour, sa sœur Constance, Libre de couleur, sa mère Madeleine née à Chandernagor, Philippe Desbassayns de Richemont, fils d’Ombline Desbassayns, le procureur Boucher, Joseph Lory, maître de Furcy…

Des personnages, des lieux, des documents perdus et retrouvés, des documents maquillés : tous les éléments sont en place pour dévoiler au visiteur cette étrange histoire.

Furcy, des résonances contemporaines

A La Réunion, si l’histoire de Furcy nous est révélée par les travaux de l’historien Hubert Gerbeau en 1990, c’est cependant grâce à Sophie Bazin et Johary Ravaloson (alias Arius et Mary Batiskaf), et leur création Liberté Plastik en 1998 que Furcy est devenu un symbole de la lutte pour la liberté.

La publication du livre de Mohammed Aïssaoui, L’affaire de l’esclave Furcy, (Prix Renaudot 2010), est un autre élément à prendre en compte pour comprendre l’apparition dans les années 2000 du mouvement collectif Libèr nout’ Furcy, et l’émergence de diverses créations d’artistes d’ici et d’ailleurs : les pièces de théâtre d’Hassane Kouyaté, L’affaire de l’esclave Furcy, de Francky Lauret et Erick Isana, Fer6, l’ébauche d’un film d’animation de Laurent Médéa, la chanson L’or de Furcy du musicien Kaf Malbar, ou bien encore la sculpture de Marco Ah Kiem au Barachois à Saint-Denis.

 

Liberté Plastik
Arius et Mary Batiskaf

1998

De mai 1998 à mai 1999, Arius et Mary Batiskaf (de leurs véritables noms Sophie Bazin et Johary Ravaloson) a porté tout autour de l’île de La Réunion une reconstitution de procès, performance pour des acteurs de circonstance, mise en cage dans une installation itinérante pour dix lieux d’accueil. Une centaine d’acteurs ont fait revivre ce premier procès imaginé et écrit par Johary Ravaloson.
150 ans après l’abolition de l’esclavage, l’histoire de ce Furcy a mis en l’air un héros positif, et en évidence des rapports de force pas toujours clairs.

 

L’affaire de l’esclave Furcy
Mohammed Aïssaoui
2010

L’affaire de l’esclave Furcy est un essai historique de l’écrivain et journaliste français Mohammed Aïssaoui paru en 2010 chez Gallimard. L’ouvrage a reçu de nombreuses récompenses, parmi lesquelles le prix Renaudot de l’essai historique 2010 et le prix RFO du livre 2010.
C’est le récit romancé de Mohammed Aïssaoui qui a révélé au grand public l’histoire de l’esclave Furcy et de son combat pour la liberté.

 

L’affaire de l’esclave Furcy
Mise en scène d’Hassane Kassi Kouyaté
et Patrick Le Mauff. Avec Hassane Kassi Kouyaté.
2013

« Hassane K. Kouyaté conte l’affaire et les recherches menées par le journaliste Mohammed Aïssaoui. Comédien, il interprète tour à tour les personnages de cette étonnante affaire dans une mise en scène dépouillée et efficace ». (Jeune Afrique)

 

LorDeFurcy
Kaf Malbar
2014

Le chanteur Kaf Malbar originaire de la Cité Cow Boy du Chaudron (Saint-Denis, La Réunion) rend hommage au combat de Furcy dans une chanson. Sa popularité, notamment auprès des jeunes, a contribué à diffuser plus encore l’histoire de Furcy à La Réunion.

 

L’affaire de l’esclave Furcy
Tiktak Production
2015

La société réunionnaise Tiktak Production a acquis les droits d’adaptation du livre l’affaire Furcy de Mohammed Aïssaoui. Réalisé par le metteur en scène Serge Élissalde en images réelles à La Réunion, les images ont été peintes en utilisant différentes techniques développées pour l’occasion. Le visage de Furcy est inspiré des traits du comédien Camille Bessière.

 

Fer6
Texte de Francky Lauret,
interpété par Érick Isana
2016

Le romancier Francky Lauret fait dialoguer Furcy avec d’autres esclaves dans une cellule de la prison de Saint-Denis Juliette Dodu. Seul sur scène, Érick Isana endosse le rôle de chacun des personnages.

 

Sculpture de Furcy
Réalisée par Marco Ah-Kiem
2018

Le sculpteur de l’Ilet Quinquina (commune de Sainte-Clotile, La Réunion), auteur de nombreuses œuvres autour de l’esclavage, célèbre la mémoire de Furcy par un ensemble sculpté installé au Barachois de Saint-Denis (La Réunion).

 

Un fonds Furcy aux Archives départementales de La Réunion

La recherche historique sur Furcy a progressé notamment grâce à l’achat en salle des ventes par le Conseil départemental en 2005, du « fonds Furcy », qui correspond en fait aux papiers de Louis Gilbert Boucher, procureur général de la cour royale de Bourbon, principal soutien de Furcy.
En savoir plus

 

Découvrir l’exposition itinérante

Catalogue de l’exposition

 

L’étrange histoire de Furcy Madeleine : 1786-1856
Sous la direction scientifique de Jean Barbier et Jérémy Boutier
Textes de Gilles Gérard

Descriptif
Conçue comme un catalogue, mais se démarquant toutefois par son format de poche, cette publication reprend la version intégrale de l’exposition qui met en scène les grandes étapes de la vie tourmentée de Furcy. Elle s’appuie sur l’analyse de nombreux documents d’archives et les travaux scientifiques de Gilles Gérard, docteur en anthropologie et en histoire ainsi que les recherches de Sue Peabody, professeur de l’université de l’État de Washington (États-Unis) et de Jérémy Boutier, historien du droit.

Caractéristiques
Edition Musée historique de Villèle, 2020
Collection Patrimoniale Histoire
Nombre de pages 300
Dimensions 17,6 cm x 11 cm
Prix 12 euros        
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Les Indispensables

Cette base de données en ligne consacrée à l’histoire de l’esclavage à La Réunion est constituée de documents d’archives, d’images, d’objets… issus des collections des institutions culturelles du Département : Musée historique de Villèle (MHV), Archives départementales de La Réunion (ADR), Musée Léon Dierx (MLD) et Bibliothèque départementale de La Réunion (BdR).

 

Danse des Noirs sur la place du Gouvernement, le 20 Décembre 1848. Abolition de l’esclavage. Roussin, Louis Antoine. 2e moitié 19e siècle. Lithographie.
Coll. Musée historique de Villèle

Elle est en accès libre et illimité et s’adresse à tous types de public : écoles, médiathèques, communes, associations…

Vous trouverez :
• Plus de cinquante documents de référence issus des collections historiques du Département
• Cent images anciennes donnant à voir des scènes de vie, des portraits, des paysages de l’époque
• Une exposition des Archives départementales de La Réunion :
Les noms de la liberté
• Deux romans :
Les marrons, de Louis-Timagène Houat, 1844
Matzingoro ou l’esclave Djoloff , d’André Berthet, 1885

23 mai,
journée d’hommage national aux victimes de l’esclavage colonial

Le 23 mai 1998 une marche silencieuse de 40 000 personnes, composées majoritairement de Guadeloupéens, de Martiniquais, de Guyanais et de Réunionnais, s’est déroulée à Paris entre la place de la République et la place de la Nation lors du cent-cinquantenaire de l’abolition de l’esclavage du 27 avril 1848.

Contrairement au discours officiel prôné jusque-là par l’Etat français, à savoir la mise en avant des abolitionnistes métropolitains attachés à cette cause, les marcheurs du 23 mai célébrèrent d’abord la mémoire de leurs ancêtres « esclavisés » pendant plusieurs siècles dans les territoires ultramarins français. De ce mouvement historique, le Comité de la marche du 23 mai 98 (CM98) est fondé fin novembre 1999 en ayant pour ambition de faire reconnaître officiellement les traites négrières et les esclavages dans les colonies françaises comme crime contre l’humanité. Le principe est consacré par la loi du 21 mai 2001. La commémoration annuelle du 23 mai, journée nationale en hommage aux victimes de l’esclavage, est quant à elle introduite officiellement par la circulaire du 29 avril 2008. Elle a été confirmée, comme la commémoration du 10 mai, par la loi du 27 février 2017.

Moins médiatisée que la journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions du 10 mai, la commémoration du 23 mai fait néanmoins depuis 20 ans l’objet de manifestation un peu partout en France Hexagonale ou en Outre-mer. Les manifestations, impulsées et organisées par des associations mémorielles en partenariat avec les collectivités locales, associent généralement un moment de recueillement autour d’une stèle édifiée à cet effet et un temps d’expressions culturelles. A titre d’exemple, le 23 mai 2015 près de 30000 personnes se sont retrouvés place de la République à Paris autour des tableaux généalogiques réalisés par les militants du CM98 et un grand concert de gwoka, de bélé et de maloya.

Afin de marquer les 20 ans de la marche, la commémoration nationale du 23 mai 2018, organisée par le Comité National pour l’Histoire et la Mémoire de l’Esclavage (CNMHE), s’est déroulée au ministère des Outre-mer en présence de Mme Annick Girardin, ministre des Outre-Mer et de M. Jean Marc Ayrault, ancien Premier ministre et président du GIP de la Mission de la mémoire de l’esclavage et des traites et de leurs abolitions. Animé par M. Frédéric Régent, président du CNMHE, la cérémonie a débuté par la plantation d’un « arbre de la liberté » dans la cour du ministère des Outre-mer en présence des personnes invitées pour l’occasion, puis par la remise du prix de thèse et par une table ronde sur le thème Les descendants d’esclaves sont-ils encore victimes de l’esclavage ?

Pour cette année 2020, mesures de déconfinnement de rigueur, la commémoration nationale du 23 mai sera consacrée par un dépôt de gerbe et un moment de recueillement devant la stèle dédiée aux victimes de l’esclavage colonial réalisée par le sculpteur Nicolas Cesbron, place Victor Hugo de la commune de Saint-Denis (93) en présence entre autre de Mme Annick Girardin, ministre des Outre-mer, M. Laurent Russier, maire de Saint-Denis, M. Serge Romana, président de la Fondation Esclavage et Réconciliation, M. Emmanuel Gordien, président du CM98.

Bruno Maillard / Docteur en Histoire
Chercheur associé au Laboratoire CRESOI de l’Université de La Réunion
Chargé d’enseignement vacataire à l’Université de Paris Est Créteil
Membre du conseil scientifique de la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage

Hommage à l’historien Claude Wanquet (1937-2020)

Le Département de La Réunion salue la mémoire de l’éminent historien Claude Wanquet qui vient de disparaître.

 

 

Spécialiste reconnu de la période révolutionnaire et impériale, il a commencé sa carrière d’auteur en publiant sa thèse « Histoire d’une révolution : La Réunion (1789-1803) ». Il a été par la suite l’auteur de plusieurs dizaines d’ouvrages et d’articles scientifiques consacrés à son sujet de prédilection.

Professeur émérite d’histoire à l’Université de La Réunion, ancien président de l’Association historique internationale de l’océan Indien (1998-2008), membre de l’Académie de La Réunion depuis 1969, Claude Wanquet a régulièrement collaboré avec le Conseil départemental, pour vulgariser des recherches scientifiques et proposer des publications destinées au grand public.

En 2017, Claude Wanquet a accepté d’être membre d’honneur du comité scientifique pour la préfiguration du nouveau Musée de Villèle.
La Bibliothèque départementale de La Réunion et le portail numérique du musée sur l’esclavage à La Réunion rendent dès ce jour hommage à l’historien.

Le Département présente à la famille et aux amis de Claude Wanquet ses sincères condoléances

 

Lire les articles de Claude Wanquet publiés sur le site :

Portrait d’Henri-Paulin Panon Desbassayns / Claude Wanquet. In Société de plantation, histoire & mémoire de l’esclavage à La Réunion
https://www.portail-esclavage-reunion.fr/documentaires/l-habitation-desbassayns/la-famille-desbassayns/portrait-dhenri-paulin-panon-desbassayns/

La première abolition de l’esclavage à La Réunion et sa non application par la France à La Réunion / Claude Wanquet. In Société de plantation, histoire & mémoire de l’esclavage à La Réunion
https://www.portail-esclavage-reunion.fr/documentaires/abolition-de-l-esclavage/l-abolition-de-l-esclavage-a-la-reunion/la-premiere-abolition-de-lesclavage-par-la-france-et-sa-non-application-a-la-reunion/

 

Bibliographie

Histoire d’une révolution : La Réunion 1789-1803 / Claude Wanquet. – Marseille : J. Laffitte, 1980. – 3 vol. (779 p., 514 p., 622 p.) ; 22 cm.

Des marines au port de la pointe des galets : 1886-1986, centenaire / [Comité du centenaire de la ville du Port] ; [réd. par] Angèle Squarzoni, Claude Wanquet, Élie Fontaine, Edmond Maestri… [et al.] ; préface de Claude Wanquet . – La Réunion : Comité du centenaire de la ville du Port, 1987. – (195 p.): ill.; 21 cm . – (1886-1986 Centenaire).

Fragments pour une histoire des économies et sociétés de plantation à La Réunion / sous la direction de Claude Wanquet. – Saint-Denis : Publications de l’Université de la Réunion, Centre de documentation et de Recherche en Histoire Régionale de l’Université de la Réunion, 1989. – 351 p. : couv. ill. en coul. ; 21 cm.

La Révolution à la Réunion : 1789-1803 : [exposition, Hôtel de ville de Saint-Denis, 1990] / [organisée par le] Musée de Villèle… ; [catalogue de] Claude Wanquet,… ; [préf. de Jean Barbier]. – Saint-Gilles-les-Hauts : Musée historique de Villèle, 1990. – 1 vol. (24 p.) : ill. en noir et en coul. ; 21 cm.

Les Premiers députés de La Réunion à l’Assemblée nationale : quatre insulaires en Révolution (1790-1798) / Claude Wanquet. – Paris : Karthala, 1992. – 1 vol. (237 p.) ; 22 cm.

La France et la première abolition de l’esclavage : 1794-1802 : le cas des colonies orientales Ile de France (Maurice) et La Réunion / Claude Wanquet. – Paris : Karthala, 1998. – 1 vol. (724 p.) : ill. ; 25 cm. – (Hommes et sociétés).

Henri Paulin Panon Desbassayns : autopsie d’un »gros Blanc » réunionnais de la fin du XVIIIe siècle / Claude Wanquet . – Saint-Gilles-les-Hauts : Musée historique de Villèle, 2011. – 1 vol. (335 p.-[32] p. de pl.) : ill. en noir et en coul. ; 25 cm. – (Collection patrimoniale Histoire).

Confinez-vous,
cultivez-vous !

Le Département de La Réunion vous invite à vivre le confinement autrement et enrichit son offre culturelle en ligne.

« Confinez-vous, cultivez-vous » invite à l’évasion, à l’apprentissage et à la découverte, dans le domaine des arts, de l’histoire, du patrimoine, des sciences naturelles, de l’architecture, de la poésie, des contes…

Cliquez et apprécier !

Visitez l’exposition virtuelle du prix Célimène 2020
A l’occasion de la Journée de la Femme, le Conseil Départemental de La Réunion attribue le « Prix Célimène » dans le cadre d’un concours de créativité, destiné aux femmes artistes amateurs, dans les disciplines de la peinture, de la sculpture et de la photographie relevant du domaine des arts visuels.
Découvrez les 145 œuvres reçues cette année !

 

« Mémoires du sol » de Laurent Pantaléon 
Retour en images sur le chantier archéologique du lazaret n° 2 de La Grande Chaloupe.

 

Testez vos connaissances sur l’esclavage : Jouez avec Kikoné !
Application disponible pour smartphones et tablettes sur les plateformes de téléchargement : Google play et App Store

 

Balades dans l’œuvre lithographique d’Antoine Louis Roussin (1819-1894)
Le musée Léon Dierx vous propose de parcourir La Réunion et de découvrir l’histoire de ses sites à travers une sélection de lithographies réalisées par Antoine Louis Roussin et d’autres artistes, entre la fin des années 1840 et le début des années 1880. Roussin a été le grand imagier de La Réunion durant une quarantaine d’années, contribuant à constituer un corpus d’images essentiel à la connaissance de l’île au XIXe siècle.

 

Envie de lire un conte ? Ouvrez virtuellement le livre de Patrice Treuthardt Wati Watia, édité par Les chemins de la liberté en 1979
Il s’agit d’un des premiers contes réunionnais, non pas pour les enfants, mais pour les adultes. S’inspirant à la fois des traditions et de l’actualité, les textes renversent les adages préconçus et mettent en lumière les particularités linguistiques et sociétales du créole réunionnais.

 

Une envie d’images anciennes ?
Répondez à l’appel du large, avec l’Iconothèque historique de l’océan Indien, un voyage en images, à travers le temps…
Bonne navigation ! www.ihoi.org

 

Musée de Villèle, histoire de l’habitation et de l’esclavage
Découvez le site du musée de Villèle, son histoire, ses collections et les thématiques dans lesquelles elles s’inscrivent, son offre culturelle et pédagogique… www.musee-villele.re

 

Prenez le temps de mieux connaître le Lazaret de La Grande Chaloupe,
une histoire de la quarantaine et de l’engagisme
Réalisation : Réseau Canopé en partenariat avec le Département (2011)

 

Espace Naturel Sensible, le site de la Pointe au Sel
Un lieu d’exception, où se mêlent pratiques patrimoniales et qualité écologique du milieu naturel.
Partez notamment à la rencontre de Ti jean Cazanove, saunier emblématique du site, qui  dévoile le secret de fabrication du sel de Saint-Leu.

 

Un monde flottant (exposition, 2017-2018)
Retour sur la belle collaboration entre la Johannesburg art galley, musée sud-africain et le musée Léon Dierx.
Et sur la plus originale de leurs expositions croisées, Un monde flottant (2017-2018) ou comment le Japon a influencé l’art européen durant la seconde moitié du XIXe siècle.

 

Di a moin toujours
Création originale d’Alexandre Bisson, ce petit conte illustré est mis à la disposition des enfants et des parents de La Réunion.

 

Les Elfes de Leconte de Lisle
Issu du recueil des Poèmes barbares (1862), ce conte d’origine germanique s’inspire des traditions scandinaves anciennes. Poème épique au rythme très musical, il fait partie de l’oeuvre dite « romantique » de Leconte de Lisle.

170e anniversaire
de l’abolition de l’esclavage
décembre 2018 – décembre 2019
une année commémorative

L’année dernière, à la même date, le Conseil départemental annonçait le lancement d’une année entière de commémoration des 170 ans de l’abolition de l’esclavage.

D’emblée, nous avions précisé que la programmation de cette commémoration privilégierait des temps forts durables et fédérateurs et qu’elle serait construite pour : Conférences, colloque, concerts, résidences artistiques, sites internet, trophées…ont ainsi donné dès le mois de décembre 2018 sa tonalité et aussi sa singularité à l’année commémorative : un peu partout dans l’île, jusqu’au Gran 20 Désanm sur le site du musée de Villèle, mis en scène et en lumière, qui a accueilli ce soir là – en présence d’invités du Mozambique, de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, de l’Unesco – plusieurs milliers de visiteurs !

C’est à cette occasion que nous avons lancé le grand chantier du musée de Villèle : après une ambitieuse campagne de travaux, le musée de Saint-Gilles-les-Hauts va élargir son propos et racontera désormais l’histoire de l’habitation et de l’esclavage.

Tout au long de l’année 2019, nous avons continué à faire œuvre d’histoire et de mémoire, avec le souci permanent d’une commémoration digne et d’une commémoration partagée. Nous avons donc travaillé de concert avec des chercheurs, des artistes, des associations, des clubs, des collectivités. Nous avons fortifié les liens avec les acteurs de proximité et nous avons tissé des partenariats au niveau local et national.

La plupart des actions réalisées au titre de ce 170ème anniversaire d’une date historique majeure dans l’histoire de la France et de La Réunion resteront. Toutes ont vocation à nourrir et à inspirer le futur musée de Villèle, dont nous souhaitons vraiment qu’il réponde à la demande d’histoire des Réunionnais et des visiteurs qui viennent à la rencontre de notre île.

En attendant, c’est un 2ème Gran 20 Désanm qui clôturera l’année commémorative.

Avec une exposition inédite consacrée à l’esclave FURCY, la présentation de la 2ème édition de l’ouvrage Regards croisés sur l’esclavage, la diffusion de films sur grand écran, de visites sonorisées, un « petit musée numérique », un kan reconstitué, plusieurs far far…Et une programmation artistique qui rassemblera plus d’une centaine d’artistes (musiciens, danseurs, conteurs, plasticiens…).

Nous souhaitons vraiment que vous soyez nombreux à ce rendez-vous avec notre histoire.

Bon et Gran 20 Désanm zot tout’ !

Cyrille Melchior,
Président du Conseil départemental de La Réunion

Un nouveau nom pour
Le Pas de Bellecombe

Le nom du col de montagne, point de vue exceptionnel qui surplombe le Nord-Ouest de l’enclos Fouqué, dernière caldeira du Piton de La Fournaise, a été enrichi du patronyme de l’esclave qui a découvert l’accès à l’enclos.
Le lieu se nomme désormais « Le Pas de Bellecombe – Jacob ».

Site de vers les hauts de la Rivière de l’Est. Bory de Saint-Vincent, Jean-Baptiste. Dessinateur. 1804. Eau forte.
Coll. Musée historique de Villèle

Au cours de l’expédition au volcan de 1768, le gouverneur Léonard de Bellecombe, accompagné de l’ordonnateur Honoré de Crémont et d’esclaves porteurs se retrouvent au bord de l’enclos. Ne trouvant pas de chemin pour y accéder, le gouverneur revient sur ses pas. M. Crémont, plus déterminé, continue et promet six pièces de toile bleue aux noirs qui trouveront le pas dans le Rempart. Après bien des recherches, l’esclave Jacob trouve un passage et descend la falaise avec M. de Crémont.
Bien que le gouverneur ne soit jamais descendu dans l’enclos, on donna son nom au site, Le Pas de Bellecombe.

Ce mercredi 28 août 2019, le maire de Sainte-Rose, Michel Vergoz, a dévoilé la plaque située sur le parking avec le nouveau nom du site Le Pas de Bellecombe-Jacob, rendant ainsi hommage à l’esclave qui ouvrit l’accès à l’enclos.

« Le Jour de l’Abolition »
exposition au Musée Léon Dierx
27 avril-15 septembre 2019

Exposition autour du tableau d’Alphonse Garreau, Allégorie de l’abolition de l’esclavage à La Réunion
Avec une installation de Matilde Fossy « Dissiper la Brume »

Une confrontation historique

Le 20 décembre 1848, plus de 60 000 esclaves deviennent libres à l’issue du discours du Commissaire de La République Joseph Napoléon Sarda-Garriga sur la Place du Gouvernement à Saint-Denis. L’artiste Alphonse Garreau, installé dans l’île à cette époque, réalise un an plus tard un tableau rappelant cet évènement, connu aujourd’hui sous le nom d’Allégorie de l’abolition de l’esclavage à La Réunion.

La vision de cet artiste est celle du pouvoir, celle de l’ordre et du travail. Le sujet principal est Sarda-Garriga. Le message du tableau est clair : la liberté est soumise à l’obligation de travailler. Dans cette œuvre dans laquelle la parole n’est pas laissée à la foule des anciens esclaves totalement anonyme.

Revoir « L’Allégorie… » en rendant présents ces esclaves c’est élargir le sens donné à ce tableau chargé d’histoire. Ainsi le projet du musée Léon Dierx est de mêler histoire et art contemporain.

Dissiper la brûme, l’installation de l’artiste Mathilde Fossy créée pour cette exposition offre la possibilité d’un cheminement dans les méandres de l’histoire. Les noms donnés aux esclaves en 1848, au cœur de la proposition artistique, font écho au tableau de Garreau et entrent en résonance avec les patronymes du temps présent, comme une nouvelle allégorie prenant en compte de la temporalité des 170 ans qui viennent de s’écouler.

Une exposition en trois parties

La première rassemble des lithographies et gravures issues des collections des institutions culturelles du Département en lien avec la dénonciation du commerce des esclaves et du système servile dans les colonies. Des gravures de la fin du XVIIIe siècle tirées des ouvrages des intellectuels du siècle des Lumières aux gravures en lien avec la première abolition de 1794, des nombreuses estampes critiquant la traite durant la première moitié du XIXe siècle aux tableaux emblématiques commémorant la fin de l’esclavage en Angleterre et en France, le visiteur suit à travers une sélection d’œuvres originales et de reproductions l’évolution historique du discours et sa transcription par les artistes.

Une seconde section s’attache aux événements qui se déroulent à La Réunion en 1847-1848 à travers le témoignage artistique de deux artistes présents dans l’île à cette époque : Antoine Louis Roussin (1819-1894) et Adolphe Potémont (1828-1883). A travers leurs lithographies, le plus souvent satyriques, ils attestent de la fin de l’esclavage, de l’abolition et des réactions de la population face à cet évènement historique durant ces quelques mois qui bouleversent l’histoire de La Réunion. C’est dans cette partie que se trouve le tableau d’Alphonse Garreau, Allégorie de l’abolition de l’esclavage à La Réunion, conservé au Musée du Quai Branly Jacques Chirac, qui revient à La Réunion 170 ans après sa création.

Dans une troisième partie, l’œuvre de Mathilde Fossy, Dissiper la brume, permet d’aller au-delà du tableau. L’installation invite les visiteurs à déambuler dans un espace rythmés de feuilles de plexiglas. Sur ces panneaux sont inscrits les noms des affranchis de 1848 qui forment une foule symbolique. Le cheminement entre les noms représente aussi un mouvement allant du passé au présent dans lequel s’inscrit chacun d’entre nous. Le choix de cette matière transparente, reflète enfin le souhait de mettre à nu, de mettre à jour la vérité de cet évènement, de clarifier la situation.